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gaires, tenter l'aventure avec une patricienne. Je n'ai pas voulu braver aussi effrontément que le latin l'honnêteté dans les mots.

55. Le gros ventre et l'embonpoint d'un sacrificateur. Comme les sacrificateurs avaient à leur disposition une bonne partie de la chair des victimes, comme ils étaient du dîner de ceux qui offraient le sacrifice, ils se nourrissaient bien, et l'on disait à Rome gras comme un sacrificateur, ainsi que nous disions et que nous disons encore, gras comme un moine, quoique le bon temps des moines soit passé.

56. Vends ton âme à l'intérêt. Cette brusque sortie contre les avares et ceux qui se dévouent à la passion d'amasser est une réponse à tous ceux qui ne veulent pas qu'on jouisse de la vie, qu'on se permette quelques douceurs, qu'on vive comme d'honnêtes gens. L'harmonie des vers latins est admirable par l'âpreté et la rigueur des sons, qui expriment la pensée de l'auteur mieux encore que le sens des mots.

57. Brocante, remue ciel et terre. Il faut rendre le mercare et le solers, qui ont ici beaucoup de sens, à peu près le même sens que, dans la satire précédente, le verte aliquid, jura, du v. 137.

58. Tu auras le pas sur tous les marchands de chair humaine, et nul n'exposera dans ses boites des corps de Cappadociens aussi frais. Les Romains faisaient le commerce d'esclaves, comme la plupart des peuples de l'antiquité. Les marchands d'esclaves à Rome tenaient à honneur de bien faire leur trafic, c'est-à-dire à fournir aux acheteurs de belle et bonne marchandise, des corps gros et gras. Ils engraissaient donc des esclaves dans des espèces de boîtes où ils les exposaient en vente sur la place publique : les négriers n'ont pas mieux fait depuis. La catasta, la barraque, s'appelait aussi machina : « Amicam, quam palam domi haberet, de machinis emit. » CICERON, de Petitione consulatus.

59. C'est le monceau de Chrysippe qui ne finit jamais. C'est une allusion à un des sorites les plus célèbres de Chrysippe, appelé le tas de blé : « Combien faut-il de grains pour faire un tas de blé? Dix, vingt, trente, cent, deux cents, mille?..... où s'arrêter? » Perse compare le thésauriseur à ce faiseur de tas de blé ; il prend ainsi souvent ses images dans les us et pratiques de son école. Celle-ci a de la justesse et de l'énergie; mais elle fait allu

sion à quelque chose qui n'est connu que des érudits. Cette manière revient souvent dans le style de Perse, et c'est une des causes de son obscurité; mais cette manière, comme nous l'avons fait remarquer, devait être celle du poète du stoïcisme. Voyez le Discours d'introduction, 2o partie, art. 3 et 4.

On peut lire, ponctuer et entendre d'une autre manière ces deux derniers vers :

Depunge ubi sistam,

Inventus, Chrysippe, tui finitor acervi,

c'est-à-dire «< dites-moi, Chrysippe, où m'arrêter, et où finit votre monceau?>

FRAGMENT

DE TURNUS.

ARGUMENT

DU FRAGMENT DE TURNUS.

CETTE tirade est dirigée contre les auteurs qui faisaient l'apologie ou l'éloge des crimes de Néron. L'indignation qui l'a dictée est d'un esprit généreux; et il y a de la poésie dans cette noble douleur de voir les Muses, les filles de Jupiter, prostituer leur personne sacrée, et aider l'enfer à prévaloir contre les cieux.

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