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Ne faut-il pas faire violence à la raison, pour ne pas reconnaître l'existence d'une cause suprême, intelligente et puissante, qui a mesuré tous ces moyens avec tant de justesse, que les plus légers

changemens dans leur proportion bouleverseraient le monde?(4)

§. II. LES CIEUX.

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Guidés par la science, considérons, en détail quelques parties de l'univers. Regardons d'abord cette voûte immense où brillent les astres. Quek spectacle! Quel amas de merveilles! Au milieu de cette multitude innombrable de globes resplendissans, je vois Jupiter et ses quatre satellites, Saturne entouré d'un anneau lumineux et de sept lunes étincelantes; je contemple la pompe majestueuse

( 1 ) Voici un trait raconté par un écrivain digne de foi. Après un diner fort assaisonné d'athéisme, Diderot proposa de nommer un avocat de Dieu, et l'on choisit l'abbé Galiani. Il s'assit, et débuta ainsi :

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six dés dans un

Un jour, à Naples, un homme prít, devant nous, cornet, et paria d'amener rafle de six. Il l'amená du premier coup. Je dis: cette chance était possible. Il l'amena une seconde fois ; je dis la même chose. Il remit les dés dans le cornet, trois, quatre, cinq fois ; et tous jours rafle de six. Sangue di bacco ! m'écriai-je, les dés sont pípés; et ils Fétaient.

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Philosophes, quand je considère l'ordre toujours renaissant de la na ture, ses lois immuables, ses révolutions toujours constantes dans une infinie variété, cette chance unique et conservatrice d'un monde tel que nous le voyons, qui revient sans cesse, malgré cent autres millions de chances de perturbation et de destruction possibles, je m'écrie: Certes, la nature est pipée ! »

Cette saillie originale ne mit pas sans doute les rieurs du côté de l'athe isme. Leçons de philosophie, par Flotte.)

de Mars, de Vénus et de la Terre.; je m'approche du Soleil, je le vois fixe au centre de l'univers, versant des fleuves de lumière sur tous les mondes emportés autour de lui. Mais quelle main les a suspendus? Quel sublime géomètre a présidé aux lois qui dirigent leur cours, mille fois plus prompt que le mouvement de la foudre? Ils conservent toujours, depuis la naissance des temps, leur vitesse et leur direction; ils s'élancent d'un point donné roulent dans leurs orbites, reviennent à une époque fixe au point d'où ils sont partis. Dans le mouvement perpétuel et simultané de ces masses énormes, quelles impulsions et quelles résistances, quel balancement continuel et quelle harmonie! Comme tout est admirablement enchaîné, comme tout concourt à l'ordre universel!

Placé dans un coin à peine perceptible de cette sphère infinie de l'espace, dont le centre est partout et la circonférence nulle part, mon imagination est éblouie, éperdue, confondue; mon entendement est abîmé dans cet océan sans rivages, ой les merveilles sont semées comme le sable sur le bard des mers. Puis-je méconnaître la voix de tant de hérauts célestes, qui ne cessent d'annoncer la sagesse, la puissance, la science de leur auteur? Nou, dans les chefs-d'oeuvre de la mécanique humaine, il n'y a ni autant d'industrie, ni autant de justesse que dans cette prodigieuse combinaison de mouvemens. Personne ne doute qu'une sphère armillaire ne soit l'ouvrage d'un habile artiste se

pourrait-il que la copie fût d'une intelligence, et que l'infini merveilleux de l'original ne le fût pas ? (1)

§. III. LES INFINIMENT PETITS,

Si de l'immensité des cieux je descends à la petitesse extrême, j'y trouve une espèce d'infini qui mẹ jette dans un étonnement égal. A l'aide du microscope, je considère ces animalcules qui sont des mil

