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ilame Scarron de la résolution qu'elle avait prise de se faire Carmélite, « ne pouvant, disait-elle, » assez expier le crime d'avoir trop aimé »; « Comment, lui répondit Madame Scarron, sou» tiendrez-vous une règle si austère, vous, accou ́»tumée, dès l'enfance, à la mollesse et aux plai>> sirs? >> ----- Ah! repartit Madame de la Vallière, (en montrant le roi et Madame de Montespan, » quand j'y trouverai des peines, je n'aurai qu'à » me rappeler toutes celles que ces deux personnes » m'ont fait souffrir. »

Bien plus, la volupté dégrade l'homme, le dépouille de sa divine ressemblance avec l'Etre-Suprême, et le plonge dans un abrutissement qui devient son supplice. « Que vous écrirai-je anjour» d'hui, Pères conscrits, ( disait l'empereu: Tibe» re dans la fameuse lettre qu'il adressa de l'ile de » Caprée au Sénat romain, et qui nous a été con» servée par Tacite), que vous écrirai je, ou com» ment vous écrirai-je, ou dois-je ne ne pas vous écri»re? Si je le sais moi-même, que les Dieux et les » Déesses me fassent périr encore plus horrible» ment que je ne me sens périr chaque jour!

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Ainsi, l'on a beau rassembler toutes les jouissances sensuelles, on en ressent bientôt l'insuffisance pour apaiser la faim du coeur : les plaisirs et les affections même s'usent et s'effacent avec les années; tout passe, ne laissant après soi qu'une satiété qui fatigue, et cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine.

Ajoutez les momens cruels où les passions moins vives nous laissent le loisir de retomber sur nousmêmes, de sentir l'indignité de notre état

et de

retrouver en nous ce témoin intérieur nous ne que saurions corro:pre; ces momens où nous sommes en proie au remords avec ses terreurs et ses angoisses. Alors il s'établit entre la raison et les vils penchans du coeur une dissension formidable qui agite, qui trouble, qui bouleverse l'ame, et la consume dans ses propres fureurs, si elle ne la ramène au devoir et à la vertu.

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les

Ajoutez encore le dérèglement dans l'esprit, la ruine dans la fortune, les infirmités dans le corps, et vous reconnaîtrez, avec Platon, que la volupté est l'appát et l'hameçon de tous les maux. Ne voit-on pas, tous les jours, plus de maisons appauvries par les plaisirs que par l'adversité; plus de famille troublées, cruellement divisées par plaisirs que par les ennemis les plus artificieux; plus d'hommes immolés à la mort par les plaisirs que par les violences et les combats? La barbarie des tyrans a-t-elle imaginé des tortures plus insupportables que celles que les plaisirs font souffrir à ceux qui s'y livrent?... Ils ont amené dans le monde des maux inconnus au genre humain; et les médecins s'accordent à dire que ces funestes complications de symptômes, ces maladies qui déconcertent leur art, et confondent leurs expériences, ont leur source dans la sensualité.

En proscrivant les passions, en bannissant du

coeur les affections criminelles ou même seulement dangereuses, la doctrine évangélique bannit les inquiétudes, les troubles, les remords et les cruelles agitations de la conscience; elle établit l'ordre, et avec l'ordre la paix du cœur : trésor inestimable, santé de l'ame et presque toujours du corps; trésor qui tient lieu de tout, et auquel rien ne peut suppléer. Ainsi, plus l'homme est vrai chrétien plus il est à l'abri des funestes effets des maladies de l'ame et même de celles du dont le germe se trouve, d'ordinaire, dans l'intempérance des

sens.

corps,

,

La pratique de la charité universelle le préserve des suites amères de la colère, de la haine, de la vengeance, et le fait jouir du bonheur des autres.

