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Seconde règle du philosophe : Quand la raison générale des hommes, ou le sens commun, paroît attester des choses incompréhensibles, et où la raison particulière ne peut atteindre, il faut ramener la raison générale au sens dont la raison particulière peut s'accommoder, quoiqu'on semble faire violence

au sens commun.

Seconde règle de l'hérétique: Où l'Ecriture paroit enseigner des choses inintelligibles, et où la raison ne peut atteindre, il la faut ramener au sens dont la raison peu s'accommoder, quoiqu'on semble faire violence

au texle.

Enfin l'hérétique qui est conséquent finit par douter de l'Écriture; et le philosophe qui est conséquent finit par douter de la raison.

Principes, conséquences, tout est donc commun entre le philosophe et l'hérétique; jamais il n'exista d'identité plus parfaite, et leur méthode consiste à se réserver toujours le droit de nier. Montrons maintenant comment celle que nous exposons dans l'Essai s'accorde sur tous les points avec la méthode catholique.

CHAPITRE XVI.

Conformité de la méthode exposée dans l'Essai avec la méthode catholique.

Pour abréger, nous appellerons celui qui règle ses croyances et sa conduite sur les principes exposés dans l'Essai, nous l'appellerons, dis-je, simplement l'homme; et en effet, l'homme ne subsiste que dans la société et par la société universelle du genre humain et nous appellerons le catholique simplement chrétien, parce qu'en effet on n'est chrétien que dans la société et par la société universelle ou catholique des chrétiens.

L'homme croit à l'autorité infaillible du genre humain, comme le chrétien croit à l'autorité infaillible de l'Église.

L'homme reconnoît qu'il peut se tromper dans les choses mêmes qui lui paroissent les plus claires et les plus évidentes, et qu'il se trompe effectivement, si sa raison particulière

est en opposition avec la raison du genre humain. Le chrétien reconnoît qu'il peut se tromper dans les choses mêmes qui lui paroissent les plus claires et les plus évidentes, et qu'il se trompe effectivement, si sa raison particulière est en opposition avec les jugemens de l'Église.

Ce que le genre humain atteste être vrai, l'homme le croit, qu'il le comprenne ou non. Ce que l'Eglise atteste être vrai, le chrétien le croit, qu'il le comprenne ou non.

Ce que le genre humain atteste être faux, l'homme le rejette, quand même il ne concevroit pas comment il peut être faux. Ce que l'Église atteste être faux, le chrétien le rejette, quand même il ne concevroit pas comment il peut être faux.

Il y a des vérités générales unanimement attestées dans tous les siècles que l'homme admet sur le témoignage du genre humain. Il y a des vérités générales unanimement attestées dans tous les siècles que le chrétien admet sur le témoignage de l'Église.

II y a des vérités moins générales, des lois, des faits, que l'homme admet sur un témoignage non universel, soit quant aux temps,

soit quant aux lieux. Il y a des vérités moks générales, des lois, des faits, que le chrétien admet sur un témoignage non universel, soit quant aux temps, soit quant aux lieux ainsi, par exemple, le chrétien reconnoît certains faits historiques, certaines lois de discipline, sur un témoignage non universel quant aux lieux; et il croit au développement de certaines vérités, en un mot aux décisions des conciles œcuméniques, sur un témoignage non universel quant au temps.

Il y a des choses que le genre humain ne décide point, et dont les hommes peuvent disputer sans blesser son autorité. Il y a des choses que l'Eglise ne décide point, et dont les chrétiens peuvent disputer sans blesser son autorité. Ce sont des opinions, c'est-àdire, des croyances incertaines. Mais s'il arrive que l'autorité générale des hommes, ou l'autorité générale de l'Église, prononce sur ces questions, l'homme et le chrétien doivent se soumettre au jugement de l'autorité générale, le premier sous peine de folie ou sous peine de mort pour sa raison, le second sous peine d'hérésie ou sous peine de mort pour sa foi.

Sur tout ce qui n'est pas décidé de la sorte, c'est-à-dire, sur les opinions, il n'y a nul accord entre les hommes, non plus qu'entre les chrétiens.

Plus l'homme a de raison, plus les croyances générales du genre humain lui paroissent vraies. Plus le chrétien a de raison, plus il aperçoit la vérité des croyances générales de l'Église.

En d'autres termes Plus l'homme a de raison, plus elle est conforme à la raison universelle des hommes dans les choses humaines; plus le chrétien a de raison, plus elle est conforme à la raison universelle de l'Église, ou à la raison de Dieu, dans les choses divines.

La certitude des pensées de l'homme dans les choses humaines dépend de leur conformité avec les jugemens du genre humain ou avec la raison humaine. La certitude des croyances du chrétien dépend de leur conformité avec les décisions de l'Eglise ou avec la raison divine.

On peut faire des objections sans fin, et plus ou moins spécieuses, contre les croyances générales du genre humain, et contre son

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