(1) « Supposons toutes les planètes aussi rapides que Mercure ou aussi lentes que Saturne et ses satellites, supposons leurs différens degrés de vitesse beaucoup plus considérables ou beaucoup moindres qu'ils ne le sont, ( et ils auraient pu l'être s'ils avaient eu une autre cause que la faculté de gravitation); supposons qu'avec le même degré de vitesse, les planètes se meuvent autour des centres à de plus grandes ou à de moindres distances; admettons que la quantité de matière qui existe dans le Soleil, dans Saturne, Jupiter et la Terre, et par conséquent, le pouvoir de gravitation de ces corps, soient plus considérables ou moindres qu'ils ne le sont en effet, et alors les planètes principales ne tourneront point autour du Soleil en cercles concentriques, les planètes secondaires n'exécuteront point le même mouvement autour de Jupiter, de Saturne, et de la Terre on les verra se mouvoir dans des directions hyperboliques ou paraboliques, ou en ellipses très-excentriques. Pour ordonner ce systême avec son ensemble admirable de mouvemens, il fallait une cause qui jugeât et comparàt les quantités diverses de matière qui devaient entrer dans la formation du Soleil et des Planètes, qui appréciât la puissance de gravitation résultant de ces différences, réglât les distances à établir entre le Soleil et les Planètes principales de même qu'entre Saturne, Jupiter, la Terre et les Planètes secondaires, et qui assignât aux Planètes le degré juste de vélocité qu'elles devaient avoir pour accomplir leur révolution autour des corps placés au centre. Afin de mettre en rapport et d'ajuster toutes ces choses dans un ensemble de corps si variés, il a fallu bien certainement non pas une cause fortuite ou aveugle, mais l'intelligence du géomètre le plus habile, et du mécanicien le plus consommé. ( New? ton, tre, lettre à Bentley.),

lions de fois plus petits qu'un grain de poussière ; ils ont leur tête, leur bouche, leurs yeux, et dans ces yeux leurs fibres, leurs muscles et leurs prunelles; ils ont des jambes, des pieds formés comme ceux des plus grands animaux ; ils ont, dans chaque partie de leur corps, des muscles, des nerfs, des veines, des artères, du sang; dans ce sang, des esprits, des parties rameuses et des humeurs; dans ces humeurs, des gouttes composées elles-mêmes de diverses parties, sans qu'on puisse jamais s'arrêter dans cette composition infinie d'un tout si infini, Et de ce tout, dont aucun effort d'esprit ne peut nous faire comprendre la délicatesse, résulte, dans la proportion la plus exacte, un être vivant et animé, qui a des alimens propres, et ses fonctions comme les autres corps ; la trituration, la digestion, la circulation du sang.

O le plus étonnant des prodiges! ce moi qui était, il n'y a qu'un moment, un point imperceptible, se trouve actuellement un colosse à l'égard de ces atômes vivans dont les dimensions lui échappent. Ainsi suspendu entre les deux abîmes de l'infini, ravi à moi-même par l'admiration d'un mécanisme incompréhensible, j'adore, malgré moi, l'ouvrier qui me présente des témoignages invincibles de son habileté sublime. Oni, le corps d'un ciron me démontre une profondeur et une unité de desseins, une finesse et une harmonie de ressorts qui m'atterrent et me subjuguent. (4)

( 1 ) « Convenez, disait Diderot dans un moment de bonne foi, con

§. IV. L'HOMME ET LES ANIMAUX,

Des infiniment petits je passe aux êtres animés où mon œil, sans le secours de l'art, peut chercher de nouvelles traces de la divinité. Je vois d'abord les animaux, munis de ressorts habilement coordonnés, qui, dans les périls soudains, augmentenț Jeur force, leur agilité pour échapper à l'objet qui les menace, J'y vois le moyen de se renouveler par jes alimens, de faire leur substance propre d'une substance étrangère par une admirable métamorphose. Je vois à la nourriture se joindre le sommeil, espèce d'enchantement dans lequel tout mouvement qui userait les forces est suspendu, et tout mouvement propre à les renouveler s'exerce seul et librement, Je vois les individus vieillir, passer et disparaître; je vois les espèces permanentes dans

venez qu'il y aurait de la folie à refuser à ses semblables la faculté de penser » --- « Sans doute; mais que s'ensuit-il de là? » --- « Il s'ensuit que si le corps d'un ciron m'offre des traces mille fois plus distinctes d'une intelligence, que vous n'avez d'indices que votre semblable a la faculté de penser, il est mille fois plus fou de nier qu'il existe un Pieu, que de nier que votre semblable pense. Or, que cela soit ainsi, c'est à vos lumières, c'est à votre conscience que j'en appelle. Avez-vous jamais remarqué dans les raisonnemens, dans les actions et dans la conduite de quelque homme que ce soit, plus d'intelligence, d'ordre, de sagacité, * de conséquence, que dans le mécanisme d'un insecte? La Divinité n'estelle pas aussi clairement empreinte dans l'oeil d'un ciron, que la faculté de penser dans les écrits du grand Newton? Quoi! le monde formé prouverait moins d'intelligence que le monde expliqué? Quelle assertion!..... L'intelligence d'un premier Être ne m'est-elle pas mieux démontrée par ses ouvrages, que la faculté de penser dans un philosophe par ses écrits?..... Songez donc que je ne vous objecte que le corps d'un ciron, quand je pourrais vous écraser du poids de l'univers. »>

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