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cette révélation contient des mystères impénétrables, la raison n'a d'autre parti à prendre, entre ces deux extrêmes, que de faire le sacrifice de sa curiosité, en adorant l'intelligence infinie de Dieu, qui nécessairement connaît des vérités supérieures à l'intelligence bornée de l'homme, des vérités surnaturelles, dont certes il n'est pas étonnant que nous n'apercevions pas la liaison avec nos idées naturelles.

Voyons, d'ailleurs, par un rapide exame, si les systèmes de ceux qui combattent les mystères du Christianisme avec tant de confiance, ne renferment pas aussi des mystères. Quel est celui d'entre eux qui pourra se vanter de n'offrir que des principes clairs et faciles à comprendre?

Sera-ce le Pyrrhonien qui anéantit tout, et le témoignage des sens, et l'autorité de la raison, et la certitude de sa propre existence?

Sera-ce l'Athée? Mais il nous propose une matiè re éternelle, être nécessaire dont on conçoit la nonnécessité, être nécessaire qui n'a que des qualités contingentes, être pour lequel la suprême perfection, celle d'exister par soi soi, est une source d'imperfections; il nous propose des êtres intelligens produits par une cause aveugle, des lois et des effets d'une merveilleuse harmonie produits par une aveugle fatalité. Et d'ailleurs, en admettant un être nécessaire qui existe de toute éternité, n'admet-ik pas un mystère? Sans doute la raison nous force à en admettre un, autrement jamais rien n'eût pu

exister; mais la raison comprend-elle que cet être nécessaire puisse être cause de sa propre existence?

Sera-ce le Matérialiste, qui accorde à une même substance des attributs incompatibles, contradictoires, l'étendue évidemment divisible et la pensée évidemment simple; et qui veut que le moi, essentiellement un, soit une substance composée ?

Sera-ce le Déiste, qui se crée un Dieu sans providence? Mais, outre qu'en admettant un Dieu être nécessaire, il admet une vérité incompréhensible, qu'est-ce qu'un Dieu qui ne daigne pas gouverner ce qu'il a daigné produire, et ce qu'il n'a pas pu produire sans un but convenable à son infinie sagesse? Qu'est-ce qu'un Dieu qui voit du même ceil le bien et le mal, un Dieu sans justice et sans sainteté?

Sera-ce l'Indifférent, qui veut que toutes les religions soient bonnes, et qu'on doive suivre celle dans laquelle on est né? Mais nous expliquera-t-il comment l'Être infiniment parfait, essentiellement vrai, reçoit avec une égale complaisance les hommages de l'erreur, et les hommages de la vérité ? Or toutes les religions ne peuvent être vraies, puisqu'elles ont des dogmes contradictoires, et que le oui et le non ne sauraient être vrais en même temps. S'il y en a de fausses, comment la naissance peutelle imposer l'obligation de les suivre ?... Autant de pays autant d'obligations opposées; les devoirs de l'homme varieraient donc avec les degrés de latitude.

Etrange inconséquence des incrédules! Ils rejettent les mystères de la religion chrétienne, parce qu'ils ne les comprennent point; ils refusent même d'examiner les motifs de crédibilité qui en garantissent la certitude; et ils se jettent dans des difficultés bien plus grandes. « Les absurdités où ils tombent, en niant la religion, dit Bossuet, deviennent plus insoutenables que les vérités dont la hauteur les étonne, et pour ne vouloir pas croire des mystères incompréhensibles, ils suivent, l'une après l'autre, d'incompréhensibles erreurs. >>

Ainsi tout est plein de mystères pour l'homme : sa raison en trouve dans la nature, dans les mathématiques, dans l'inerédulité même. Quel droit at-elle donc de rejeter les dogmes du Christianisme sous le prétexte de leur obscurité? Il n'y a pas une logique pour les sciences, et une logique pour la religion. Quand il s'agit des phénomènes de la nature, on ne dit pas: Cela ne peut se comprendre, donc cela n'est pas; mais on dit: Cela ne peut se comprendre, et pourtant cela est. Il faut suivre, à l'égard de la plus haute de toutes les sciences, à l'égard de la religion, la même méthode, ou se résoudre à une choquante contradiction; il faut dire: Qu'importe l'obscurité des dogmes révélés, si la vés rité de la révélation est claire? C'est ce dont était convaincu le célèbre naturaliste Ch. Bonnet, lorsqu'il rendait ce bel hommage au Christianisme ÷ « Je vais à la source de toute vérité dogmatique ;

j'étudie ce livre admirable qui fortifie et accroît

mes espérances; je compare le texte all texte, le dogme au dogme, chaque écrivain à lui-même

tous les écrivains entre eux : après cet examen » réfléchi, sérieux, impartial, long-temps conti» nué, souvent repris, je vois les oppositions dis» paraître, les ombres s'affaiblir, la lumière jaillir » du sein de l'obscurité, la foi s'unir à la raison et »ne renfermer plus avec elle que la même unité.» (Recherches philosophiques sur les preuves du Christianisme, p. 223, 224.)

S. III. MORALE DU CHRISTIANISME.

Jésus-Christ venant instruire et réformer les hommes, les appelle tous à son école, et leur donne des leçons claires et adaptées à toutes les classes et à tous les états. Quelle sublime simplicité! Aimer Dieu plus qué soi-même, aimer le prochain comme soi-tnéme : voilà l'abrégé, la substance et la plénitude dé sa doctrine morale. C'est dans la charité que consiste toute la loi, parce que , parce que l'effet de cette vertu est l'accomplissement de tous les devoirs de l'homme.

La vie de notre coeur c'est l'amour; mais aucun bien créé ne répond à nos desirs qui sont immenses et insatiables. L'expérience, si souvent répétée, du défaut de proportion entre les créatures et notre besoin d'aimer, montre combien le premier commandement est en harmonie avec le coeur humain, puisque Dieu seul peut remplir l'avidité qui

le tourmente, et nourrir l'activité qui le dévore. Si l'amour de Dieu unit l'homme à son centre, l'amour du prochain l'unit à tous ses semblables: il fait de tous les membres de la famille un cœur et une ame, et de toutes les familles une grande famille, ayant pour père celui dont la Providence embrasse depuis l'insecte jusqu'au plus haut degré de la création (1); car Jésus nous ordonne d'aimer comme nous-mêmes tous les hommes sans distinction, sous quelque climat qu'ils aient reçu le jour, et quelque division que semblent devoir élever entre eux et nous l'antipathie nationale, les opinions politiques ou religieuses.

Et remarquez un caractère particulier à la loi évangélique: elle se concilie avec tous les gouvernemens. Elle assujétit ses disciples à l'autorité qu'ils trouvent établie, et distingue expressément ce qui appartient à César de ce qui appartient à Dieu. Elle commande au Souverain de gouverner avec

que,

sagesse et bonté : elle lui dit loin que les peuples soient faits pour lui, il est lui-même fait pour les peuples; mais elle ne règle pas la forme des pouvoirs, dont elle maintient l'équilibre en interdisant les usurpations et les abus.

(1) C'est en faisant voir aux hommes un frère dans chacun de leurs semblables que Jésus-Christ, sans disserter vainement comme les philosophes, a fait sentir le droit naturel relativement à l'esclavage. La philosophie, avec ses belles maximes, n'a rien opéré. L'Evangile, en apprenant aux hommes que Dieu est le père de tous, a changé les idées et les moeurs des maîtres du monde.

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