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En Angleterre, le roi déposait, en outre, sur l'autel son 'serment écrit (1).

Après le serment suivent plusieurs bénédictions données au nouveau monarque, tant pendant qu'après les litanies des saints, puis l'onction. Elle se fait, comme dans la consécration des prêtres, avec l'huile des catéchumènes (2), et on la réitère sur plusieurs endroits du bras (5) avec des prières correspondantes. Il y avait cependant à cet égard quelques exceptions dérogeant à la lettre des canons (4). Par exemple, les rois de France étaient sacrés avec du saint chrême (5) et recevaient, ainsi que les rois d'Angleterre (6), les onctions sur la tête, la poitrine et le bras, par où, selon l'explication de Thomas Becket, étaient figurées la gloire, la sainteté et la force de la royauté (7).

Lorsque le sacre est accompli et que le prince couronné a revêtu les insignes royaux, le sacrifice commence et continue jusqu'au graduel; à ce moment a lieu la présentation des emblèmes de l'autorité royale. Le prélat consécrateur présente d'abord le glaive, placé sur l'autel, en disant (8) Recevez des mains des « évêques, qui, quoique indignes, ont été consacrés par l'autorité « des apôtres et pour en tenir la place, recevez de leurs mains « l'épée royale qui vous est confiée, et souvenez-vous de la parole « du prophète : « Ceins tes reins de ton glaive, ô puissant (9)!....... ›› << pour, avec cette épée, donner force au bon droit, écraser les « oppresseurs, défendre et protéger la sainte Église de Dieu et « les vrais croyants; dissiper et anéantir les hérétiques et tous « les ennemis du nom chrétien; venir doucement en aide à la

5, col. 595.

(1) Matth. Paris. ann. 1166. — Martène, loc. cit., n. (2) Cap. un. X, de Sacr. unct. (I, 15, § 116, S. 621). Pontif. Roman., Coron. Aquisgr., p. 387. Barbosa, loc. cit., n. 12, p. 322.

p. 158.

(3) Pontif. Roman., p. 158.

(4) Hallier, loc. cit., p. 473.

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Gonzalez Tellez, loc. cit., n. 19, p. 513.

(5) Martène, loc. cit., Ordo VI, col. 613. ·Clausel, loc. cit., p. 597. (6) Martène, loc. cit., Ordo II, col. 601 (Roger. Hoved., Annal., p. II). (7) Matth. Paris., loc. cit. Roger. Hoved., loc. cit. Quod significat

gloriam, fortitudinem et scientiam.

Coron. Aquisgr., p. 389. — Pontif. Roman., p. 161.

(9) Psalm. XLIV, 4.

« veuve et à l'orphelin; rétablir ce qui tombe et soutenir ce qui « est debout; venger l'injustice et affermir l'ordre où il existe, << afin qu'ainsi faisant, comblé de gloire par le triomphe des bons, exalté par le ministère de la justice, vous méritiez de régner à jamais avec le Rédempteur du monde, dont vous « portez l'image dans votre nom lui qui, étant Dieu, vit et « règne avec le Père et le Saint-Esprit dans l'éternité. Amen. »

Ceint de l'épée, le roi la tire du fourreau et la brandit avec force au-dessus de sa tête (1); après quoi l'anneau est mis à son doigt comme signe de l'alliance qu'il contracte avec la foi chrétienne (2). Suit le couronnement proprement dit, dont voici la formule (3): « Recevez la couronne du royaume, qui est mise « sur votre tête, par les mains des évêques, quoique indignes: « reconnaissez-y l'emblème de la gloire, de la sainteté et de la force; et sachez que par elle vous êtes rendu participant de « notre ministère, afin que, comme nous sommes les pasteurs et « les conducteurs des âmes à l'intérieur, vous soyez au dehors le « vrai serviteur de Dieu, le fort défenseur de l'Église de JésusChrist contre tout ce qui s'oppose à elle, le chef puissant du « peuple et l'invincible appui du royaume qui vous est confié de "Dieu, et qui est remis à votre garde par l'effusion des béné«dictions célestes, que nos mains apostoliques font descendre « sur votre tête, parmi les prières de tous les saints, » etc. Puis, on place le sceptre dans la main droite du prince (4), le bâtou de justice dans sa main gauche, et on le conduit processionnellement, en portant devant lui le glaive, à son siége royal, sur lequel il est solennellement intronisé par l'archevêque (5). Alors

