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Scipio, qui rhodio crevit formante magistro,
Cætera et illa manus bello facunda secundo,
Quos inter prisci sententia dia Catonis
Scire adeo magni fecisset, utrumne secundis,
An magis adversis staret romana propago?
Scilicet adversis : nam, quum defendier armis
Suadet amor patriæ, et captiva penatibus uxor,
Convenit, ut vespis, quarum domus arce Monetæ,
Turba rigens strictis per lutea corpora telis.
Ast ubi apis secura redit, oblita favorum
Plebs, materque una somno moriuntur obeso.
Romulidarum igitur longa et gravis exitium рах.
Hoc fabella modo pausam facit. Optuma posthac
Musa, velim moneas, sine qua mihi nulla voluptas
Vivere, uti quondam Lydus, dum Smyrna peribat,
Nunc itidem migrare velint; vel denique quidvis
Ut dea, quære aliud : tantum romana Caleno
Moenia, jucundos pariterque adverte Sabinos.
HÆC ego; tum paucis dea me dignatur, et infit:
Pone metus æquos cultrix mea; summa tyranno
Hæc instant odia, et nostro periturus honore est.
Nam laureta Numæ, fontesque habitamus eosdem,
Et, comite Egeria, ridemus inania cœpta.

Vive, vale; manet hunc pulchrum sua fama dolorem :
Musarum spondet chorus, et romanus Apollo.

sophe de Rhodes, héros vainqueur de Numance et de Carthage 27; vous avez donc failli, vous tous guerriersorateurs 28, qui conquîtes l'Afrique! Caton, le vieux Caton, l'un de vous, se demandait alors, si les enfans de Rome ne s'affermissaient pas davantage dans les revers que dans les succès 29? La question n'est plus douteuse quand l'amour de la patrie, quand une épouse captive au sein de ses foyers les anime à combattre, tous sont unis 30, tous se pressent l'un contre l'autre, comme les essaims jaunissans qui se hérissent de leurs dards contre les guêpes descendues des hauteurs de Moneta 31. Mais le péril passé, l'abeille victorieuse néglige ses rayons rois, peuples, tout s'endort dans un sommeil léthargique 32. Ainsi les Romains se perdent dans les douceurs d'une trop longue paix 33.

Voici comment finit l'entretien 34: Aimable déesse, toi qui fais pour moi tout le charme de l'existence, daigne inspirer désormais les sages, comme autrefois quand Smyrne périssait sous les coups des Barbares; donne-leur l'avis d'émigrer aujourd'hui comme alors 35, ou suggère-leur quelqu'autre de tes divins conseils 36! Daigne du moins, en faveur de Calenus, abaisser tes regards sur les murs de Rome et sur notre cher Tibur 37 !

A ces mots Calliope a bien voulu répondre : « Bannis pour mon culte de justes alarmes; le tyran a comblé la mesure, et sa mort va nous venger de ses outrages 38. Non, nous n'avons point quitté les bosquets de Numa et nos sources sacrées; nous nous rions auprès d'Égérie d'une tentative insensée 39. Adieu, calme-toi; ta noble douleur vivra dans l'avenir 40; c'est le chœur des Muses, c'est l'Apollon romain qui te le promet par

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NOTES

DE LA SATIRE DE SULPICIA.

II,

18;

ON croit que Sulpicia était de l'illustre famille des Sulpicius, qui a brillé sous la république et sous l'empire. Cicéron cite trois Sulpicius, qui tous les trois se sont distingués dans la carrière de l'éloquence (Voyez Cicér., in Brut., 20 et 55; de Aruspic. resp., 16). Publius Sulpicius, le plus célèbre d'entre eux, fut tribun du peuple et l'un des plus zélés partisans de Marius: c'est un des grands orateurs que Rome ait eus (Voyez VELLEIUS PATerculus, FLORUS, III, 21; QUINTIL., Inst. orat., vi, 3, et x11, 10). — A une époque moins éloignée, et après la Sulpicia dont il est ici question, on trouve un Sulpicius Apollinaris, précepteur de l'empereur Pertinax, dont Aulu-Gelle vante le goût et les vastes connaissances (11, 16; IV, 17); et, à une époque encore plus rapprochée, on voit un Sulpicius Severus, contemporain de saint Jérôme, qui se distingue dans la littérature sacrée comme poète et comme historien. On présume que ces deux personnages appartenaient, ainsi que Sulpicia, à une famille qui a toujours été considérable dans Rome par ses dignités, sa fortune et son amour pour les lettres.

