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que ces matières fondues, & rejetées par les volcans, coulent à la furface de la terre, ou qu'elles s'élèvent en colonnes ardentes au-deffus des cratères, elles attirent le fluide électrique des divers corps qu'elles rencontrent, & même des nuages suspendus au-dessus ; car l'on voit alors jaillir, de tous côtés, des foudres aériennes, qui s'élancent vers les matières enflammées, vomies par les volcans : & comme les eaux de la mer parviennent auffi dans les foyers des volcans, & que la flamme eft comme l'eau conductrice de l'électricité (e), elles communiquent une grande quantité de fluide électrique aux matières enflammées & élec

(e) « Il y a environ vingt ans que le nommé Aubert, faïancier à la tour d'Aigues, étant occupé à cuire une fournée de faïance, vit,ce avec le plus grand étonnement, le feu s'éteindre dans l'instant même, « & paffer d'un feu de cerife à l'obscurité totale. Le four étoit allumé «‹ depuis plus de vingt heures, & la vitrification de l'émail des pièces « étoit déjà avancée; il fit tous fes efforts pour rallumer le feu, &" achever fa cuite, mais inutilement. Il fut obligé de l'abandonner. ››

« Je fus tout de fuite averti de cet accident; je me tranfportai à fa fabrique, où je vis ce four, effectivement obfcur, confervant encore << toute la chaleur. ››

"Il y avoit eu ce jour-là, vers les trois heures après-midi, un orage, duquel partit le coup de tonnerre, qui avoit produit l'effet « dont je viens de parler. L'on avoit vu du dehors la foudre; le faïancier «< avoit entendu un coup qui n'avoit rien d'extraordinaire, fans appercevoir l'éclair ni lá moindre clarté ; rien n'étoit dérangé dans la cham-ce bre du four, ni au toit. Le coup de tonnerre étoit entré par la gueuless

trifées en moins; ce qui produit de nouvelles foudres, & caufe d'autres fecouffes & des explosions qui bouleverfent & entr'ouvrent la furface de la terre.

De plus, les substances vitreuses qui forment les parois des cavités des volcans, & qui ont reçu une quantité de fluide électrique, proportionnée à la chaleur qui les a pénétrées, s'en trouvent furchargées à mefure qu'elles fe refroidiffent: elles lancent de nou

"de loup, faite pour laiffer échapper la fumée, & placée perpendicu»lairement fur le four, avec une ouverture de plus de dix pieds »quarrés. ››

«Curieux de voir ce qui s'étoit paffé dans l'intérieur du four, j'affiftai à son ouverture deux jours après; il n'y avoit rien de caffé, ni "même de dérangé; mais l'émail appliqué fur toutes les pièces, étoit » entièrement enfuiné, & tacheté par-tout de points blancs & jaunes, » fans doute dûs aux parties métalliques, qui n'avoient point eu le tems. d'entrer en fufion. "

»Il est à croire que la foudre avoit paffé à portée du feu qui l'avoit attirée & absorbée, fans qu'elle eût eu le tems ni le pouvoir d'éclater. »

"Mais, pour connoître la force de cet effet, il est néceffaire d'être » inftruit de la forme des fours en ufage dans nos Provinces, lefquels. "font une maffe de feu bien plus confidérable que ceux des autres "pays, parce qu'étant obligé d'y cuire avec les fagots ou branches de. "pins ou de chênes verts, qui donnent un feu extrêmement ardent "on eft forcé d'écarter le foyer du dépôt de la marchandise. »

«La flamme parcourt dans ces fours plus de fix toifes de longueur.. Ils font partagés en trois pièces; le corps du four, relevé fur le terrein,,

velles foudres contre les matières enflammées, & produifent de nouvelles fecouffes qui fe propagent à des distances plus ou moins grandes, fuivant la difpofition des matières conductrices. Et comme le fluide électrique peut parcourir en un ínftant l'efpace le plus vaste, en ébranlant tout ce qui fe trouve fur fon paffage, c'est à cette caufe que l'on doit rapporter les commotions & les tremblemens de terre qui fe font fentir, prefque dans le même inftant, à de très-grandes

y eft conftruit entre deux voûtes, le dessous eft à moitié enterré, pour « mieux conferver la chaleur, & il eft précédé d'une voûte qui s'étend « jufqu'à la porte par laquelle l'on jette les fagots au nombre de trois ou quatre à-la-fois. On a l'attention de laiffer brûler ces fagots fans en «< fournir de nouveaux, jusqu'à ce que la flamme, après avoir circulé « dans tout le corps & s'être élevée, plus d'un pied, au fommet du four,< foit abfolument tombée. »