(1) Pontif. Roman., p. 162. (2) Coron. Aquisgr., p. 389. Ordo VI, col. 616.

(3) Coron. Aquisgr., p. 389 sq. loc. cit., Ordo VI, col. 618.

(4) Coron. Aquisgr., p. 389.

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Martène, loc. cit., Ordo VI, col. 616:

Ordo II, col. 601; Ordo V, col. 607. — Pontif. Roman., p. 163. — Martène. Clausel, loc. cit., p. 619. — Mabillon, de

loc. cit., Ordo VI, col. 612.

Re diplom., p. 421.

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(5) Pontif. Roman., p. 165: Sta et retine amodo locum tibi a Deo dele

celui-ci s'avance sous le portique du temple et prononce d'une voix forte ces paroles : Vivat rex in æternum! et le chœur entonne le Te Deum pour remercier Dieu de ce qu'il vient d'être donné de nouveau au peuple un pouvoir naturel, protecteur et bienfaisant, soumis à la loi divine et consacré pour le maintien du bien et de la justice.

Après le chant du cantique ambrosien, l'officiant remonte à l'autel, et la messe est reprise. Conformément au cérémonial primitif du couronnement (1), l'épître est puisée dans le Lévitique (2) et renferme des paroles consolantes pour ceux qui accomplissent fidèlement la volonté de Dieu. L'évangile, pendant lequel le roi dépose sa couronne (3), est tiré de saint Mathieu, au passage de cette réponse de Jésus-Christ: Rendez à César ce qui est à César (4), ou à celui de l'adoration des trois rois (5). Pendant l'offertoire, le roi va à l'autel et fait son offrande; il communie ensuite, pendant la célébration des saints mystères (6), sous les deux espèces (7); après quoi, la bénédiction générale est donnée par l'archevêque.

Le couronnement met le sceau à l'alliance du roi avec son peuple, et il s'y rattache diverses conséquences des plus importantes. Sans doute l'Église reconnaissait aussi les souverains qu'elle n'avait pas couronnés, mais son union avec eux était bien moins intime qu'avec ceux qui avaient reçu leur couronne de sa main. A l'égard de ces derniers, elle était investie d'une mission

gatum per auctoritatem omnipotentis Dei et per præsentem traditionem nostram, omnium scilicet Episcoporum, cæterorumque Dei servorum : et quanto clerum sacris altaribus propinquiorem perspicis, tanto ci potiorem in locis congruis honorem impendere memineris; quatenus mediator Dei et hominum te mediatorem cleri et plebis permanere faciat.

(1) Martène, loc. cit., Ordo I, col. 597.

(2) Levit., XXVII, 6 sqq.

(5) Martène, loc. cit., Ordo VII, col. 652.

(4) Ev. Matth., XXII, 15.

(5) Ev. Matth., II, 1.

Coron. Aquisgr., p. 391.

(6) Pontif. Roman., p. 167. Martène, loc. cit., Ordo V, col. 609; Ordo VII, col. 652. Clausel, loc. cit.,

p. 646.