Si nous devons ajouter foi aux éloges du satirique Martial, Sulpicia aurait été le modèle de son temps par ses vertus conjugales, comme par ses talens littéraires. Voici ce qu'il en dit, x, 35 et 38:

Omnes Sulpiciam legant puellæ,
Uni quæ cupiunt viro placere;
Omnes Sulpiciam legant mariti,
Uni qui cupiunt placere nuptæ.
Non hæc Colchidos asserit furorem,

Diri prandia nec refert Thyestæ,

Scyllam, Byblida nec fuisse credit :

Sed castos docet, et pios amores,

Lusus, delicias, facetiasque.
Cujus carmina qui bene æstimarit,
Nullam dixerit esse sanctiorem.
Tales Egeriæ jocos fuisse

Udo crediderim Numæ sub antro.
Hac condiscipula, vel hac magistra
Esses doctior et pudica, Sappho.
Sed tecum pariter simulque visam
Durus Sulpiciam Phaon amaret.

Frustra namque ea nec Tonantis uxor,
Nec Bacchi, nec Apollinis puella

Erepto sibi viveret Caleno.

Tandis que les querelles du ménage et les tracasseries de la vie domestique égaient trop souvent le public et défraient la satire ou la comédie; c'était, à ce qu'il paraît, le charme d'une union heureusement assortie, c'était la douceur d'une vie qu'embellissaient l'étude et l'amour, qui inspiraient à Sulpicia ses poésies, et qui lui conciliaient les lecteurs. Voilà le phénomène qui ravit d'admiration le faiseur d'épigrammes Martial, et que célébrait le grave Sidoine Apollinaire plus de trois cents ans après que Sulpicia et son époux avaient cessé d'exister :

Non quod Sulpiciæ jocos Thalia

Scripsit blandiloquos suo Caleno.

L'heureux couple goûtait ces plaisirs que donnent aux âmes honnêtes la sagesse et l'amitié : il s'égayait aux dépens des méchans et des sots, et mettait à profit pour sa gloire littéraire les travers de la société.

Ce bonheur, qui dura, dit-on, quinze années, fut troublé par l'édit de Domitien, qui exilait de Rome tout ce qui cultivait les lettres et la philosophie. « Il ne voulait plus, dit Tacite, que quelque chose d'honnête vînt blesser les regards. » Calenus, pour sauver sa tête, fut obligé de renoncer à ses travaux et à ses livres, et d'aller vivre loin de Sulpicia.

C'est à cette occasion que fut composé le seul ouvrage qui nous reste de cette femme célèbre. Profondément blessée dans tous les sentimens de son âme, elle exhala en vers sa noble douleur, et en

tonna un chant qui fut comme l'hymne funèbre de la tyrannie. Avant cette production originale, Sulpicia était déjà connue par plusieurs écrits: elle s'était exercée dans la poésie légère et sur tous les tons du mode iambique; elle avait, dans la satire, ouvert une route nouvelle aux dames romaines qui voudraient devenir les rivales de la Grèce :

Primaque Romanas docui contendere Graiis.

Tout cela était beaucoup sans doute; mais ce qui surprend davantage dans une femme, c'est l'intelligence d'un évènement aussi grave que la proscription des philosophes par Domitien, c'est l'audace poétique qui attaque un tel sujet, c'est le bon goût qui sait le revêtir des formes les plus nobles et les plus convenables.

Voltaire fait remarquer avec cette critique délicate et sûre qui lui est propre, que la vieille machine épique de l'Iliade et de l'Odyssée eût difficilement été adaptée à un sujet comme la Pharsale, et que les divinités homériques eussent paru déplacées à côté de grandes figures historiques, comme un Pompée, un César et un Caton on peut observer de même que les formes de la satire vulgaire eussent paru bien petites, appliquées aux tables de proscription d'un empereur, et que le mode iambique eût été peu convenable pour traiter d'un évènement qui compromettait les destinées de Rome et l'héritage du genre humain.

Sulpicia l'a compris, et elle a changé de mode comme de sujet : elle a renoncé avec courage à tous les essais où on l'avait admirée jusqu'alors, pour créer un style nouveau et un genre de merveilleux digne d'un siècle de lumières. En un mot, toute cette composition décèle une connaissance profonde de l'art de penser et d'écrire; elle n'est pas indigne des méditations de ceux qui, de nos jours, voudraient tenter l'épopée.

1. Sur le mode qui te sert à chanter les héros et les batailles. C'est le mode épique, c'est le forte epos d'Horace, qu'elle désigne par cette périphrase; il était consacré pour les grands sujets, pour la poésie héroïque, comme l'iambique pour les sujets moins élevés, pour la poésie dramatique.

2. Oui, Muse de l'épopée, c'est à toi que je m'adresse; c'est

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