VI. ARGUMENT DE LA CINQUIÈME SATIRE. LA première partie de cet ouvrage, qui sert d'introduction à la seconde, est un dialogue entre Perse et Cornutus : le maître donne à son élève sur son art des conseils pleins de goût; l'élève paie à son maître le tribut de sa reconnaissance pour les soins qu'il a reçus de lui. Il avoue que c'est à l'école de Cornutus qu'il a puisé les leçons de la sagesse, et que c'est dans son intimité qu'il trouve le bonheur; il invite tous les Romains à venir apprendre à la même école la science de la vie. La deuxième partie de l'ouvrage est l'exposé de la thèse des stoïciens sur la Liberté. Il faut être libre; mais qu'est-ce que la liberté ? Le vulgaire n'y voit que le titre et les droits de citoyen, les droits politiques : il oublie la liberté morale, qui, seule, est la liberté véritable. Être maître de ses passions, c'est là être libre; l'empire de la raison, c'est là l'empire de la liberté; et cet empire de la raison, le stoïcisme veut qu'il s'étende aux moindres actes de la vie physique et morale : tout ignorant est insensé, esclave; et quiconque est soumis à une passion, est soumis à une servitude aussi dure que l'esclave tremblant sous le maître le plus impérieux. Pour le prouver, il passe en revue les principales passions qui nous tyrannisent: 1o L'Avarice, qui nous commande de nous enrichir à force de travaux et à travers mille dangers; 2o la Mollesse, qui nous retient dans les plaisirs, 3o l'Amour, qui nous asservit aux caprices d'une maîtresse, et nous ramène malgré nous à ses pieds; 4° l'Ambition, qui nous rend les courtisans de la multitude et nous fait rechercher une vaine réputation; 5o la Superstition, qui nous remplit de sottes terreurs et nous prescrit des pratiques ridicules. Le poète s'arrête, en songeant que c'est peine inutile de prêcher la vraie liberté à ce peuple de stupides soldats qui méprisent la philosophie. SATIRA QUINTA, VATIBUS hic mos est, centum sibi poscere voces, Centum ora, et linguas optare in carmina centum; Si quibus aut Procnes, aut si quibus olla Thyesta Tu neque anhelanti, coquitur dum massa camino, Cum capite et pedibus, plebeiaque prandia noris. NON equidem hoc studeo, bullatis ut mihi nugis Pagina turgescat, dare pondus idonea fumo. ww |