(7) D'après le Pontif. Roman., p. 167, sous une seule espèce. C'était e privilége des rois de France. (Note du Traducteur )

toute spéciale quand un différend s'élevait entre eux et leur peuple, sur leurs droits et leurs devoirs réciproques, l'Église, qui avait consacré leur alliance par le couronnement, comme par une sorte de bénédiction nuptiale, était prise pour arbitre, et même le plus souvent, sans y être invitée, en considération du danger auquel un pareil conflit exposait un grand nombre d'âmes, elle faisait tous ses efforts pour opérer la réconciliation du souverain et des sujets par un arrangement pacifique. L'histoire est pleine d'exemples de cette nature, où l'on voit l'Église, tantôt décidant des questions de conscience, très-graves et trèsépineuses, relatives au plus ou moins de validité des serments prêtés, tantôt se déclarant la protectrice des princes contre les prétentions injustes d'un peuple insoumis, ou prenant la défense du peuple contre l'arbitraire et le despotisme des rois.

L'usage s'était établi, dès les temps les plus reculés, de couronner aussi les reines avec les mêmes formes solennelles. Entre autres couronnements de ce genre dont le cérémonial nous a été conservé (1), il en est deux dont la date remonte au neuvième siècle : celui de Judith (2), fille de Charles le Chauve, mariée à Asthelwolf, roi anglo-saxon (856), et celui d'Irmentrude (5), épouse de ce même Charles (866).

Le Pontifical romain distingue entre le couronnement de l'épouse d'un roi (4) et celui d'une reine régnante (5), et contient un cérémonial spécial pour chacun des deux cas.

L'Église devait être d'autant plus favorable au couronnement des reines, qu'elle savait, par l'histoire des tribus germaniques, avec quelle ardeur extraordinaire d'illustres et saintes princesses, les Clotilde, les Berthe, les Emma, avaient travaillé, pendant tout leur règne, à la propagation de la foi chrétienne. Aussi, l'un des derniers formulaires met-il dans la bouche de l'évêque con

(1) Martène, loc. cit., Ordo V, col. 609; Ordo VI, col. 620; Ordo VIII, col. 636.

(2) Pertz, Monum. Germ. hist., tom. III, p. 450.

(3) Pertz, loc. cit., p. 506.

(4) Pontif. Roman., p. 167 sqq.

(5) Ibid., p. 177.

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sécrateur, présentant l'anneau royal, ces paroles (1): «Recevez «ce signe de la foi en la sainte Trinité, afin que vous puissiez « éviter toute perversité hérétique, et amener les peuples bar« bares à la connaissance de la vérité, avec la puissance qui vous « a été confiée... »

$ CXXI.

2. Du droit germanico-chrétien en général.

Le principe fondamental, manifesté par l'institution du couronnement, est celui-ci :

Le glaive séculier doit être voué à la gloire de Dieu. C'est ce principe qui dirigeait, au moyen âge, la conduite de l'Église, alors que non-seulement elle consacrait l'autorité royale, mais encore donnait généralement la consécration chrétienne à tous les ordres de la chevalerie germanique. Il n'est pas douteux qu'elle se soit inspirée en cela de l'antique usage, pratiqué au sein même de l'idolatrie païenne, qui dédiait sur les autels, à la défense de la religion, les armes destinées à combattre les ennemis de la patrie. Mais l'hommage que les soldats du paganisme adressaient à un culte d'erreur, à bien plus forte raison, un guerrier chrétien sentira-t-il le besoin de l'offrir à l'Église du vrai Dieu, en recevant son épée des mains de ses pontifes. Aussi, voit-on, dès la plus haute antiquité, principalement dans l'Église d'Angleterre, la religion présider, par des cérémonies particulières, à l'armement des jeunes miliciens, désignés sous le nom d'hommes d'épée (2).

On rencontre fréquemment la même coutume, non-sculement dans les ordres religieux de la chevalerie, mais, en général, dans toute collation de la dignité de chevalier (3). Le prince continue toujours, il est vrai, d'exercer à cet égard son droit de réception; mais, néanmoins, le serment de chevalier, l'ensemble même des

(1) Martène, loc. cit., Ordo V, col. 610.

(2) Tacit., German.

(3) Englischen Reichs- und Rechtsgeschichte, vol. II, p. 43 sqq.

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