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lusions; que si encore ils s'y complaisent, s'ils redoutent d'être détrompés, je n'ai point de termes pour exprimer l'horreur et le mépris qu'inspire une pareille dégradation.

Et que disent-ils cependant? Is appellent les sens en témoignage ; ils veulent que la vie s'arrête là où s'arrêtent les yeux; semblables à des enfans qui, voyant le soleil descendre au-dessous de l'horizon, le croiroient à jamais éteint. Mais quoi, sontils donc les seuls qu'ait frappés le triste spectacle d'organes en dissolution? Sont-ils les premiers qui aient entendu le silence du sépulcre? Il y a six mille ans que les hommes passent comme des ombres devant l'homme; et néanmoins le genre humain, défendu contre le prestige des sens par une foi puissante et par un sentiment invincible, ne vit jamais dans la mort qu'un changement d'existence, et, malgré les contradictions de quelques esprits dépravés, il conserva toujours, comme un dogme de la raison générale, une haute tradition d'immortalité. Que ceux-là donc qui la repoussent se séparent du genre humain, et s'en aillent à l'écart porter aux vers leur pâture, un cœur palpitant d'amour pour la vérité, la justice, et une intelligence qui connoît Dieu.

Mais laissons ces discussions superflues. La Religion prouvée, tout sera prouvé.

Dieu ayant créé l'homme être intelligent, il existe entre Dieu et l'homme des rapports nécessaires.

Tout rapport entre les êtres dérive de leur na ture; car s'il n'en dérivoit pas, il leur seroit étranger; ce ne seroit donc pas un rapport, ce ne seroit

rien.

Donc les rapports entre Dieu et l'homme dér rivent de la nature de l'homme et de celle de Dieu. Ces rapports constituent, à proprement parler, la Religion. Donc il existe une vraie Religion, ou une religion nécessaire.

Tout à l'heure j'éclaircirai ces propositions en les développant. J'arrive aux conséquences immé→ diates qui s'en déduisent,

La Religion étant l'expression des rapports qui dérivent de la nature de Dieu et de celle de l'homme, il s'ensuit, premièrement, qu'il ne peut en exister qu'une seule, puisque ces rapports sont invariables; secondement, que toute religion, fausse est opposée à la nature de Dieu et à celle de l'homme, qu'elle les sépare, par conséquent, au lieu de les unir, les détruit au lieu de les conserver: ainsi l'erreur dans la foi sépare l'homme de Dieu considéré comme vérité suprême; l'erreur dans les actions, ou le crime, sépare l'homme de Dieu considéré comme auteur de l'ordre.

Donc l'homme ne peut se sauver que dans la vraie Religion; car le salut n'est autre chose qu'une union éternelle avec Dieu, comme la réprobation n'est qu'une éternelle séparation de Dieu.

A moins de nier Dieu et de se nier soi-même, il faut admettre ces principes; il faut les admettre, ou renoncer à toute philosophie. Si l'on en doutoit, qu'on y substitue les propositions contradictoires je ne crains point de le dire, pressée de les avouer, la raison consentiroit plutôt à sa destruction; et c'est pour cela, c'est parce qu'elle est faite pour la vérité, ou pour Dieu même, qu'après avoir rompu cette magnifique alliance, vile adultère de l'erreur, et bientôt délaissée, elle se condamne elle-même à mort, et se précipite dans le scepticisme.

Qu'il y ait des rapports naturels entre Dieu et l'homme, c'est une suite nécessaire de leur existence simultanée, et de la dépendance absolue où nous sommes du premier Etre. S'il n'y avoit point de rapports entre nous et Dieu, il ne pourroit rien sur nous, il ne nous connoîtroit pas, nous ne le connoîtrions point; un voile impénétrable, éternel, le déroberoit à nous, et nous à lui. L'idée même de l'homme lui seroit totalement incompré hensible; car s'il le concevoit seulement comme ; possible, dès lors il y auroit des rapports possi

bles entre Dieu et l'homme, et au moment où l'homme commenceroit d'exister, des rapports réels, ou, pour parler avec une précision rigoureuse, des rapports réalisés. Ce n'est pas sans répugnance que j'emploie le temps à développer des notions si simples, et que je ramène l'homme aux élémens de la raison humaine. Enfin il est néces→ saire, et peut-être encore ne convaincrai-je pas plusieurs de ceux qui me liront; tant les ténèbres se sont épaissies autour de nous ! Répondez cependant: La suprême vérité n'est-elle pas en harmonie avec votre intelligence, le bien infini avec vos désirs et votre amour? Ne sentez-vous pas en vous quelque chose qui vous avertit de votre dépendance? Ne devez-vous rien à celui par qui vous existez? N'avez-vous été créé pour aucune fin? N'y a-t-il aucune relation entre vos facultés et leur auteur, entre votre être et le principe de l'être? Que dis-je? Nous ne pouvons parler de Dieu sans exprimer quelqu'un des rapports qui nous unissent à lui, et notre pensée elle-même est un de ces rapports, et le plus noble, puisqu'elle n'est au fond que la vérité, ou Dieu même connu de nous. Puissance, sagesse, bonté, justice, tous ces attributs de l'Etre divin, inhérens à sa nature, ne nous sont concevables que par leur liaison avec la nôtre; comme aussi nous ne parvenons à nous con

cevoir nous-mêmes, qu'en remontant à la première cause de toutes les existences, qu'en découvrant nos rapports avec Dieu.

Et partout ne voyons- nous pas des relations analogues? Ainsi l'enfant a des rapports naturels avec le père, les sujets avec le souverain. Ces rapports constituent la famille et la société ; et la Religion n'est non plus que la société de Dieu et de l'homme. Si nos devoirs envers nos semblables en font partie, c'est qu'ils dérivent nécessairement de nos devoirs envers Dieu, de la volonté du pouvoir suprême, à qui nous devons obéissance par cela seul que nous existons. Nulle société donc, nul ordre sans religion. Aussi remarquez que, sitôt que l'on nie les rapports entre Dieu et l'homme, on est contraint de nier également les rapports entre le souverain et le sujet, entre le père et l'enfant; on est contraint de détruire toute société, et l'élément même de la société, qui est la famille.

En généralisant ces observations, il est aisé de comprendre que tous les êtres, intelligens ou matériels, ont entre eux des rapports déterminés par leur nature. Les lois physiques, morales, politiques et religieuses sont l'expression de ces rapports, dont l'ensemble constitue l'ordre: et comme il n'est pas au pouvoir des êtres de changer leur nature, il faut qu'ils meurent, ou qu'ils se con

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