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Cette croyance étoit fondée, en premier lieu, sur la tradition primitive. Il y a eu des prophètes dès le commencement (1). Le premier homme apprit de Dieu qu'il sortiroit de la femme une semence bénie qui écraseroit la tête du serpent (2). Hénoch, suivant saint Jude et Philon (3), Noé (4), Abraham (5), Isaac (6), Jacob (7), Joseph (8), reçurent de Dieu l'esprit prophétique ; et l'on a vu que tout le genre humain avoit conservé le souvenir des antiques oracles, qui annonçoient au monde un Libérateur (9).

posse censeat. Cicer., De Divinat., lib. I, cap. I, n. 1 et 2. -Vid. et. Origen. cóntr. Cels., lib. I, n. 36. Machiavel, Disc. sur Tite-Live, I, 56. M. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, XI entret., not., tom. II, p. 348 et suiv.

(1) Genes. III, 15.

(2) S. Jud. epist. 14.

hæres., p. 517.

(3) Genes. VI.

(4) Ibid., XX, 7.

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Phil. lib. Quis rerum divin.

(5) S. Epiphan. adv. hæres., p. 6.

(6) Genes., XXVII, 27 et seq.

(7) Ibid, XLIX.

(8) Ibid., XXXVII.

(9) Voyez le chapitre XXVII.

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Secondement, Dieu ne cessa point, même depuis la loi écrite, de susciter parmi les gentils de véritables prophètes, pour procurer à tous les hommes le moyen de parvenir au salut, et pour assurer en particulier celui des élus. Balaam en offre un exemple. « Dans tous les temps, dit Origène, la sagesse divine descendant dans >> les âmes des justes, en a fait des prophètes et » amis de Dieu (1). »

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Saint Augustin s'exprime sur ce point en des termes non moins exprès. «S'il y a eu des prophètes chez le peuple juif, il y en a eu aussi » chez les autres peuples, et ils ont prédit des » choses qui regardent Jésus-Christ (2). » Et encore : « On croit avec raison qu'il y a eu chez » les autres nations des hommes à qui le mys» tère de Jésus-Christ a été révélé, et qui ont été poussés à le prédire (3). »

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(1) Origen. contr. Cels., lib. IV, n. 7. Traduct. de Gourcy.

(2) Siquidem de populo Judæorum fuerunt prophetæ, per quos Evangelium, cujus fide credentes justificantur, ante promissum esse testatur....; fuerunt enim et prophetæ non ipsius, in quibus etiam aliqua inveniuntur quæ de Christo audita cecinerunt. S. Aug., Epist. ad Rom. inchoat. Exposit., cap. III, part. II, tom. III, col. 926.

(3) Non incongruè creditur fuisse et in aliis gentibus

Clément d'Alexandrie n'en doutoit point, et ses paroles montrent même qu'il regardoit ce sentiment comme une tradition apostolique (1). Il ne faut pas s'étonner de l'entendre nommer les Sibylles. Presque tous les anciens Pères (2), et saint Augustin lui-même (3), les ont crues

homines, quibus hocmysterium revelatum est, et qui hoc etiam prædicere impulsi sunt. De Civit. Dei, l. XVIII, cap. XLVII, tom. VII, col. 530.

(1) Quod enim quemadmodùm Judæos Deus salvos esse voluit, dans eis prophetas, ità etiam Græcorum spectatissimos proprie suæ linguæ prophetas excitatos prout poterant capere Dei beneficentiam, à vulgò secrevit, præter Petri predicationem, declarabit Paulus Apostolus dicens: Libros quoque sumite, agnoscite Sibyllam quomodo unum Deum significat, et ea quæ sunt futura : et Hydaspen sumite et legite, et invenietis Dei filium multò clariùs et apertiùs esse scriptum, et quemadmodùm adversus Christum multi reges instruent aciem, qui eum habent odio, et eos qui nomen ejus gestant, et ejus fideles, et ejus tolerantiam et adventum. Clem. Alexand., Strom, lib. VI, p. 636.

(2) S. Justin. Cohort. ad Græc., p. 34, 36. Lact., Divin. Instit., lib. IV, cap. XV.

(3) Omninò non est cui alteri præter Dominum Christum, dicat genus humanum :

Te duce, si qua manent sceleris vestigia nostri,
Irrita perpetuâ solvent formidine terras.

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véritablement inspirées. On a tout lieu de croire que, sous ce nom, qui ne désigne aucun personnage certainement connu, de vraies prophéties avoient cours chez les Grecs et chez les Romains. Quoiqu'on en ignorât les auteurs, elles ne laissoient pas de produire leur effet, en dirigeant la foi et l'espérance des justes vers le Sauveur attendu, et en préparant les peuples à le reconnoître. Il est possible qu'on ait attribué faussement plusieurs prophéties aux sibylles;' cependant Lactance, après en avoir cité de trèsfrappantes, assure que quiconque a lu Cicéron, Varron, et d'autres écrivains qui vivoient avant Jésus-Christ, ne pensera point qu'elles soient supposées (1).

Quod ex Cumæo, id est, ex Sybilling carmine se fassus est transtulisse Virgilius; quoniam fortassis illa vates ali-quid de unico Salvatore in spiritu audierat, quod necesse habuit confiteri. S. August., Epist. CCLVIII ad Martian., n. 5, tom. II, col. 884.

(1) His testimoniis quidam revicti solent eò confugere ut aiant, non esse illa carmina Sibyllina, sed à nostris conficta, atque composita : quod profectò non putabit, qui Ciceronem, Varronemque legerit, aliosque veteres, qui Erythræam Sibyllam, cæterasque commemorant, quarum ex libris ista exempla proferimus: qui autores antè obierunt, quàm Christus secundum carnem nasceretur. Lactant., Divin. instit., lib. IV, cap. XV.

Au reste, nous prions de bien remarquer que nous ne nous autorisons d'aucune de ces prédictions incertaines. Si nous en parlons, c'est uniquement pour montrer que les Pères ont cru, que l'esprit prophétique étoit répandu chez tous les peuples (1), quoique sans doute

(1) Saint Thomas le dit expressément. « Dicendum, » quod multis gentilium facta fuit revelatio de Christo : » ut patet per ea, quæ predixerunt. » 2. 2 Quæst. II, art. VII. C'est aussi ce que pensoient Sixte de Sienne et le savant évêque d'Avranches. Le premier s'exprime ainsi : « Gentilibus verò, si qui absque Mediatoris notitiâ >> salutem sunt assecuti, sæt fuit habere fidem in unicâ >> Dei credulitate inclusam; hoc est ut Deum esse crede» rent humani generis servatorem, juxta ordinem in suâ >> admirabili Providentiâ occultum, et aliquibus ipsorum » vatibus, ac sibyllis peculiari privilegio revelatum.» Sixt Senens., Biblioth. sancta, lib. VI. Annot. LI, p. 490. Voici maintenant les paroles de Huet, qui attribue une véritable inspiration à Confucius : « Quodque multò magis mirere, scriptum reliquit in libris suis magnus ille >> sinicæ doctrinæ antistes Confucius, Verbum aliquando carnem futurum; annumque quod id facturum esset, eum » nempè ipsum quo Christus Dominus natus est, animo » prævidit. » Alnetan. Quæst., lib. II, cap. XIII, p. 235. Les musulmans croient que Dieu a successivement envoyé dans le monde un grand nombre de prophètes, et Sale présume qu'ils tiennent cette tradition des Juifs et des chrétiens. Prelim., Discourse on the Koran, sect. IV, vol. I, p. 99.

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