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De lui-même étonné, lentement il admire
Le monde, son séjour, et son futur empire;
Promenant avec joie un regard incertain,
Il sourit à la terre, aux rayons du matin;
Tout surprend, tout ravit, tout captive sa vue:
Et les bois, et les monts élancés dans la nue,
Et l'horizon des cieux, et l'horizon des mers,
Et le mobile émail dont les prés sont couverts.
Des nations de l'air il entend le ramage,

Le fracas des torrens, le doux bruit du feuillage,
Le murmure plus doux des ruisseaux argentés
Par le vent des forêts mollement agités.
L'instinct des voluptés conduit sa marche errante;
Il respire à longs traits, dans la plaine odorante,
Les esprits parfumés de ces naissantes fleurs
Dont son œil attentif admirait les couleurs.
Ses sens épanouis fécondent sa pensée;
Et déja vers les fleurs sa main s'est élancée.
Déja la faim, la soif, éveillent ses désirs;
Tous ses besoins nouveaux sont de nouveaux plaisirs:
Sa bouche, au sein des fleurs, savoure les délices
D'un miel pur, déposé sur leurs brillans calices;
Goûte ces végétaux, les premiers alimens,
D'une terre encor vierge utiles ornemens;
Boit l'humide cristal qu'épanche une fontaine
Qui, tombant des rochers, désaltère la plaine.
Cependant il soupire; et, déja tourmenté,
Parcourt avec dégoût ce rivage enchanté.

Tout est beau devant lui; mais tout est solitude; L'univers, pour calmer sa vague inquiétude, Étale vainement cent prodiges divers :

Un être manque à l'homme, et manque à l'univers.

FRAGMENS D'UN POEME

SUR

LES CAMPAGNES D'ITALIE.

L'Italique', en son âme, agrandie et charmée,
Déroule les destins promis à son armée.
Cependant la trompette a sonné le réveil :
Les Français, devançant le retour du soleil,
Ont marché vers le fleuve; et déja leur présence
A subjugué de loin les remparts de Plaisance.
Penser, exécuter, n'est pour eux qu'un instant.
Loin des murs de Pavie, où Beaulieu les attend,
Ils franchissent les flots sur cent barques rapides.
L'airain menace en vain ces guerriers intrépides;
Et l'Éridan vaincu sourit à leur aspect.
Sur la rive opposée il porte avec respect

1. Napoléon fut appelé, en 1796, au commandement en chef de l'armée française en Italie; et ses conquêtes lui valurent le surnom d'Italique.

2. Beaulieu, général autrichien, commandait l'armée ennemie à cette époque.

Joubert, que le péril trouve toujours paisible;
La Harpe l'invaincu, Masséna l'invincible;
Augereau, dont le bras porte des coups certains;
Berthier, dont le coup d'œil enchaîne les destins.
Sur les flots étonnés leur marche triomphante
Dans le camp de Beaulieu va semer l'épouvante.
Il voit de Fombio les murs abandonnés,

Les Français triomphans, ses soldats consternés.
Le vainqueur les poursuit; et l'Adda sur ses rives
Accueille avec frayeur leurs bandes fugitives.
Mais vous, Français ! pleurez : quand l'aigle a succombé,
Atteint du plomb mortel, un héros est tombé:
C'est La Harpe. Il naquit sur les monts helvétiques;
Il suça les vertus de ces guerriers rustiques
Qui, bravant de Gesler les insolentes lois,
Les premiers dans l'Europe ont aboli les rois.
Sa bouche en expirant fait des vœux pour la France.
Ah! le Ciel remplira ta sublime espérance,
Chef digne des Français! tu ne perds point ta mort:
Beaulieu vient de ployer sous ton dernier effort.
La victoire te suit dans ta demeure sombre.
Adieu! la terre illustre où repose ton ombre
Sera toujours légère, et couverte de fleurs;
Et les enfans du brave y verseront des pleurs.

Le superbe Éridan contemple avec ennui,
Et les champs qu'appauvrit l'opulence des villes,
Et ses flots condamnés à des tributs serviles.

Tout à coup des Français il voit les étendards,
Et cette Liberté dont les rians regards
En des tems plus heureux égayaient son rivage:
Le fleuve, impatient d'un trop long esclavage,
Reconnaît la déesse, et bénit son retour.

Mais le jour baisse et fuit; la nuit règne à son tour.
Tout dort; le héros veille, et médite sa gloire.
Un doux repos, si doux quand il suit la victoire,
Couvrait le camp français, et la terre et les cieux;
Zéphyr berçait les flots purs et silencieux;
Et la lune argentait le fleuve et la prairie,
Lorsque des vieux Romains l'immortelle Patrie,
D'un pas majestueux sortant du fond des bois,
Apparaît au héros, non telle qu'autrefois
Aux bords du Rubicon César la vit descendre:
Pâle, les yeux baissés, le front couvert de cendre,
Reprochant au vainqueur ses coupables succès,
Et du fleuve sacré lui défendant l'accès;
Mais conservant l'orgueil de sa gloire éclipsée;
Portant sur l'avenir sa lointaine pensée;
Les yeux levés au ciel, le front paré de fleurs.

<«< Salut! jeune héros, qui viens sécher mes pleurs, <«< Dit-elle: ah! je me joins aux drapeaux de la France; « Et mon cœur oppressé ressaisit l'espérance. << Souvent, lorsque d'un roi le sacrilége orgueil <«< Dans mes champs violés venait porter le deuil, <<< Ma voix contre Brennus redemandait Camille;

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