Obrázky na stránke
PDF
ePub

Q. HORATII FLACCI

EPISTULA AD PISONES DE ARTE POETICA

HORACE

ART POÉTIQUE

TEXTE LATIN

PUBLIÉ D'APRÈS LES TRAVAUX LES PLUS RÉCENTS DE LA PHILOLOGIE

AVEC UN COMMENTAIRE CRITIQUE ET EXPLICATIF

ET UNE INTRODUCTION

PAR MAURICE ALBERT
Professeur de rhétorique au collège Rollin

PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND

1886

[blocks in formation]

PRÉFACE

Je dois à des circonstances exceptionnelles l'honneur de publier l'Épître aux Pisons. Ce n'est pas à moi, c'est au savant éditeur de Virgile qu'il appartenait, qu'il appartient toujours de faire la grande édition d'Horace. Mais comme sa santé momentanément altérée le condamne à un repos nécessaire, et comme aussi des travaux déjà commencés doivent l'absorber longtemps encore, M. Benoist a bien voulu, pour ne pas retarder une publication très désirée, me laisser le soin de commenter l'épître d'Horace connue sous le nom d'Art poétique. Je suis d'autant plus reconnaissant de cette faveur grande, que je sais avec quel regret M. Benoist ajourne le projet longuement caressé de rendre à Horace le service rendu naguère à Virgile, et d'autant plus intimidé, que je n'ignore pas de quel maître je prends ici la suppléance provisoire.

Si aujourd'hui, au moment de soumettre cette édition aux critiques de mes maîtres et de mes collègues, quelque chose pouvait me rassurer, ce serait d'abord la pensée qu'on réussit quelquefois dans ce qu'on fait avec goût, et surtout le souvenir des secours précieux que m'ont apportés les nombreux travaux dont j'ai pu m'entourer. En effet, que de commentaires Horace a suscités, depuis les scholies des vieux grammairiens publiés par Hauthal' jusqu'à la dernière édition d'Orelli, revue par Hirschfelder! « Notre vie, a dit M. H. Rigault dans une magistrale étude, s'écoule entre deux exemplaires d'Horace, celui de notre adolescence, feuilleté avec insouciance, parfois

1. De 1874 à 1876. Voyez aussi l'édition Meyer, 1874, et Usener, de Schol. Horat., 1863.

2. Berlin, 2 volumes, 1882-83.

3. Publiée en deux fois, avec les œuvres lyriques d'Horace, traduites en vers par Anquetil, et à la tète de la traduction complète de la collection Panckoucke.

avec ennui, par des mains impatientes, et celui de notre vieillesse, relu avec délices par des yeux plus clairvoyants. » Oui; mais aujourd'hui ces deux exemplaires ne sont jamais les mèmes, si les vieillards qui relisent Horace se tiennent au courant des travaux de critique qu'il a inspirés. En effet, depuis plusieurs années, les commentateurs qui viennent offrir au poète, dans une nouvelle publication de ses œuvres, l'hommage de leur science et de leur admiration, se succèdent singulièrement vite, et la liste en serait longue, si on voulait la faire complète. Aussi, pour éviter de transformer cette préface en catalogue, me bornerai-je à signaler les éditions d'Horace les plus importantes et les plus récentes.

Celle de Bentley1 a fait dans l'histoire de la critique et dans le texte d'Horace une révolution trop considérable pour qu'on puisse la passer sous silence: elle doit être désormais le point de départ de toute étude. Celle de Peerlkamp, un Hollandais terrible, qui corrige tout, sabre tout, bouleverse tout', et laisse derrière lui des ruines presque méconnaissables, disjecti membra poetæ, est moins utile que curieuse : si parfois elle donne à réfléchir, le plus souvent elle provoque la colère ou le sourire. Parmi les travaux plus modernes, je n'ai guère quitté des yeux le commentaire latin d'Orelli, que pour consulter ceux de Dillenburger3, de Keller et Holder', ou encore ceux de H. Schütz et de Krüger, écrits en allemand. Seulement, je me suis permis de ne pas être toujours d'accord avec Orelli, et plus d'une fois j'ai regretté la brièveté des notes trop rares de Dillenburger.

Mais je dois et je veux surtout témoigner ma gratitude aux deux maîtres qui m'ont appris le peu que je sais de latin, et qui, soit par leur enseignement général, soit par leurs explications d'Horace', m'ont mis en état d'affronter ce travail. La critique de M. Boissier, si vivante, si originale, si colorée, celle de mon père, si fine, si spirituelle, et, sous une forme légère, si solide et si pénétrante, m'ont laissé un souvenir trop précis, pour que mon modeste commentaire n'en soit pas çà et là le reflet.

1. 1711.

2. Orelli a dit de lui: « Horatium ex

Horatio ipso expulit. »

3. Bonn, 7o édition, 1883.

4. Leipzig, 1878.

5. Berlin, 1883.

6. Leipzig, 1872, etc., etc.

7. A l'École norm, et au Coll. de France.

Voilà donc pourquoi j'ai fait ce travail avec tant de plaisir! Pendant que je le poursuivais, ma pensée se reportait à l'époque déjà lointaine où je n'avais, en lisant et en expliquant Horace, aucun des doutes, aucune des hésitations qui me troublent aujourd'hui; je revivais les années fécondes où M. Boissier était mon maître, les années heureuses où mon père me conseillait et me guidait encore.

MAURICE ALBERT.

Paris, 1er septembre 1886.

« PredošláPokračovať »