ODE V. A PYRRHA. Au fond de cette grotte embaumée et discrète, Quel est ce jeune enfant, d'huiles tout parfumé, Qui vous presse, Pyrrha, sur son cœur enflammé? Dans ces simples atours, au sommet de la tête, Pour qui relevez-vous l'or de vos longs cheveux? Lancé sur cette mer, qu'agitent tant d'orages, Que de fois, accusant l'inconstance des dieux, Il pleurera vos perfides outrages, Lui qui, novice et trop crédule encor, Dans vos bras caressants croyait à l'âge d'or, Et, sans soupçon de la brise changeante. Vous espérait, dans l'orgueil de son choix, Toujours libre et toujours aimante! Malheur à qui vous voit pour la première fois! Pour moi, loin désormais de ces ondes perfides, J'ai, de mes mains, à leur terrible dieu, Dans le tableau qui consacre mon vœu, Offert mes dépouilles humides. CARMEN VI. AD AGRIPPAM. Scriberis Vario fortis et hostium Quam rem cumque ferox, navibus aut equis, Nos, Agrippa, neque hæc dicere, nec gravem Pelidæ stomachum cedere nescii, Nec cursus duplicis per mare Ulyxei, Nec savam Pelopis domum Conamur, tenues grandia : dum pudor Laudes egregii Cæsaris et tuas Culpa deterere ingenî. Quis Martem tunica tectum adamantina. Tydiden superis parem? ODE VI. A AGRIPPA. Digne héritier de la lyre d'Homère, Varius dira tes exploits, Et ton courage, et, sur l'onde et sur terre, Tout ce qu'ont fait de grand nos soldats à ta voix. Je ne puis, Agrippa, chanter ni tes victoires, Ni d'Achille offensé l'inflexible courroux, Ni les courses d'Ulysse, au gré d'un sort jaloux, Ni des fils de Pélops les sanglantes histoires. Mes efforts trahiraient des sujets aussi grands; La Muse qui préside à mes faibles accents, Une défiance trop juste, Tout m'interdit d'amoindrir dans mes chants Et ton éloge et la gloire d'Auguste. Qui peindrait dignement et le dieu des combats Sous son impénétrable armure; Et le héros dont, gràces à Pallas, Avec les dieux l'audace se mesure; Et l'intrépide Mérion Noir de poudre et de sang sous les murs d'illion? |