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tement condamnées par la morale chrétienne que l'orgueil et l'ambition. Si l'homme riche veut dormir paisiblement sur ses trésors entassés: « Insensé, lui est-il dit, cette nuit Dieu te demandera ton ame; et ce que tu as amassé, qui l'aura ?»... Le riche impitoyable demande, au sein des flammes vengeresses, une goutte d'eau pour rafrai chir sa langue ; il implore l'intercession du pauvre Lazare, heureux dans l'autre vie comme il avait été délaissé sur la terre et une goutte d'eau lui est refusée..... Ce que l'on donne aux indigens, on le prête à Dieu, qui promet de rendre-surabon-. damment et sans mesure..... Plus heureux est celui qui donne que celui qui reçoit..... Autant d'aumônes autant d'amis qui, après la mort duisent dans les tabernacles éternels..... Malheur à ceux qui se font une idole de leur fortune!.... Peu de riches sauvent leur ame.

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Et pour mieux remédier à l'avarice et à la cupidité, Jésus-Christ défend toute affection déréglée aux biens même dont la possession est la plus légitime, en sorte qu'on en use avec sobriété, et qu'on les perde sans murmurer contre la Providence.

Ainsi, la loi chrétienne non seulement réprime les deux passions qui contribuent le plus à la dépravation des moeurs publiques, mais va au-devant du mal en se plaçant à l'entrée du cœur humain comme une garde qui en repousse l'approche. Elle prévient les désordres de l'orgueil et de l'ambition par l'humilité; elle prévient ceux de l'avarice et de

la cupidité par le précepte de l'aumône et du déta:

chement des biens de la fortune.

De même, pour empêcher l'homicide, elle réprime les premiers mouvemens de la colère et les premiers souhaits de la vengeance; pour empêcher l'usurpation du bien d'autrui, elle défend de le convoiter; pour empêcher le parjure, elle défend le serment lorsqu'il n'est pas nécessaire; pour empêcher le relâchement des liens de famille, elle défend le divorce qui romp la société des époux et quiaffaiblit au moins leur union avec leurs enfans, elle défend aussi la polygamie qui étouffe l'amour dans la brutalité de la passion, qui trouble sans cesse la concorde par les divisions et les intrigues, et substitue un farouche despotisme à la douce autorité maritale; pour empêcher l'adultère, elle en défend le desir, et même la pensée; enfin détourner constamment l'homme de tous les vices, elle veut qu'il tende sans cesse à la perfection. Cette perfection, elle la fait consister, non dans des actious éclatantes, ni dans la perspicacité de l'esprit, ni dans le brillant de l'imagination, mais dans la pratique journalière des devoirs de la vie commune, de cette vie ignorée des hommes, et qui est le continuel objet des regards du Ciel, Le pauvre le plus obscur, et même le plus méprisé, est, aux yeux du Législateur Suprême, infiniment supérieur au grand le plus élevé, le plus courtisé, s'il est plus

vertueux.

, pour

C'est mal connaître l'esprit de l'Evangile que de

l'accuser de rendre ses disciples étrangers à tous les intérêts humains. Par le précepte de la haine de soi-même Jésus-Christ ne veut pas que nous étouf fions l'amour de notre bonheur, ni que nous renoncions à notre intérêt bien entendu, puisqu'il nous invite à la vertu par l'attrait de la récompense et du bonheur qu'il nous promet, conséquemment par un motif d'intérêt très-solide; mais il veut que nous renoncions à l'amour de nous-mêmes aveugle et désordonné, à nos inclinations vicieuses qui nous font tant de mal. Dans quelque état que la Providence l'ait placé, le chrétien a toujours des intérêts humains, personnels ou autres, qu'il ne peut négliger sans devenir coupable; et à la tête de ses devoirs il est obligé de mettre toujours ceux de sa profession. Il y a plus: la morale évangélique ne condamne aucun bien temporel; mais elle en règle l'usage, et enseigne à y puiser des mérites; en défendant au coeur de jouir de Fombre passagère de ce monde comme d'une cité nente, elle lui apprend à unir et à subordonner les intérêts de la terre aux intérêts du Ciel.

