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vous êtes pâle. Ce n'est rien. Prenez garde à ce rien, vous êtes pâle, et vous enflez sans vous en apercevoir 46. Eh! vous-même avez le teint bien plus mauvais. Voulez-vous faire avec moi le tuteur 47? J'en avais

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un que j'ai mis en terre; gare à vous! Comme vous voudrez; je me tais. - Notre malade alors se gorge de nourriture, et, malgré sa peau blafarde, malgré les vapeurs empoisonnées qui s'échappent de son gosier avec effort, il se met dans la baignoire. Mais, tandis qu'il boit, le frisson le surprend : la coupe de vin chaud s'échappe de sa main 48; ses dents se découvrent et s'entrechoquent; les morceaux tombent tout entiers de ses lèvres défaillantes; et de là les flambeaux, la trompette funèbre 49; enfin notre jeune homme, posé sur un lit de parade et tout enduit de parfums, est étendu à sa porte, les pieds devant 5o. Cependant les Romains qu'il a affranchis la veille, viennent, leurs bonnets de liberté sur la tête, enlever le corps 51. >>

— « Eh! prophète de malheur 52; tâtez mon pouls, mettez la main sur ma poitrine, ai-je la chaleur de la fièvre? touchez les extrémités de mes pieds et de mes mains, sont-elles froides 53? » << Mais si vos yeux ont vu de l'or, mais si la jeune fille du voisin vous adresse un gracieux sourire, votre cœur est-il en repos, dites-moi? On vous sert sur un plat glacé des légumes tout crus avec un pain de farine d'orge mal passée 54, pourquoi ne pas manger? c'est que votre délicatesse est un ulcère qu'il ne sied pas d'écorcher avec les cardons du plébéien 55. Tantôt vous avez le frisson, quand la crainte a hérissé le poil sur votre corps transi; tantôt vous brûlez, quand votre sang s'allume 56 et que vos yeux pétillent du feu de la colère. Alors vous dites et vous faites des choses dont Oreste furieux blâmerait la fureur 57. »

NOTES

DE LA TROISIÈME SATIRE.

On n'a pas, sur l'éducation de la jeunesse chez les anciens, de relations historiques spéciales ; la Cyropédie de Xénophon et l'ouvrage de Plutarque sur l'éducation des enfans sont des traités philosophiques, et plutôt des critiques de l'éducation ancienne que l'exposé de ce qu'elle était. C'est donc çà et là dans les écrits des auteurs sur toute espèce de sujets qu'il faut recueillir les documens que l'on voudrait avoir sur cette importante matière. On en trouve de précieux sur les institutions des Grecs dans la République de Platon et dans la Politique d'Aristote, dans le petit dialogue d'Eschine le socratique, intitulé Axiochus, dans plusieurs dialogues et écrits de Lucien, surtout dans les Vies des hommes illustres de Cornelius Nepos et de Plutarque, particulièrement dans celles de Lycurgue et de Solon par ce dernier. Les Anglais et les Allemands, dans leurs ouvrages sur les antiquités grecques, ont recueilli la plupart de ces faits épars.

Quant à l'éducation de la jeunesse romaine, c'est aussi çà et là dans les divers écrits des Latins qu'il faut chercher ce qu'elle était; aucun de leurs historiens n'a donné là dessus des renseignemens bien précis. Tite-Live et Denys d'Halicarnasse n'en disent que quelques mots, et de loin en loin; Valère-Maxime et Tacite n'en parlent point d'une manière plus explicite. Cornelius Nepos, Suétone et Plutarque offrent des documens utiles et assez nombreux, mais plutôt sur l'éducation privée que sur l'éducation publique. Cicéron, dans plusieurs de ses ouvrages, mais particulièrement dans son Traité De claris oratoribus, l'auteur du Dialogue De causis corruptæ eloquentiæ, et enfin Quintilien dans ses Institutions oratoires, sont les auteurs qui offrent le plus de renseignemens sur l'éducation, mais seulement sur l'éducation littéraire. Enfin,

Horace et Perse nous ont rendu compte de leurs études. Qu'on nous permette de nous étendre ici un peu sur ce sujet, en faveur du haut intérêt qu'il inspire.

Dans l'histoire de l'Education chez les Romains, il faut distinguer différentes époques; car elle changea avec les temps. A l'origine, cette éducation était purement physique, comme devait l'être celle de pâtres belliqueux. C'était par les travaux champêtres, par les exercices de la chasse et les dures fatigues ou les jeux grossiers de la vie pastorale, que se formait cette jeunesse guerrière qui luttait sans cesse contre tous les petits peuples du Latium. Tous les écrivains l'attestent, les poètes surtout. Voyez les premiers livres de Tite-Live, les odes et les épîtres d'Horace, les poésies fugitives d'Ovide et des poètes érotiques; voyez Virgile, dans plusieurs passages de son Énéide, surtout dans celui-ci 603-610:

du liv.

IX,

Durum ab stirpe genus, natos ad flumina primum
Deferimus, sævoque gelu duramus et undis :
Venatu invigilant pueri, silvasque fatigant :
Flectere ludus equos, et spicula tendere cornu.
At patiens operum parvoque assueta juventus,

Aut rastris terram domat, aut quatit oppida bello.

