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preuves de ce que nous avançons ici sont partout; on en composeroit des volumes : contraint d'abréger, nous nous bornerons à jeter un coup d'œil rapide sur les diverses Religions idolâtriques qui ont régné, ou qui régnent encore dans les différentes parties du monde.

Sanchoniaton, dans un fragment conservé par Philon de Biblos et cité par Eusèbe, marque clairement les deux genres d'idolâtrie dont nous venons de parler. « Les plus « anciens des barbares, les Phéniciens surtout et les Égyp« tiens, de qui les autres peuples ont emprunté leurs cou« tumes, mirent au rang des principaux dieux les hommes « qui avoient découvert les choses nécessaires à la vie, et « à qui le genre humain étoit redevable de quelque bien« fait. Ainsi ils rendirent les honneurs divins à ceux qu'ils

« les bons princes, les inventeurs des arts, les pères de famille distin« gués n'étoient pas regardés comme des hommes ordinaires. On si« magina que des esprits bienfaisants s'étoient rendus visibles en se « revêtant d'un corps humain, ou bien que les grands hommes s'étaat « élevés au-dessus du commun par une vertu plus qu'humaine, leur « âme avoil mérité d'être placée au rang de ces génies divins qui gou« vernoient l'univers. On les honora donc après leur mort, comme pro « tecteurs de ceux auxquels ils avoient fait tant de bien pendant leur « vie.

« Mais comme les hommes aiment ce qui frappe les sens, et que « les esprits des morts ne jugeoient pas à propos de se communiquer ir souvent, ni à beaucoup de personnes par des apparitions, on crut les « forcer en quelque sorte à se rendre présents à la multitude par le « moyen des statues qu'on leur érigea, et dans lesquelles on supposa « que les génies venoient volontiers habiter pour y recevoir les res« pects qui leur étoient dus. C'est ainsi que, par degrés, on tomba « dans les plus grands excès. L'idolâtrie fut diversifiée selon le carac« tère particulier de chaque peuple, selon sa situation, ses aventures. « son commerce avec d'autres nations. On conçoit aisément que les « circonstances ont dû répandre une variété infinie sur les objets et b « forme du culte public. » Traité historique de la religion des Perse», par M. l'abbé Foucher. — SIém. de l'Acad. des lnscript., tom. XI.II, p. 177-179.'

« croyoient avoir été pour eux les auteurs de beaucoup de « biens. Employant à cet usage des temples construits au« paravant, et consacrant sous le nom de ces bienfaiteurs « des hommes, des colonnes et des statues de bois, les « Phéniciens, attachés particulièrement à ce culte, leur dé« dièrent encore des jours de fêtes très-célèbres. Ce qu'il « y eut de plus remarquable, c'est qu'ils imposèrent les « noms de leurs rois aux éléments de cet univers, et à « plusieurs des êtres auxquels ils attribuoient la Divinité. « Quant aux dieux naturels, ils ne reconnoissoient que le « soleil, la lune et les autres astres dont le cours est réglé, « les éléments et les choses qui ont avec eux quelque affi« nité1. » Selon le même auteur, « les premiers hommes « consacrèrent encore les productions de la terre, et les « ayant mises au rang des dieux, ils leur offrirent des sa« crifices et des libations *. » Persuadés que d'invisibles ministres du souverain être présidoient aux arbres, aux' plantes, à tout ce qui sert à l'entretien de la vie *, les hommes adorèrent, pour se les rendre propices, les génies quilesnourrissoient.