«Le four, dans lequel tomba le tonnerre, eft de huit pieds de largeur en quarré, fur environ dix pieds de hauteur : le deffous du four « a les mêmes dimensions, mais il est élevé seulement de fix pieds. On« l'emploie à cuire des biscuits & le mafficot, pour le blanc de la fournée « fuivante; quant à la gorge du four, elle est auffi de fix pieds de haut, mais de largeur inégale, puifque le four n'a pas quatre pieds de « largeur à fon ouverture. Il eft donc aifé de conclure, que la force,«. qui put, en un feul instant, anéantir une pareille masse ignée, dut «être d'une puiffance étonnante. » Extrait d'une lettre de M. de la Tour d'Aigues, Préfident à Mortier au Parlement de Provence, écrite à M. d'Aubenton, Garde du Cabinet du Roi, de l'Académie des Sciences, &c..

distances; car fi l'on veut juger de la force prodigieuse des foudres qui produifent les tremblemens de terre les plus étendus, que l'on compare l'espace immense & d'un très-grand nombre de lieues, que les fubftances conductrices occupent quelquefois dans le sein de la terre, avec les petites dimenfions des nuages qui lancent la foudre des airs, dont la force fuffit cependant pour renverfer les édifices les plus folides.

On a vu le tonnerre renverfer des blocs de rochers de plus de vingt-cinq toifes cubes : les conducteurs fouterrains peuvent être au moins cinquante mille fois plus volumineux que les nuages orageux; fi leur force étoit en proportion, la foudre qu'ils produisent pourroit donc renverfer plus de douze cens mille toises cubes; & comme la chaleur intérieure de la terre est beaucoup plus grande que celle de l'atmosphère à la hauteur des nuages, la foudre de ces conducteurs élec】 triques doit être augmentée dans cette proportion, & dès-lors on peut dire que cette force eft affez puiffante pour bouleverfer & même projeter plufieurs

millions de toifes cubes.

Maintenant fi nous confidérons le grand nombre de volcans actuellement agiffans, & le nombre infiniment plus grand des anciens volcans éteints, nous reconnoîtrons qu'ils forment de larges bandes dans plufieurs directions qui s'étendent autour du globe, & occupent des espaces d'une très-longue étendue dans

lefquels la terre a été bouleverfée, & s'eft fouvent affaiffée au-deffous, ou élevée au-deffus de fon niveau. C'eft fur-tout dans les régions de la zone torride que fe font faits les plus grands changemens. On peut fuivre la ruine des Continens terreftres, & leur abaiffement fous les eaux, en parcourant les Illes de la mer du Sud. On peut voir, au contraire, l'élévation des terres, par l'inspection des montagnes de l'Amérique méridionale, dont quelques-unes font encore des volcans agiffans: on retrouve les mêmes volcans dans les Isles de la mer Atlantique, dans celles de l'Océan Indien & jusques dans les régions polaires, comme en Islande, en Europe & à la terre de Feu à l'extrémité de l'Amérique. La zone tempérée offre de même dans les deux hémifphères, une infinité d'indices de volcans éteints; & l'on ne peut douter que ces énormes explosions auxquelles l'électricité fouterraine a la plus grande part, n'aient très-anciennement bouleverfé les terres à la furface du globe, à une affez grande profondeur, dans une étendue de plufieurs centaines de lieues en différens fens.

M. Faujas de Saint-Fonts, l'un de nos plus favans naturalistes, a entrepris de donner la carte de tous les terrains volcanifés qui fe voient à la furface du globe, & dont on peut fuivre le cours fous les eaux de la mer, par l'inspection des Ifles, des écueils & autres fonds volcanifés. Cet infatigable & bon obfer

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