perma

Voilà pourquoi, véritable amie de l'homme elle ne lui interdit pas les plaisirs innocens; mais les rappelant au but pour lequel la Providence lui en donne l'usage, elle veut qu'il n'y cherche qu'un utile d'élassement au lieu de s'y attacher comme à un bien solide. Et si elle lui impose des abstinences c'est afin de fortifier son esprit par l'affaiblissement de la chair: elle lui ordonne de se

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refuser ce qui est permis pour qu'il ne tombe pas dans ce qui est défendu : préservatif puissant dont les Stoïciens, ces fameux moralistes de l'antiquité, avaient senti l'importance, puisqu'ils enseignaient qu'en domptant la chair on arrête l'essor des passions. Mais elle condamne en même temps comme désordonné ce qui peut altérer notablement la santé du corps; car son esprit est la modération ennemie de tout excès, et qui veut la sobriété réme dans la sagesse. Aussi, dans les asiles sacrés où sont pratiquées avec le plus de zèle les rigueurs de la pénitence, rien d'outré n'est souffert; et il s'y forme plus de vieillards qu'au milieu des fêtes dévorantes du monde. ( 1 )

Loin donc qu'une société de vrais chrétiens ne pût subsister, comme l'ont avancé Bayle et JeanJacques, ce serait la société la plus parfaite. Le Christianisme fait un devoir de toutes les vertus civiles et politiques, et ne condamne autre chose, dans les diverses conditions, que les vices qui les déshonorent; et par la doctrine du renoncement

(1) Voyez, dans le numéro 20 des Annales de philosophie chrétienne, p. 82, l'abstinence des viandes reconnue très-salutaire à la santé par les docteurs Broussais, Rostan, Tourtelle, etpar les auteurs dų Dictionnaire des sciences médicales, qui, après avoir constaté l'utilité du jeùne, concluent en ces termes : « Les hommes reçoivent des pratiques du caréme la santé, l'allégement, surtout parmi les régions ardentes; ces pratiques adoucissent d'ailleurs le moral ramènent l'esprit vers des sentimens d'humanité, de modestie, et contribuent à la civilisation, à la pureté des mœurs. » (Dict. des sciences médic., art. Abstinence et Jeúne.)

à soi-même, si contraire aux passions, il fait que l'homme, s'oubliant lui-même, ne se sent, pour ainsi dire, qu'en autrui, et qu'il est toujours prêt à sacrifier l'intérêt personnel à l'intérêt de tous ! disposition magnanime qui assure le bonheur commun. De véritables chrétiens « seraient, dit Mon» tesquieu, des citoyens infiniment éclairés sur » leurs devoirs, et qui auraient un très-grand zèle » pour les remplir: ils sentiraient très-bien les » droits de la défense naturelle; plus ils croiraient » devoir à la religion, plus ils croiraient devoir à » la patrie. Les principes du Christianisme, bien » gravés dans le cœur, sont infiniment plus forts » que ces faux honneurs des monarchies, et ces » vertus humaines des républiques, et cette crainte » servile des états despotiques ». (Esprit des lois, liv. 111, Ch. VI. )

Le plan de la législation évangélique est, d'ailleurs, soutenu de tous les motifs qui peuvent nous aider à le remplir entièrement motifs plus puissants que toutes les considérations humaines, que tous les raisonnemens des philosophes, que toutes les maximes des moralistes.

Un Dieu présent à chacun de nous, témoin redoutable de nos moindres pensées, de nos moindres actions;

Un Dieu qui veille avec des regards de complaisance sur le juste ; qui permet pour son bonheur les maux qu'il éprouve; qui fait de toutes les créatures les instrumens et les ministres de sa pater

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