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lente que les autres; toutefois il ne fut donné qu'à son fils Maurice (1541) de consommer la révolution dans le duché. Dans l'électorat de Brandebourg, le changement de religion avait, à la même époque, des conséquences analogues: Joachim I", prédécesseur de Joachim II (1539), gagné au lutheranisme par sa mère, trouva dans Mathias de Jagow un évêque qui mit lui-même la main avec le zèle le plus ardent à la destruction de l'antique Église de Pierre (1). La maison de Bavière restait encore alors fermement dévouée à la foi catholique; mais, sous le règne de Frédéric II, et surtout à dater de celui d'Othon-Henri (1556), le luthéranisme envahit aussi le Palatinat, ainsi que le Wurtemberg. Il fut puissamment secondé par Philippe de Hesse, à l'influence duquel le duc Ulrich dut son rappel dans ce dernier État, d'où il avait été banni (1534), et qui consacra tout son règne à gagner à la nouvelle doctrine les petits États de l'Empire, comme le Mecklembourg, Waldeck et plusieurs autres. Le même succès couronna les efforts de l'électeur de Saxe dans les États d'Anhalt et de Mansfeld, et ceux du duc de Brunswick-Lunebourg dans Hoya et Diepholz. Il n'y eut pas jusqu'à l'archevêque de Cologne, Hermann de Wied, qui, en l'année 1543, ne passât au protestantisme, ce qui ne l'empêcha point de se voir dépossédé de son siége par la révocation de son titre.

En présence de ces envahissements du protestantisme, les États catholiques cherchèrent un secours dans la constitution de l'empire; mais les adhérents du symbole luthérien formaient un puissant parti politique (2), qui n'entendait se laisser tracer aucune limite, fût-ce même en vertu des lois de l'État, et se mirent ouvertement en opposition avec la constitution germanique. Telle fut l'attitude que prit, notamment, la confédération de Schmalkade, formée dès l'année 1531, et qui reçut par la suite une extension très-considérable. Les princes confédérés s'engageaient à s'assister mutuellement dans le cas où l'un d'eux, ou un de leurs sujets, serait attaqué ou violenté pour cause de religion, ou toute

(1) Menzel, loc. cit., vol. II, p. 152. — Riffel, loc. cit., vol. II, p. 682. (2) Menzel, loc. cit., vol. II, p. 17 sqq.

chose s'y rattachant. Les progrès de cette ligue, cause permanente de trouble pour la paix du pays, et qui s'était permis, entre autres attentats, de chasser de ses États Henri de Brunswick (1542) (1), forcèrent l'empereur de prendre les armes et de marcher contre les hérétiques. La victoire de Charles-Quint (2), près de Mühlberg (24 avril 1547), où Maurice, duc de Saxe, et Jean-Georges, électeur de Brandebourg, combattaient aux côtés de l'empereur, releva la cause du catholicisme (3); mais la perfidie de Maurice de Saxe la compromit de nouveau, et ce premier avantage fut entièrement perdu. Maurice avait obtenu la dignité d'électeur à la place de Jean-Frédéric, fait prisonnier à la bataille de Mühlberg, puis condamné à mort, mais gracié par CharlesQuint, qui avait commué sa peine en une prison perpétuelle. Chargé d'exécuter la sentence qui mettait la ville de Magdebourg au ban de l'empire, il tomba tout à coup, après avoir conclu un traité d'alliance avec la France, sur l'empereur, qui n'était nullement préparé à cette agression subite, en même temps que son allié, le roi Henri II, enlevait à l'empire Metz, Toul et Verdun. Charles se vit forcé de signer le traité de Passau (1552), qui annulait tout ce qui avait été stipulé après la victoire de Mühlberg, par l'insertion de plusieurs clauses provisoires, posait les bases du traité de paix religieuse conclu à Augsbourg, en 1555, entre les États catholiques et ceux de la confession d'Augsbourg. Par ce traité, l'empire d'Allemagne était transformé en État paritétiste, tandis que la position des souverains protestants vis-à-vis de l'Église catholique demeurait, dans leurs États respectifs, la même que précédemment.

C'est ainsi que s'établit l'égalité religieuse des États immédiats de l'empire, égalité très-incomplète, qui ne profita, relativement, qu'à un bien petit nombre d'individus, et qui eut toujours pour

(1) Elster, Charakteristik Heinrichs des Jüngern, Herzogs zu Braunschweig und Lüneburg. Braunschweig, 1845. Histor. polit. Blætter, vol. XVI, p. 97 sqq.

(2) Menzel, loc. cit., vol. III, p. 104 sqq.

(5) Neue Sammlung der Reichsabschiede, vol. II, p. 550 sqq. — Eichhorn, Deutsche Reichs- und Rechtsgeschichte, vol. IV, § 498.

compagne, dans les divers États protestants, l'intolérance la plus absolue, caractère propre et distinctif de ce système. Nous allons maintenant l'examiner en lui-même et dans ses suites.

S CXL.