1 Euseb. Prsepar. evangel., lib. I, p. 32. * Ibid., cap. x, p. 34.

"Suivant Aristote, Dieu, semblable à un grand prince, no fait pas tout par lui-même; il a des ministres au-dessous de lui, auxquels il a donné le gouvernement des choses d'ici-bas. Comme un monarque qui, sans sortir de son palais, fait mouvoir et agir ses officiers, depuis le premier jusqu'au dernier, dans toute l'étendue dé ses Etats, Dieu résidant dans le ciel, qu'il ne quitte point, fait mouvoir et agir ceux auxquels il a confié le gouvernement de ce monde. De Mundo, cap. vi. Vid. et Onatus, op. Slob. Ecl. pftys., I, 16. C'est aussi la doctrine des Indiens, des Chinois, des anciens Perses, des Guèbres, des Péruviens, en un mot, de toutes les nations. Philost., Vit. Apoll., lib. III, cap. H. — Couto, Deead., V, lib. VI, c. rv. — Abr. Roger, p. 158 et suiv. — Le P. Visdel., Wot. mon. sur l'Y-King. — Anquetil du Perron, Mém. de l'Acad. des Inscript., tom. LXIX, p. 198 et suiv. — Voyage d'Oléarius, tom. II, p. 215. — Mémoires de l'Académie, tom. LXXI, p. 381.

Diodore distingue également deux sortes de dieux reconnus des-anciens ; les uns immortels et incorruptibles, tels que le soleil, la lune, les vents, les fleuves, etc. ; les autres, d'une nature mortelle, étoient les bienfaiteurs du genre humain, à qui la reconnoissance publique élevoit des autels1.

Si l'on en croit Lucien % ce fut en Egypte que naquit le culte des dieux. Sa Religion n'étoit qu'une confusion effroyable de divinités de toute espèce, et de bizarres superstitions 3. 11 paroît que le sabéisme y dominoit originairement ♦. Nous voyons dans Hérodote que le pays ètoit couvert de temples érigés à des dieux humains ». L'Egypte adoroit ses rois, même vivants6; et plus aveugle dans ses pensées que beaucoup de peuples barbares, cette nation savante prostituoit les honneurs divins aux animaux les plus vils, ou plutôt aux esprits qui les animoientT. Chacun

1 Apud Euseb., Prxp. evang., lib. II, cap. m, p. 59.

a De Syria Deâ, tom. II, p. 656. Vid. et Marsham, Canon chronic. p. 34 et seq.

r' « La religion y étoit fort mélangée. Dès les premiers siètles, le « sabéisme y entroit pour beaucoup. » Du culte des dieux fétiches, on parallèle de l'ancienne religion de l'Egypte, avec la religion actuelle tle Négritie, par le président de Brosses, p. 253.

* Manetti. apud Euseb. Prxp. evang., lib. II, cap. t, p. 45.

5 Herod., lib. II, cap. Ici, cm, cxui, Cïtiii, eux et alib. — Hernies ipse... Deos jEgypti homines mortuos esse testatur. Cùm enim dixissel proavos suos... invenisse artem quâ efficerent Deos. S. Atig., de ctvUDei, lib. VIII, cap. Xïvi.

0 "Os izpbi alrfisim ôa-aç Osoû;, dit Diodore, lib. I, p. 101.

7 Quid igitur censes? Apin illum 6anctum jEgyptiorum bovem, nom» deum videri jEgyptiis? Tàm herclè, quam tibi illam nostram Sospitam, etc. Cicer. de nat. Deor., lib. I, cap. xxix. — Herodot., lib. Il, p 128. « Si la sécheresse, dit Plutarque, cause dans le pays quelque « maladie pestilentielle, ou quelque autre grande calamité, les prêtres « égyptiens prennent en secret pendant la nuit l'animal sacré, et corn« mencent d'abord par lui faire de fortes menaces; puis, si le mal coose choisissoit parmi eux un protecteur, comme les nègres se font des fétiches du premier objet qui se présente à eux. Embaumé avec soin, l'animal sacré étoit enfermé dans le même tombeau avec son adorateur pour le préserver des mauvais génies, qu'on croyoit inquiéter les âmes des morts 1. On tâchoit d'apaiser ces génies malfaisants par des prières et des sacrifices, ou l'on cherchoit contre eux des protecteurs parmi les génies amis de l'homme.

