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Dès cette époque, les Saints Lieux eurent un éclat que les siècles n'ont point obscurci. Eusèbe, saint Cyrille, saint Jérôme, (retiré à Bethleem vers l'an 385), nous les décrivent à-peu-près tels qu'ils sont aujourd'hui; et dans sa lettre XXII., le même saint Jérôme assure que des pélerins de l'Inde, de l'Ethiopie, de la Bretagne et de l'Hibernie, allaient à Jérusalem honorer les sanctuaires, alors si nombreux qu'on ne pouvait les visiter en un seul jour: «Il serait trop long, ajoute» t-il, de parcourir tous les âges, depuis l'ascen» sion du Seigneur, jusqu'au temps où nous vi» vens, pour raconter combien d'évêques, de mar»tyrs et de docteurs, sont venus à Jérusalem: car >> ils auraient cru avoir moins de piété et de seien»ce, s'ils n'eussent adoré Jésus-Christ dans les » lieux mêmes où l'Evangile commença à briller » du haut de la croix. »

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Depuis la description de ces lieux faite par saint. Jérôme notamment dans sa lettre à Eustochie fille de sainte Paule, ( écrite l'an 404 ), jusqu'à nos jours, une suite non interrompue de voyages nombreux nous donne, pendant quatorze siècles, des relations uniformes: quelle tradition fut jamais accompagnée d'une masse de témoignages aussi imposante? (1)

mier n'aient pu être aussi les contemporains du second. Ainsi, le fil de la tradition orale avait dû aisément se conserver sans la moindre interruption.

(1) Voyez l'ouvrage intitulé: De locis hebraïcis, cité avec beaucoup

5. Les Juifs et les Païens des premiers siècles avaient certainement le plus grand intérêt, à ré

d'éloges par Erasme, Scaliger et autres critiques. Voyez aussi l'Itinéraire de Paris à Jérusalem par M. de Châteaubriand, de l'année 1806; et le Pélerinage à Jérusalem par le P. de Céramb, de l'année 1836.

Il existe encore un monument remarquable du tremblement de terre qui se fit a la mort du Sauveur : c'est la fente du rocher du Calvaire. Des voyageurs anglais et des historiens très-instruits, Millar, Fleming, Maundrell, Shaw et d'autres attestent que ce rocher n'est point fendu naturellement selon les veines de la pierre, mais d'une manière évidemment surnaturelle. On trouve, à ce sujet, dans un ouvrage du célèbre Addisson, une anecdote curieuse, ( De la Rel. chrét. t. II. p. 120. ):

« Un gentilhomme Anglais très-estimable, qui avait voyagé dans » la Palestine, m'a assuré que son compagnon de Voyage Déiste » plein d'esprit, s'amusait, chemin faisant, de toutes les histoi>> res que les Pretres catholiques voulaient lui conter sur les lieux sacrés » et les reliques. Ce fut dans la vue de s'en moquer, qu'il alla visiter les >> fentes du rocher que l'on montre sur le mont Calvaire, comme l'effet .» da tremblement de terre arrivé à la mort de J. C., et que l'on voit au>> jourd'hui renfermé dans le vaste dôme construit par l'Empereur Cons>> tantin. Mais, lorsqu'il vint à examiner ces ouvertures avec l'exactitu» de et l'attention d'un naturaliste, il dit à son ami : Je commence à pré» sent a étre Chrétien. J'ai fait, continua-t-il, une longue étude de la » physique et des mathématiques, et je suis convaincu que les ruptures » du rocher n'ont jamais été produites par un tremblement de terre or» dinaire et naturel. Un ébranlement pareil eut, à la vérité, séparé par » ses secousses les divers hits dont la masse est composée : mais c'eût été » en suivant les veines qui les distinguent, et en rompant leur liaison » par les endroits les plus faibles. J'ai obscrvé que cela est ainsi en d'au>> tres rochers que les tremblemens de terre ont soulevés, et la raison ne » nous apprend rien qui ne s'y conforme. Ici, c'est toute autre chose, le >> roc est partagé transversalement; la rupture croise les veines d'une >> manière étrange et surnaturelle. Je vois donc clairement et démonstra»tivement que c'est le pur effet d'un miracle , que ni l'art ni la nature » ne pouvaient produire; c'est pourquoi, ajouta-t-il, je rends grâce à Dieu » de n'avoir conduit ici pour contempler cemonument de son merveilleux » [ ouyoir, melunent qui met dans un si grand jour la Divinité de J.C.»

voquer en donte les faits du Nouveau Testament. Si donc, loin de les révoquer en doute, ils les ont avoués, leur témoignage donne la plus grande force au témoignage des historiens évangéliques.