2. Parité des États immédiats de l'Empire.

Dans la diète d'Augsbourg de l'année 1555, les Etats protestants se posèrent en face des catholiques, en revendiquant pour leur doctrine le privilége que ceux-ci, s'appuyant sur le fondement de l'Église, invoquaient en faveur de leur foi, savoir, qu'elle seule était nécessaire au salut (1). Ils ne voulurent, en conséquence, accéder à aucune condition qui pût entraver le moins du monde, dans l'avenir, la propagation du protestantisme. A leur point de vue, cette conduite était parfaitement logique (§ 139); mais, de leur côté, les États restés fidèles à l'ancienne Église ne pouvant évidemment et ne voulant pas transiger sur cette base, il n'y avait plus qu'à en appeler au jugement de Dieu par la voie des armes. Une paix solide et durable entre les Etats du Saint-Empire, à l'endroit des querelles religieuses, n'était pas possible. Toutefois une trêve fut conclue, qui renouvelait. les stipulations de la paix de religion de Nuremberg (2) et du traité de Passau (3). Le pacte portait que la querelle dogmatique serait vidée au moyen d'une entente chrétienne, amenée par des voies chrétiennes, amicales et pacifiques. Cet état de paix devait subsister, alors même que les conditions qui lui servaient de base n'auraient pas la sanction d'un concile (4). Comme on le voit, pour obtenir cette transaction entre les États de divers cultes, il

(1) K. A. Menzel, Neuere Geschichte der Deutschen von der Reformation bis zur Bundesacte, vol. III, p. 551 sqq.

(2) Augsb. Reichsabsch. v. 1. 1555, § 14. (Neue Sammlung der Reichsabsch., vol. III, p. 17.)

(3) Ibid, § 15.

(4) Augsb. Reichsabsch. v. I. 1555, § 25, p. 19.

avait fallu écarter entièrement la question religieuse, et se placer au point de vue exclusivement politique de la nécessité d'une paix extérieure pour la conservation de l'empire. C'était là une transaction à laquelle l'Église, comme telle, restait nécessairement étrangère.

Comme une foule de controverses se sont élevées sur diverses clauses de ce traité de paix, il est nécessaire d'en examiner les points principaux qui se rapportent à notre sujet. Il est essentiel d'abord de remarquer que la paix ne concernait que l'empire, en ce sens qu'elle réglait les rapports de l'empereur avec les États catholiques, d'une part, et avec les États protestants, de l'autre (1).

La conséquence du traité n'était rien moins qu'une véritable parité de tous les habitants de l'empire d'Allemagne; aucun État n'était obligé de maintenir la tolérance et l'égalité des cultes sur son territoire. La liberté de croyance n'était accordée pleine et entière qu'aux États entre eux; mais chacun, en particulier, se trouvait investi du droit d'établir chez lui l'unité religieuse.

Le grand moyen employé jusque-là, des deux côtés, avait été le bannissement des dissidents; les protestants surtout l'avaient si largement pratiqué, qu'il ne restait presque plus de catholiques dans leur pays (2). Le traité de paix, n'en proscrivant point. l'usage ultérieur, donnait donc, sous ce rapport, tout l'avantage aux catholiques (3). C'est ce que comprirent fort bien les protestants. En conséquence, ils offrirent d'user de tolérance envers les catholiques, à condition qu'ils consentiraient à s'abstenir de la pratique publique de leur croyance et de toutes cérémonies religieuses. Ils demandaient, en retour, que les États de la communion romaine accordassent à l'Église réformée liberté et tolérance, non-seulement pour les personnes, mais encore pour la célébration du culte (4). Vu la situation, cette proposition était

(1) Augsb. Reichsabsch. v. I. 1555, § 27.

(2) Ibid., § 24, p. 19. — Menzel, loc. cit., vol. III, p. 568, 571.

(3) Menzel, loc. cit., vol. V, p. 238 sqq.; vol. VII, p. 143 sqq.

(4) Chr. Lehmann, de Pace religionis Acta publica et originalia. (Frankt. a. M. 1707), tom. I, cap. 17, p. 37.

très-facile à faire; était-il aussi facile de l'accepter? Nous ne le croyons pas. Et certes, on ne peut savoir mauvais gré aux États catholiques de n'y avoir pas souscrit (1).

L'une des clauses les plus importantes du traité de paix était celle qui constituait les États de l'empire arbitres de la religion dans leur pays respectif. Leur droit, à cet égard, n'était limité que par une seule restriction affectée aux changements éventuels de religion. Il était stipulé que tout État ecclésiastique qui se séparerait de l'Église serait déchu de son bénéfice, c'est ce qu'on appela reservatum beneficium. Mais, en même temps, le traité garantissait contre toute attaque ultérieure les confiscations de biens ecclésiastiques opérées par les protestants avant la paix de Passau, et suspendait la juridiction ecclésiastique pour les dissidents de la confession d'Augsbourg.

A dater de la conclusion de ce traité, l'empire se trouvait supprimé dans l'un de ses principes essentiels, le protectorat de l'Église catholique; vis-à-vis de la religion, l'empereur rentrait, du moins pour l'Allemagne, dans la catégorie des autres souverains. Son protectorat à l'égard de l'Église se réduisait désormais au cas où les conditions du pacte viendraient à être violées, et, dans ce cas encore, il devait naturellement protéger l'État protestant contre l'État catholique, tout aussi bien que le catholique contre le protestant. La compétence des tribunaux de l'empire s'amoindrissant de plus en plus, l'empereur devenait, dans la même proportion, impuissant à défendre l'Église des empiétements que se permettaient contre elle les souverains catholiques, et lorsqu'un État embrassait le protestantisme; il était réduit à voir, comme simple spectateur, l'ancienne Église peu à peu bannie du pays. Ainsi la paix d'Augsbourg doit être considérée comme le triomphe complet des souverains particuliers. Cependant la juridiction spirituelle continuait à être pleinement séparée de la puissance séculière dans les États catholiques; à cet égard, les rapports de l'Église et de l'État restaient ce qu'ils avaient été auparavant; mais les protestants se trouvaient désormais, en matière de religion, à

(1) Menzel, loc. cit., vol. III, p. 569.

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