« C'est une chose universellement reconnue, dit un sa« vant anglais, que l'idolâtrie chaldèenne, appelée aussi le « sabéisme, consistoit en grande partie, au moins origi« nairement, dans le culte du soleil, de la lune, et des « étoiles. On croyoit que chacun de ces astres étoit animé « par une âme, de la même manière que le corps humain. « Très-probablement on pensoit aussi qu'ils étoient habi« tés par les âmes des hommes illustres; car c'étoit une « opinion reçue généralement, qu après la mort elles re« tournoient dans les cieux, leur demeure natives. » De là les divers rites en usage chez les païens, pour faire descendre les âmes des- astres, et les attirer dans les statues et les symboles qu'on leur consacroit 5.

n (inue, ils le sacrifient et le tuent; ce qu'ils regardent comme un « châtiment du mauvais démon ; » «s rhx xàXxipov Svtst Tou is(t//.ovo; Toûtov; De Isid. et Osirid. oper., tom. II, p. 380. Les Chinois en usent à peu près de même : ils battent leurs idoles, quand elles tardent trop à exaucer leurs prières. Le P. Le Comte, Mém. de la Chine, V: 102.

1 Kirker. QEdijp. jEgypt.— Sur l'ancienne religion de l'Egypte, voyez Diodo>\ Sicul., lib. I. — Pausanias, lib. VII. —Plim, Hist. natur., 11b. VIII, cap.XLvi.— Clem. Alex. Strom., lib. V. — Jablonski, Panto. JEgyp. lac. Perizonius, Mgyp. origin.

a The gênerai Prevalence of the Worship of Hutnan spirils, in the uucieiit beathen nations, asserted and proved; byHugli Fariner, p. 180. Vid. et Brucker, Hist. crit. philos., liv. II, ch. v, p. 3'24.

» Vojez Hottinger, Hist. orient., lib. I, cap. vu, p. 296 et suiv.j et

Le sabéisme dut surtout se répandre en Orient chez des peuples nomades, qui, semblables au navigateur, se guidoient, .dans leurs plaines immenses, par l'observation des astres, qu'un ciel serein offroit constamment à leurs regards. Aussi ce culte idolâtrique paroit-il avoir pris naissance sur les bords du Tigre et de l'Euphrate. 11 y éprouva successivement de nombreuses variations ; et quoiqu'on le retrouve en d'autres contrées, il s'y présente sous des formes qui diffèrent à l'infini, selon les idées qui le modifièrent. Les Chaldéens croyoient encore à l'existence d'une multitude d'esprits créés par le Dieu suprême l.

Les Perses sacrifioient au soleil, à la lune, au feu, à l'eau, à la terre et aux vents. « Anciennement, ajouteHérodote, ils n'offroient de sacrifices qu'à ces divinités : mais ils ont ensuite appris des Assyriens et des Arabes, à sacrifier aussi à Vénus-Uranie, appelée par les. Assyriens Militla, par les Arabes Alitta, et par les Perses Mithra *. »

Les écrivains persans s'accordent à cet égard avec l'historien grec. Suivant l'auteur du Dabistan, « Les secta» teurs de Mohabad * adoroient les planètes représentées « par des images d'une nature fort extraordinaire... Il ob

les noies de Pocoke sur Abul-Pharai, Specimen hist. Arab-, p. 138 et suiv.

1 Iimumeri dii, angeli, boni dsemones et mentes hominum. Clerk. PhilOêoph. oriental., lib. I, scct. n, cap. n; oper. philosophie., tom. II. p. 188.

8 St r,).iù, x. T. A. Ilerod., lib. I, cap. cxxxi. — Strab.,

'ib. XV, p. 1064. Hérodote se trompe sur l'idée que les Perses avoient de Mithra. Au reste, les anciens donnoient souvent le même nom à des divinités différentes, ce qui jette une grande confusion dans leurs

éogonies.

Ou plutôt Mahabad, selon l'orthographe originale, souvent déligurée par les Anglais, qui écrivent les noms étrangers d'après leur prononciation. Mah-abad veut dire le grand Saint. Le mot abai a divers sens; il signifie celui qui prie, qui demeure dans le Seigneur

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