Or, nous voyons d'abord l'attente de la venue du Messie, précisément à l'époque où Jésus Christ parut sur la terre, attestée par Tacite (Hist. \. V. c. 13.), par Suétone (In Vespas. ), et par Josèphe (Guerre des Juifs, 1. VI: c. 31 ); la prédication, les vertus, et la mort injuste de saint JeanBaptiste, attestées par le même Josèphe ( Antiq. 1. XXVIII• c. 7. ); le supplice de Jésus-Christ sous Ponce-Pilate, attesté par Tacite (Ann. 1. XV. c. 44.)

Cent ans à peine étaient écoulés depuis la mort de Jésus-Christ, que Celse, philosophe païen, publia contre le Christianisme un traité en forine, dans lequel il commence par soupçonner que les chrétiens ont la science des enchantemens, et qu'ils opèrent des merveilles par le moyen des esprits ( 1 ). Dans la suite de l'ouvrage, tantôt il dit que Jésus ou s'est rendu coupable, en faisant des choses extraordinaires par l'art magique, ou a eu tort d'inculper ceux qui, par le même art, ont fait des prestiges; tantôt, voulant expliquer comment Jésus-Christ avait acquis cette science, il l'attribue à l'éducation que le Fils de Marie avait reçue en Egypte, pays de secrets merveilleux; tantôt, n'o

(1) Origène, contrà Cels. 1. I.

sant pas nier les résurrections rapportées par les Evangélistes, ni le prodige de la multiplication des pains, ni les guérisons miraculeuses : <«< Eh bien » dit-il, , supposons que Jésus a fait tout cela, il n'y » a rien là que n'opèrent tous les jours nos charla» tans: faut-il donc les reconnaître pour les fils de » Dieu?» Pourquoi Celse avait-il recours à cette accusation de magie, et à la comparaison des miracles de Jésus avec les tours des charlatans, si ces mêmes miracles étaient destitués de preuves? Il était, certes, bien plus naturel, bien plus simple de les nier absolument, dé démontrer que l'histoire évangélique était fausse, et de terminer ainsi la dispute. Celse ne l'a pas fait, lui qui déclare, dès le commencement de son ouvrage, qu'il n'attaque les chrétians qu'en connaissance de cause, qu'il sait toutes leurs preuves: Novi enim omnia (1); donc il était dans l'impossibilité de le faire. Ce philosophe avait dû voir, dans sa jeunesse, des personnes qui avaient connu ou Jésus-Christ lui-même, ou des hommes de son temps; il avait eu soin, d'après sa déclaration, de s'informer de tout ce qui avait rapport à l'histoire du Sauveur: si donc quelque contemporain avait nié les faits de cette histoire, il l'aurait su indubitablement; et animé, comme il l'était, d'une haine violente contre le Christianisme, ingénieux à trouver des argumens pour le combattre, comment aurait-il manqué d'opposer fortement

( 1 ) Origène, contrà Cels. l. 1. p. 11.

cette dénégation, et de soutenir que Jésus-Christ n'avait eu aucun pouvoir, au lieu de lui imputer un pouvoir magique?

Du reste, cette inculpation de magie n'était pas nouvelle, puisque saint Justin, mort vers le milieu du second siècle, défend les miracles de JésusChrist contre cette objection ( ↑); et après Celse, les ennemis de la Religion continuèrent d'y recourir, puisque Arnobe la réfute avec force (2), et que nous voyons Porphyre, dans le troisième siècle, attribuer aussi aux prestiges du démon les miracles de Jésus-Christ et ceux de ses disciples (3).

Hiéroclès ne niait pas non plus les oeuvres miraculeuses du Sauveur; mais il croyait qu'elles pouvaient avoir été opérées par un homme ami des dieux ( 4 ); et Julien, ennemi si ardent et si éclairé du Christianisme, les avoue nettement, et cherche à en rabaisser l'importance; il avoue aussi qu'après la mort de leur maître, les apôtres ont fait des enchantemens, et il reconnaît saint Paul ( 5 ) pour le plus grand faiseur de prestiges ( 6 ).

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(6) On peut ajouter, relativement à l'éclipse et au tremblement de terre arrivés à la mort de J. C., le témoignage de Phlegon de Tralles, qui florissait, en Asie, au milieu du second siècle, et qui etait un savant attaché à la cour d'Adrien : « La quatrième année de la CCII. Olympia» de, (c'est-à-dire la 33o. année de l'ère vulgaire ), il y eut une éclipse » de soleil, la plus grande qu'on eût encore vue. Il se forma à la sixième » heure du jour une nuit si obscure, que les étoiles parurent dans le

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