La foi, en l'éclairant sur la nature de Dieu, sur sa propre nature, et sur la fin de sa création, qui est la possession du souverain bien dans unę autre vie, lui fait connaître tout ce qu'il lui est nécessaire de savoir, et l'empêche de poursuivre avec une inquiète curiosité ce qu'il ne lui est pas donné d'atteindre dans la science de la nature. Aimer Dieu et observer sa loi, c'est tout l'homme, lui dit-elle; et sur ce fondement il repose son esprit et son coeur, s'abandonnant avec une confiance filiale entre les mains du Grand Être, de l'Être essentiellement bon et tout-puissant, de l'Être toujours favorable aux ames droites et dociles. Aussi, l'humble fidèle, priant dans la simplicité de son coeur, au pied d'un autel solitaire,

éprouve un sentiment mille fois plus délicieux que toutes les jouissances des passions. L'incrédule mê me, dès qu'il oublie l'orgueil des vains systèmes pour se livrer à l'attrait de la foi, reçoit sur le champ la récompense promise à ceux qui croiront, Jean-Jacques, un jour, et l'auteur des Etudes de la nature, se trouvant, à la suite d'une promenade champêtre, au Mont-Valérien, entièrent dans la chapelle des hermites. On récitait en ce moment les litanies de la Providence. Jean-Jacques et son compagnon, touchés du calme de ces lieux, et sai sis d'une religieuse émotion, se prosternent, et mêlent leurs prières à celles des assistans. L'office terminé, Rousseau se relève et dit à son ami: « Maintenant j'éprouve ce qui est dit dans l'Evan »gile: Quand plusieurs d'entre vous seront ras» semblés en mon nom, je me trouverai au milieu » d'eux. Il y a ici un sentiment de paix et de » bonheur qui pénètre l'ame (1), »

La foi à la doctrine évangélique offre, d'ail. leurs, une source de force et de consolation incomparables contre la triste nécessité où se trou, ve l'homme déchu de souffrir sur la terre. Tout ce que la raison, la sagesse philosophique, l'inté rêt de l'amitié ont pu inventer de propre à soulager les souffrances, ne forme que de faibles adoucissemens, des consolations souvent importu nes, et toujours incapables de guérir le déses

(1) Voyez les Etudes de la nature.

poir. Dans un temps où la famille royale de Prusse était accablée sous le poids du malheur, la Pritis cesse de Bareith, soeur du roi, écrivait à Voltaire, le 12 septembre 1757: « Je ne me suis jamais pi» quée d'être philosophe; j'ai fait mes efforts pour » le devenir. Le pen de progrès que j'ai faits m'a appris à mépriser les grandeurs et les richesses; » mais je n'ai rien trouvé dans la philosophie qui » puisse guérir les plaies du coeur, que le moyen » de s'affranchir de ses maux en cessant de vivre.»

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Voilà, en effet, le grand remède que laisse à nos maux la philosophie incrédule. Impuissante avec quelques argumens, avec quelques exhortations à la fermeté ou à la patience, contre la baine de la vie, elle conduit l'infortuné qu'elle a privé des ressources de la foi, à un crime exécrable: le seul crime irrémissible , parce que c'est le seul crime sans repentir. ( 1 )

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(1) Dans la seule ville de Paris, de 1817 à 1825, il n'y a pas en

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que ce ne sont pas les croyants

moins de 3184 suicides; et l'on sait bien qui se détruisent, ( Note de l auteur). Depuis, ce nombre s'est accru d'une manière vraiment effrayante dans cette partie de la société que la foi ne console point par ses espérances, et n'effraie point par ses menaces. «Malheur, dit à ce sujet M. de Genoude, ́ Univ. cathol. t. I. p. 246.), malheur à ceux qui enlèvent l'air moral au monde et jettent la mort dans les ames et le suicide dans la société. Hélas! il y a eu un temps où ces affreuses doctrines du néant étaient venues jusqu'à moi, où le Christ avait cessé d'étre à mes yeux la parole, la raison de Dieu. Alors le monde spi-“ rituel fut renversé pour moi, plus de Moïse, plus d'Abraham, plus d'Adam, plus de vérité religieuse transmise avec la vie, Dieu n'avait done pas parlé à l'homme. Voilà l'affreuse conséquence que j'en tirais: Dieu était done indifférent à mes pensées, à ma vie, les tombeaux ne devaient donc plus se rouvrir, tout finissait donc avec nous dans la corruption et

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