Obrázky na stránke
PDF
ePub
[ocr errors]

rez ainfi dans votre Lettre, page 15 & fuivantes.

Nous ne devons croire que ce qui eft démontré vrai. Un enfant n'étant pas encore capable de comprendre les dé-monstrations fur lesquelles font appuyées, la croyance d'un Dieu, d'une vie à venir, & les principes des mœurs, .vous avez conclu que l'on ne devoit en parler aux enfans que dans un âge avancé, lorsque le jugement eft développé & la raifon formée ; que l'éducation contraire qu'on leur donne eft vicieuse; qu'il la faut changer, & fuivre celle que vous propofez. Emile, tome 1, page 179, tome 2, page 321. Lettre page 25 & fuivantes.

[ocr errors]
[ocr errors]

Nous ne devons croire que ce qui eft démontré vrai. Or la création proprement dite, loin d'être démontrée, eft inconcevable & fujette à des difficultés infinies; auffi avez-vous travaillé à nous en faire douter. Emile, tome 3, page 86. Lettre, page 45 & fuivantes.

Nous ne devons croire que ce qui eft démontré vrai. Conféquemment, vous déclarez dans votre profeffion de foi, que vous êtes Chrétien felon l'Evangile, mais fans tourmenter votre raison sur ce

qui vous y paroît obfcur, que vous prenez l'Ecriture & la raifon pour les régles de votre croyance. Vous foutenez que la foi des Mysteres est une hypocrifie, que toutes les Religions qui fe difent révélées ont beaucoup fait de mal à l'humanité. Lettre, pag. 56 & fuiv.

Nous ne fommes obligés de croire que ce qui eft démontré vrai. Par conféquent, il y a de l'injuftice à obliger quelqu'un à croire ce qui ne lui eft point démontré, & à profeffer telle Religion plutôt qu'une autre tout homme eft en droit de penfer, de dire, d'écrire fur la Religion tout ce qui lui paroît vrai. De-là vous invectivez contre l'intolérance; vous proposez un traité de paix entre les peuples de différentes Religions; vous demandez fur-tout que les Calvinistes foient tolérés en France. Emile, tome 3, page 172. Lettre, pages 78 &

fuiv.

Dieu ne peut nous révéler, & nous ne devons croire que ce qui eft démontré vrai. Donc c'eft par l'examen de la doctrine que nous devons nous affurer fi elle est révélée; dès qu'elle paroît choquer la raifon, nous ne fommes pas obligés de la croire. Les miffions extraordinaires,

[ocr errors]
[ocr errors]

les miracles peuvent être des impoftures; il n'y a d'autres preuves certaines de la divinité de l'Evangile, que la pureté & la fublimité de fa morale, la fainteté & la fageffe de fon Auteur. Emile, tom, 3, pag. 130 & fuivantes. Lettre, pag. 98 & fuiv.

Dieu ne peut nous révéler, & nous ne devons croire que ce qui eft démontré vrai Une autorité vifible pour nous enseigner eft donc fort inutile; celle de l'Eglife n'eft prouvée que par des fophifmes & des fuppofitions; le peuple n'eft pas erv état d'examiner ces preuves; dans toutes 10 les Religions, il eft obligé de s'en rapporter à ceux qui l'inftruifent. Emile, tom. 3, pag. 152. Lettre, pag. 122 & fuiv.

1

S

[ocr errors]
[ocr errors][merged small]
[ocr errors]

Vous le voyez, Monfieur, par-tout vous faites de cet axiome la bafe de vos raifonnemens ; c'eft donc à en démontrer la fauffeté que je dois principale ment m'attacher. Ce fondement une fois détruit, l'édifice bizarre de vos idées s'écroulera de lui-même, & ne fera que jetter un peu de pouffiere aux yeux du Lecteur. Pour le réfurer, il faut y op pofer d'abord votre propre déclaration, & vous faire voir que felon la méthode

familiere à nos adversaires, vous bâtif fez toujours d'une main, tan dis que vous détruifez de l'autre.

Après avoir reconnu que les notions que nous avons de l'intelligence, de la puiffance, de la bonté, de la justice de Dieu font très-obfcures & très-imparfaites, vous ajoutez: Que fi je viens d découvrir fucceffivement ces attributs dont je n'ai nulle idée abfolue, c'est par des conféquences forcées, c'est par le bon ufage de ma raifon mais je les affirme fans les comprendre ; & dans le fond, c'eft n'affirmer rien. J'ai beau me dire. Dieu eft ainfi, je le sens, je me le prouve je n'en conçois pas mieux comment Dieu peut être ainfi (a).

Il y aura une petite obfervation à faire fur une de vos expreffions, mais il n'en eft pas encore temps.

Enfin, continuez-vous, plus je m'efforce de contempler fon effence infinie; moins je la conçois ; mais elle eft, cela me fuffit; moins je la conçois, plus je l'adore. Je m'humilie, & lui dis: Etre des Etres je fuis parce que tu es ; c'eft m'élever à ma fource que de te méditer fans

(a) Emile, tome 3, p. 88. Lettre, p. 54.

[ocr errors]
[ocr errors]

effe. Le plus digne ufage de ma raison eft de s'anéantir devant toi.

[ocr errors]

Rapprochons, je vous prie, cette confeffion fi humble & fi édifiante de ce que vous avez dit ailleurs, & effayez, fi vous pouvez › de vous concilier avec vous-même. D'un côté Dieu eft enveloppê d'épaiffes ténébres: fon ouvrage fe montre mais l'ouvrier fc cache (a). Il fe dérobe également à mes fens & à mon entendement (b). Je n'ai de fes attributs aucune idée abfolue, je les affirme fans les comprendre, plus je contemple fon effence, moins je la conçois. D'un autre côté, le Dieu que j'adore n'eft point un Dieu de ténébres. Tantôt, me dire de foumettre ma raifon, c'eft outrager fon Auteur : ici Le plus digne ufage de ma raifon eft de s'anéantir devant lui.

Décidez-nous, Monfieur; auquel devons-nous croire, à votre confeffion ou à votre défaveu? A la premiere fans doute. Elle eft conforme au langage de rEcriture qui appelle le Dieu d'Ifraël 2 un Dieu caché, un Dieu qui fe tient dans une obfcurité redoutable (c). Elle est

(a) Emile, tome 2, p. 214.

(b) Tome 3, p. 58.

« PredošláPokračovať »