Obrázky na stránke
PDF
ePub

pour témoigner sa joie, qu'elle illumine encore aujourd'hui les saints autels. Le feu qui brille dans ses temples et l'encens dont il élève le parfum vers le Ciel, sont l'antique emblême de l'ardeur qui doit élever nos prières jusqu'au trône du Roi des rois ( 1 ).

Les bénédictions que l'Eglise emploie, tantôt consacrent les instrumens du culte, les séparent de tout usage profane, et accroissent ainsi le respect des fidèles pour le calte lui-même; tantôt implorent et attirent les grâces et les bénédictions célestes sur nous, sur nos actions, sur nos biens sur les chefs qui nous gouvernent, sur les armées qui nous défendent.

Elle nous conduit, chaque année, autour de nos champs en adressant à Dieu des supplications solennelles, pour nous faire sentir que c'est de lui que nous vient la félicité, et pour lui demander l'abondance sur nos moissons.

Enfin, elle porte, avec majesté, le divin mystère de l'Eucharistie au milieu de nos habitations,

étalaut sur le passage de son divin époux la pompe et l'appareil les plus augustes, pour soutenir notre foi,* ranimer notre piété, exciter notre recounaissance, et réparer les ingratitudes des hommes.

Tous les rites du Christianisme sont donc à la fois pleins de sagesse et de dignité: pas un qui ne

( 1 ) Le feu est, d'ailleurs, un emblème de la vie; il est aussi un signe de la gloire: ou le portait devant les Empereurs et les ImpératriHérodien, lv. I. ) .

ccs.

soit l'expression d'un dogme ou d'un précepte; paş un qui ne soit un moyen efficace de fortifier en nous l'estime et l'amour de nos devoirs envers Dieu, envers nous-mêmes, envers nos semblables. Car la Religion, loin de substituer le culte extérieur aux vertus, défend de le séparer jamais du culte intéieur: celui-ci doit toujours être l'ame de l'autre;loin de conseiller ou de justifier les vaines cérémonies, les pratiques extraordinaires qu'une piété peu éclairée, une dévotion indiscrète, ou l'envie de se singulariser pourraient mêler à la majestueuse simplicité de ses rites, elle emploie les exhortations les défenses, les menaces, les censures pour en écar ter ce qui est inutile, pour prévenir ce qui pourrait en altérer la pureté, et surtout ce qui ressentirait la superstition. Si donc, malgré ses soins quelques abus viennent à se glisser, évidemment ils ne sauraient lui être imputés que par l'ignorance ou la mauvaise foi.

2

2.

Voyez, d'ailleurs, comme l'ensemble de ce même culte est en harmonie avec les intérêts de l'homme! Le Christianisme l'adopte dès le berceau, l'initie, dès la première adolescence, à ses redoutables mystères qui commandent si hautement la pureté et l'innocence de vie; il le marque ensuite d'un second sceau divin de perfection, et l'arme pour les combats qu'il doit livrer à l'esprit d'erreur et à ses mauvais penchans; à l'âge où son ame s'essaie et se mesure, pour ainsi parler, avec les charges et les devoirs de la vie civile, il lui présente le pain cé

leste, principe de force et de constance dans les sentiers souvent pénibles de la justice; il offre au cœur égaré ou mème corrompu par les passions une planche de salut après le naufrage, et lui rend moyennant l'aveu et le repentir, sa pureté, sa beauté première; il forme le nœud sacré de ceux que le Ciel appelle à la société conjugale, et bénit, au nom de Dieu, l'union de deux vies qui ne doivent plus être qu'une vie; il perpétue le ministère sacerdotal comme une source permanente de conseils, de consolations, de secours spirituels et temporels; enfin, au terme de la vie, il communique à son disciple le courage de la foi et la joie de l'espérance, il le soutient dans la douloureuse lutte de la nature contre la mort, recueille son dernier soupir, présente son ame à Dieu, en implorant pour elle la protection de ses bienheureux amis. et l'accompagne de ses prières et des mérites de son auguste sacrifice jusqu'aux pieds du Juge Suprême.

