Obrázky na stránke
PDF
ePub

vement? Savons-nous quelle cause secrète donne à un corps la puissance d'agir sur un autre? Connaissons-nous le mécanisme qui fait subir à nos alimens des métamorphoses à la fois nombreuses et variées? Il est donc certain et évident que nous ne pouvons nous empêcher de croire fermement beaucoup de choses qu'il nous est impossible de comprendre: et que serait la vie humaine si chacun ne pouvait que ce qu'il comprend?

croire

De là il résulte clairement qu'il est contraire à la raison de nier les choses sur ce fondement qu'on ne les comprend pas, ou, ce qui revient au même parce qu'on ne sait pas comment elles sont. Il n'est permis de nier que ce qui emporte contradiction, l'être et le non-être; et quand on ne voit de contradiction dans une chose, quoiqu'on n'en aperçoive pas distinctement la possibilité, la raison défend de la déclarer impossible.

pas

Nous avons dû insister sur la différence de ces deux mots concevoir et comprendre, parce que, nous l'avons déjà dit, la confusion affectée de ces deux notions est le principe d'un grand nombre de paralogismes des athées et des incrédules.

Appliquons maintenant cette différence à notre objet. Nous ne comprenons pas Dieu, cela est vrai; mais nous le concevons, c'est-à-dire que l'idée de son existence n'implique point contradiction dans notre esprit, et cela suffit évidemment pour que l'athée doive la croire, si elle lui est démontrée.

Je dis que nous concevons Dieu; car l'homme

le plus simple, quelque ignorant qu'il soit, quand on lui parle de Dieu, sait très-bien de quel être on lui parle; il attache à ce mot deux idées : relativement à cet être en lui-même, il le regarde comme souverainement parfait ; relativement à nous, il le considère comme le créateur des autres êtres.

De toutes les vérités, il n'en est aucune qui nous intéresse aussi essentiellement que le dogme fondan.ental de l'existence de la divinité; il n'en est non plus aucune qui réunisse une aussi grande quantité de preuves. Celles que nous allons exposer nous ont paru les plus propres à convaincre tout. homme de bonne foi.

S. I. L'ORDRE UNIVERSEL.

Rien au monde ne présente un ordre plus admirable que le monde lui-même. Quatre caractères merveilleux s'y font remarquer l'étendue de cet ordre, c'est-à-dire le nombre et la variété des rapports qui le constituent; l'exactitude et la juste correspondance de ces rapports entr'eux; leur constante stabilité; enfin la diversité, l'apparente contrariété des moyens qui l'établissent et le conser

vent.

Dans cette longue chaîne qui unit l'énorme grandeur des astres a l'extrême petitesse des êtres microscopiques, quelle prodigieuse quantité de substances, ayant chacune leur existence propre et individuelle! De tous les êtres considérés en particulier, il n'en est pas un seul qui ne soit formé de

parties dont l'asseinblage présente une relation de toutes ces parties, soit entre elles, soit avec le tout: Si l'on considère les êtres divers sous un point de vue plus général, on découvre que chacun a des rapports avec un grand nombre d'autres, depuis la dernière particule de la matière jusqu'à l'univers entier. Qui oserait entreprendre de décrire cette multiplicité, cette exactitude, cette justesse de rapports, d'où résulte la magnifique harmonie des êtres! Quel savant n'est forcé d'avouer que cet objet excède visiblement la capacité de l'esprit humain? La terre, par exemple, dans sa marche autour du soleil, se tient constamment à une distance proportionnée aux influences qu'elle doit recevoir: en présentant successivement à cet astre ses différentes faces, elle en tire une variété de température nécessaire à sa fécondité. Si le soleil était plus grand dans la même distance, la terre serait embrasée; si, dans la même distance, il était moins grand, la terre serait toute glacée et inhabitable ; si, dans la même grandeur, il était plus voisin de il nous enflammerait; si, dans la même grandeur, il était plus éloigné, nous ne pourrions vivre sur le globe terrestre, faute de chaleur. Les combinaisons à l'infini du feu, de l'air, de l'eau, de la terre, forment tous les corps, les entretiennent, et fournissent à chacun la juste mesure de ce qui lui est nécessaire. La structure des plantes est analogue à leur manière d'être, de se développer, dé s'accroître, et de se reproduire ; chaque animal a

nous,

une conformation adaptée à ses besoins, et qui va rie dans chaque espèce, selon sa manière de subsister. Jetons les yeux sur nous-mêmes: il n'est pas un de nos membres dont la construction et la correspondance des différentes parties ne soit un prodige; la relation de nos membres entre eux, l'utilité dont ils sont les uns aux autres, leur mesure exactement calquée sur nos besoins, le résultat de leur ensemble sont d'inépuisables sujets d'admiration. Voyez, en un mot, les plus vastes parties du monde, et les plus minutieuses des plus petits êtres; tout est à sa place, tout a ce qu'il faut pour tendre à son but et pour l'atteindre.

La stabilité, la perpétuité du même ordre redoublent l'étonnement d'un sage observateur. Les astres suivent le même cours sans jamais se rencontrer; et les comètes, qui suivent une marche opposée à celle des planètes, ne se trouvent sur la route d'aucun autre corps. Depuis des milliers d'années, le soleil continue, sans s'épuiser, d'éclairer et de féconder la terre; et la terre, de fournir de nouvelles productions, sans altérer sa fécondité. Il n'y a pas moins de permanence dans l'harmonie du soleil avec les eaux qu'il enlève de l'Océan, dans les harmonies de ces eaux, réduites en vapeurs, avec les montagnes qui hérissent notre globe, enfin dans les harmonies de la position de ces montagnes avec les besoins de toutes les parties de la terre, la verdure, les fleurs, les animaux et l'homme. Comment concevoir la variété, la stabilité de tant

de rapports, et particulièrement de ces ressorts constitués si fortement et si sagement ordonnés,qui font mouvoir le monde, sans recourir à une cause d'une intelligence infinie et toute-puissante? « L'é tonnante uniformité qui règne dans le système pla nétaire, dit Newton, ne ne peut être que l'effet du

choix et de la volonté ». Mais la même uniformité d'ordre se manifestant dans le reste de l'univers on est irrésistiblement amené à cette conclusion, que toutes ces choses ne peuvent provenir que d'un agent aussi habile que sage.

Et combien n'est-on pas confirmé dans cette persuasion, quand on considère la singularité et la contrariété apparente des moyens par lesquels cet ordre se conserve sans interruption ! Les élémens de la matière sont dans une opposition continuelle, et c'est par par leur combat que l'union se maintient. Le mouvement régulier des astres est le résultat de deux mouvemens opposés. L'accroissement des plantes est l'effet d'une combinaison de froid et de chaud, d'humidité et de sécheresse. L'air est formé d'un gaz mortel uni à un gaz actif et dévorant : l'oxigène et l'azote séparés, eussent donné la mort; réunis, ils alimentent la vie. L'eau est composée d'un fluide inflammable et d'un fluide qui aide à brûler; visible, elle est composée de deux éléinens invisibles; cachant le feu le plus violent, elle éteint la flamme et rafraîchit nos sens épuisés par la chaleur. Ainsi, tout est en opposition, et tout, depuis si long-temps, se tient dans le plus parfait concert.

« PredošláPokračovať »