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de l'Univers. Cette inconféquence n'a rie opéré que leur honte & la confirmation du dogme catholique. Après avoir mis en piéces l'Evangile, il a fallu, par un enchaînement de conféquences, en venir à la tolérance univerfelle, à fraterniser avec les Juifs & les Mahométans, & nous. verrons que cette belle reffource eft la destruction infaillible de toute for & de toute Religion.

Voilà, Monfieur comme l'on s'égare, dès que l'on abandonne un moment le principe d'unité que Jefus-Chrift a établi C'eft encore ce que vous a représenté M. l'Archevêque de Paris, lorfqu'il vous a fait envifager les erreurs & la foibleffe de l'esprit humain

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comme une nouvelle raifon qui exige l'autorité de l'Eglife. Votre propre exemple en eft une preuve trop frappante; il devroit intimider pour jamais ceux qui feroient tentés de s'écarter de l'unique voie par laquelle JesusChrist a voulu nous conduire à la vérité.

Qu'avez-vous donc fait, en invectivant avec tant d'amertume contre les divifions en matiere de Religion ? Vous avez mis au grand jour les fuites funeftes de votre principe, qui eft celui de tous les fectaires; vous nous avez fait comprendre, ce que nous fçavions déja, que du moment

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où l'on abandonne le centre d'unité dans la foi, c'eft-à-dire, l'enfeignement public & uniforme de l'Eglife, la Religion n'eft plus qu'un chaos; que ce lien facré, loin de fervir à réunir les hommes, ne fert plus qu'à les divifer & à faire leur malheur.. C'est l'efprit particulier qui a été la fource de toutes les héréfies, de tous les fchif mes & de leurs fuites, & qui le fera juf qu'à la fin des fiécles. A tous ces maux, Ja tolérance que vous prêchez, eft un palliatif, & non un reméde; nous le verrons dans la Lettre fuivante.

Vous me demanderez peut-être pour quoi, en établiffant l'autorité de l'Eglife,, je n'ai point fuivi la méthode ordinaire des Théologiens qui la prouvent par PEcriture? Faites réflexion, Monfieur qu'il faut raisonner différemment, felon les principes divers que fuivent les adverfaires que l'on veut convaincre. Lorfqu'il a été befoin d'établir l'autorité de l'Eglife. contre les Proteftans, comme leur dogme fondamental eft que l'Ecriture feule doit fervir à décider les queftions en matiere de foi, les Controverfiftes Catholiques. fe font attachés principalement à démontrer l'autorité de l'Eglife par l'Ecriture. C'étoit alors, en termes de l'Ecole, un argument ad hominem; mais ils n'ont pas

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prétendu renoncer aux autres preuves que K'on peut apporter de cette même vérité. Quand il s'agit de la prouver à ceux qui n'admettent, ni l'autorité de l'Eglife ni celle de l'Ecriture, il faut néceffairement fuivre un ordre différent. Nous fou tenons qu'alors il faut commencer par prouver l'autorité de l'Eglife, & nous la prouvons, comme je l'ai fait, par la mif fion même des Apôtres & de leurs fucceffeurs, par la conftitution du Chriftianif me, par la néceffité d'un centre d'unité dans la foi. Nous nous en fervons enfuite pour appuyer tous les dogmes catholiques, & en particulier l'authenticité & la divinité de l'Ecriture; nous prétendons. même. que cette authenticité & cette di-vinité ne peuvent être folidement éta-blies fans l'autorité de l'Eglife. Ainfi le penfoit S.. Auguftin, lorfqu'il difoit : Je: ne croirois pas à l'Evangile, fi l'autorité de: Eglife Catholique ne m'y déterminoit.

Que répliquent à cela les Proteftans ? Ils nous reprochent de tomber dans un cercle vicieux, de prouver l'autorité de: P'Eglife par l'Ecriture, & l'Ecriture par F'autorité de l'Eglife.

Le ridicule de cette accufation faute aux yeux. Ce que l'on appelle un argument ad hominem eft-il un cercle vi

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cieux ? La preuve de l'autorité de l'Eglife contre les Proteftans par l'Ecriture, eft un argument de cette efpéce, c'est-à-dire, tiré de leurs propres principes. Nous leur difons: vous, Meffieurs, vous faites profeffion de regarder l'Ecriture comme un Livre divin, & comme la feule régle de votre foi: que vous ayez raison ou tort, c'eft ce que nous n'examinons pas à préfent or l'Ecriture enfeigne l'autorité de l'Eglife, & on vous le montre par un grand nombre de paffages: donc cette autorité eft prouvée par vos propres principes. Si vous n'admettiez, ni l'Eglife, ni l'Ecriture, nous nous y prendrions autrement. Encore une fois, eft-ce là un cercle vicieux ?

Quel eft donc l'ordre que fuit un Catholique dans l'examen des principes de fa foi Convaincu en premier lieu de l'autorité de l'Eglife, par les principes évidens que j'ai tâché d'établir, & par le fentiment de fon propre befoin, perfuadé enfuite de la divinité des Ecritures par l'enfeignement de l'Eglife, il voit avec fatisfaction dans ces Ecritures mêmes, les paffages qui attribuent à l'Eglife fon autorité. Il en eft confirmé plus efficacement dans fa croyance ; & indépendamment des preuves qu'il avoit déjail croit l'au

torité de l'Eglife, fur le témoignage de la parole de Dieu. Il ne tombe point alors dans le cercle vicieux, parce qu'il eft parti d'abord d'un principe différent, & que deux preuves qui fe foutiennent l'une l'autre, ne portent point à faux, quand l'une des deux eft encore foutenue fuffifamment d'ailleurs.

Vous voyez, Monfieur, que, malgré tant de calomnies & de clameurs, il n'y a rien que de jufte & de régulier dans cette méthode. Ces principes une fois établis vos objections qui n'ont plus le mérite de la nouveauté, tombent déja d'ellesmêmes, & ne fçauroient plus nous arrêter long-temps.

Parmi tant de Religions diverfes qui fe profcrivent & s'excluent mutuellement, une feule eft la bonne, fi tant eft qu'une le foit. Pour la reconnoître, il ne fuffit pas d'en examiner une, il faut les examiner toutes ; & dans quelque matiere que ce foit, on ne doit point condamner fans entendre, il faut comparer les objections aux preuves; il faut fçavoir ce que chacun oppofe aux autres,& ce qu'il leur répond ( a ).

Comment n'avez-vous pas apperçu que cette difficulté, fi elle étoit folide, vous incommoderoit autant que nous?

(a) Emile, tome 3, P. 146,

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