§. V. EFFETS DU CHRISTIANISME.

Pour apprécier les heureux effets du Christianisme, il faudrait non seulement en connaître tons les détails, mais voir encore l'art avec lequel il a varié ses dons, répandu ses secours, distribué ses trésors, ses remèdes, ses lumières, depuis dixhuit siècles. Nous n'en pouvons présenter ici qu'une faible esquisse.

[ocr errors]

Rien n'est, plus évident que l'égalité naturelle des hommes; néanmoins, pendant plus de vingt siècles et dans tous les pays, jusqu'à ce que la Religion chrétienne eut suffisamment établi son empire, l'esclavage fut toujours considéré comme une pièce pécessaire du gouvernement et de l'état politique des nations, dans les républiques comme dans les monarchies, sans qu'il entrât jamais dans la tête d'aucun philosophe de le condamner ni dans celle d'aucun législateur de l'attaquer, par des lois fondamentales ou par des lois de circonstance. Chez les Grecs et les Romains le nombre des trommes libres était bien inférieur à celui des esclaves. Athènes avait quatre cents mille esclaves, et vingt mille citoyens (1); à Rome, qui, u temps de Cicéron, comptait quinze cents mille habitans, il y avait à peine deux mille propriétai res (2) cela seul fait assez connaître le nombre immense des esclaves. Un seul citoyen en avait quelquefois des milliers à son service (3): on en vit un jour exécuter quatre cents d'une seule maison, en vertu de l'épouvantable loi qui ordonnait que, lorsqu'un citoyen romain serait tué chez lui, tous les esclaves qui habitaient sous le même toit, ou qui se trouvaient à portée d'entendre ses cris, fussent mis à mort ( 4 ).

(1) Athénée, liv. VI.

vénal, Sat. III. 140.

111

[ocr errors]

(2) Cicéron, De offic., II. 21. --- (3) JuPline, liv. XXXIII. Cap. 10: --- ( 4 ) Ces quatre

cents esclaves, qui appartenaient à Pédanius Secundus, furent suppli ciés sous Néron. (Tacite, Annal. XIV. 44.)

L'histoire des autres nations présente à peu près les mêmes exemples (1).

Les esclaves, à la merci d'un maître avare et de surveillans impitoyables, étaient accablés de travaux moins durs encore à supporter que les caprices cruels de leurs tyrans. Hors le temps du travail, ces malheureux, auxquels on enviait les plus vils alimens, étaient enchaînés à la campagne, dans des souterrains infects où l'air pénétrait à peine. Ils étaient obligés de souffrir toutes les insultes et les injustices sans résistance comine sans espoir d'y voir mettre un terme, puisqu'il n'y avait à attendre, pour eux, ni protection ni réparation. Les mauvais traitemens qu'on se per mettait à leur égard étaient évalués au même taux que le mal qu'on eût fait à une bête de somme. Ils étaient par fois sacrifiés à l'amusement d'une jeunesse barbare, qui se faisait un jeu de les massacrer dans les rues, ou̟ sur les grands chemins. ( 2 )

Telle était la disposition des sectateurs du pagarisme envers la portion la plus nombreuse de l'espèce humaine, qui aurait dû trouver en eux pitié et protection au lieu de cette oppression cruelle.

Dès que la Religion chrétienne parut sur la terre, elle adoucit l'esclavage et travailla constam

(1) Voyez-en la preuve dans l'ouvrage récent, intitulé: De la per fectibilité humaine, par A. M.

(2) On trouve dans le mème ouvrage : De la perfectibilité etc. (chap. XX. ), des détails affreux sur le sort des esclaves dans la famille Jaïenne, et sur l'inhumanité même des dames romaines à leur égard.

[ocr errors]
« PredošláPokračovať »