Aux exercices champêtres se joignirent dans la suite les exercices militaires, empruntés la plupart aux Sabins et aux Samnites, nations guerrières formées sur les institutions de Sparte et de la Crète. Les Romains prirent d'elles leurs armes, leurs jeux de gladiateurs, et cette gymnastique du Champ-de-Mars, dont on trouve une description assez exacte dans cette ode d'Horace, liv. 1, 8,

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Brachia, sæpe disco,

Sæpe trans finem jaculo nobilis expedito ?

C'est dans Végèce qu'il faut lire la description des exercices et de la discipline militaire chez les Romains.

Quant à l'éducation morale, c'était surtout dans l'intérieur de la famille que la recevaient les jeunes Romains; l'État s'en occupait peu il se reposait de ce soin sur la sollicitude des parens, auxquels il confiait une autorité illimitée sur leurs enfans. Le législateur n'avait prescrit aucune règle générale sur l'éducation morale; il s'était contenté de déterminer jusqu'à quel âge s'étendraient les années de l'enfance, et de marquer ceux de cet âge par des vêtemens particuliers et des insignes qui leur interdisaient l'entrée des lieux où ils ne devaient point aller, la vue des choses qu'ils ne devaient point voir, et qui rappelaient sans cesse au public le respect qui leur est dû. La bulle et la prétexte représentaient à tous les yeux la maxime de Juvénal :

Maxima debetur puero reverentia; si quid

Turpe paras, pueri ne tu contempseris annos.

Les enfans portaient la bulle et la prétexte jusqu'à quinze ans, et la quittaient alors pour prendre la robe virile. C'est aussi à cette époque qu'ils cessaient d'avoir des gouverneurs ou gardiens, custodes; ils prenaient des accompagnateurs ou suivans, comites, monitores, à peu près ce que les Anglais appellent fellows. Avec ceux-ci.ils pouvaient aller et venir en toute liberté dans les lieux dont jusque là l'entrée leur avait été interdite. L'âge militaire commençait à la fin de la dix-septième année et durait jusqu'à quarante-six ans.

Ces classifications par áges, comme celles par ordres, tendaient en même temps à maintenir la subordination et à entretenir l'esprit d'égalité; deux choses très-nécessaires dans toute espèce de gouvernement, mais surtout dans une république militaire, qui ouvrait à l'ambition un champ sans limites. Tout dans l'éducation et dans les mœurs des Romains semblait imprimer ces mots dans les âmes inter æquales; la constitution républicaine périt quand ils en furent effacés.

:

L'instruction de la jeunesse romaine se borna pendant longtemps à des notions pratiques d'agriculture et d'art militaire, à la connaissance des cérémonies du culte public et des pratiques

du culte domestique, aux traditions orales des dits et gestes, aussi bien que des coutumes des ancêtres. Quand la loi des DouzeTables fut écrite, les enfans la lisaient sur des poteaux de bois placés dans le forum, l'apprenaient par cœur et la chantaient, comme les enfans des Grecs celles de leurs législateurs. Tout cela formait de bons citoyens plutôt que des hommes éclairés. On voit par les succès rapides de Pyrrhus et d'Annibal sur les Romains, par la lutte si longue avec Carthage, par la résistance prolongée de Syracuse, d'Athènes, de Rhodes et d'Alexandrie, quels avantages donnaient sur eux à des peuples d'ailleurs beaucoup plus faibles, les lumières de la civilisation. Mais le patriotisme de Rome et la discipline de ses armées triomphèrent enfin de tout. Quand les arts de la Grèce et les richesses de l'Orient eurent pénétré dans le sein de la ville, l'instruction de la jeunesse y prit de grands développemens. Les langues et la grammaire, l'art oratoire et le droit, la philosophie morale, la musique et les beaux-arts, les sciences abstraites même furent étudiées. Ces études se faisaient d'abord dans la maison paternelle ou par les soins des parens eux-mêmes, ou, sous leur surveillance, par les soins d'affranchis et de maîtres particuliers. Cela durait ainsi jusqu'à onze ou douze ans; alors les enfans commençaient à fréquenter les écoles publiques, où ils étaient conduits et surveillés par les gouverneurs, naidaywɣoi, custodes, quand le père ne pouvait le faire lui-même, comme le père du bon Horace, sat. I, VI, 71 et suiv.:

Causa fuit pater his, macro qui pauper agello
Noluit in Flavi ludum me mittere, magni
Quo pueri MAGNIS e centurionibus orti,
Lævo suspensi loculos tabulamque lacerto,
Ibant octonis referentes idibus æra.

Sed puerum est ausus Romam portare, docendum
Artes, quas doceat quivis eques atque senator
Semet prognatos; vestem servosque sequentes
In magno ut populo si quis vidisset, avita
Ex re præberi sumptus mihi crederet illos.
Ipse mihi custos incorruptissimus, omnes
Circum doctores aderat, etc.....

Souvent, dans les grandes maisons, le personnage le plus con

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