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le plus bel hymne en l'honneur de la Divinité; et l'illustre Morgagni répétait souvent que ses connaissances en médecine et en anatomie avaient mis sa foi à l'abri de toute tentation. Ah! disait-il, si je pouvais aimer ce grand Dieu comme je le connais! L'oeuvre de Dieu est en effet palpable dans le corps humain. Tout y est moyen et fin; tout est ressorts, poulies, force mouvante, machine hydraulique, équilibre de liqueurs, laboratoire de chimie. Il est donc arrangé par une intelligence. Ce n'est pas à l'intelligence de nos parens que nous devons cet arrangement. Ils n'étaient que les aveugles instrumens de cet éternel fabricateur qui anime le ver de terre, et qui fait tourner le soleil sur son axe.

Si ce n'est peut-être, ajouterons-nous avec Bossuet, qu'il faille dire que le corps humain n'a point d'architecte parce qu'on n'en voit pas l'architecte avec les yeux, et qu'il ne suffit pas de trouver tant de raison et tant de dessein dans la disposition, pour entendre qu'il n'est pas fait sans raison et sans dessein. Malgré qu'on en ait, un si bel ouvrage parle de son artisan. » ( 1 )

(1) « Attribuez telle force active, expansive, que vous voudrez, à de la matière, et voyons comment elle composera, je ne dis pas un homme, mais seulement un œil, avec toutes ses tuniques, dont chacune est différemment tissue et fabriquée. Il faut que cela s'opère avec tant dejustesse, d'habileté, que les unes soient opaques pour former une chambre obscure sphérique, noircie à l'intérieur; d'autres transparentes, pour que les rayons de lumière les traversent ; il faut que l'iris se resserre ou se relàche à propos, pour n'admettre que tel cône de rayons; que l'humeur aqueuse de la chambre antérieure, la lentille du cristallin et la courbure savante de ses faces, que l'humeur vitrée de la chambre postérieure,

5. V. LE MOI.

Dans cette portion de matière, que j'appelle mort torps, il y a quelque chose qui pense, qui juge, qui veut, qui a de l'empire sur mes organes et qui en est dominé réciproquement, et c'est ce quelque chose qui dit : moi.

Ce moi pensant, jugeant et voulant, a-t-il toujours été?.. Il n'existait pas, il y a cent ans. Com

soutenue dans son réseau, comme le cristallin enchatonné, soient placés à des distances respectives si bien calculées, si en rapport pour réfranger les rayons de lumière, qu'il n'y manque rien, afin que les images viennent exactement se peindre sur la rétine. De dire ensuite comment de telles impressions se transmettent au cerveau par des nerfs optiques entrecroisés, et comment de deux images, dans nos yeux, nous ne voyons cependant qu'un seul objet cela est trop inexplicable pour nous. Ne parlons que de choses plus palpables. Comment la matière, même supposée active, devinera-t-elle encore qu'il faut garantir l'œil au-dehors de ce qui peut le blesser, lui donner des paupières qui le recouvrent, des sourcils qui l'abritent, des cils pour écarter les insectes ou d'autres petits objets, enfin, une pupille dilatable ou contractible spontanément, pour ne recevoir juste que ce qu'il fant de lumière, afin de n'être ni aveuglé du trop grand jour, ni plongé dans de trop épaisses ténèbres de nuit. ? » (M. Virey, Dictionnaire d'histoire naturelle.)

«La chambre antérieure de l'oeil de l'oiseau est fort bombée pour contenir de l'humour aqueuse; son cristallin est plus aplati même que celui de l'homme, selon les lois les plus savantes de l'optique. Mais ce qu'il y a de merveilleux, c'est que la vue de l'oiseau devait être presbyte en volant, parce qu'il est obligé de considérer les objets de loin; puis, quand il est perché sur un arbre, par exemple, il faut qu'il puisse voir d'assez près ce qui l'entoure, et qu'il prenne alors une portée de vue plus courte. Pour obtenir ce résultat, il faut tantôt reculer le cristallin, tantôt l'avancer, comme on tire plus ou moins les tubes d'une lunette d'approche, afin de considérer à diverses distances les objets. Aussi l'oiseau a-t-il de la rétine an cristallin un muscle transparent, en lozange, qui recule ou laisse avancer cette lentille, pour produire, au besoin de l'animal, telle ou telle portée de vue. (Idem.)

ment a-t-il commencé à penser? Comment a-t-il pu devenir pensant; de non-pensant qu'il était jusqu'à un certain jour et jusqu'à un certain moment, ce moi qui a commencé tout-à-coup à penser, à juger, à vouloir? S'est-il fait lui-même ? S'est-il donné la pensée qu'il n'avait pas? Et n'aurait-il pas fallu l'avoir pour se la donner, ou la prendre dans le néant? Le néant de pensée peutil se donner le degré d'être qui lui manque? Par où est-ce donc que m'est venue cette pensée, ce jugement, cette volonté ? et où est-ce que j'en trouverai la source?

En supposant même que la matière puisse de non-pensante devenir pensante, il faut avouer que la pensée est le plus haut degré d'être qu'elle puisse acquérir, et que cette perfection est fort supérieure à celle d'être étendue et figurée. Mon corps n'a pu se donner ce degré d'être si supérieur qui lui manquait, et dont il avait, pour ainsi dire, le néant en lui: il n'a pas pu le recevoir des autres corps ; car les autres corps, non plus que celui-ci, ne sauraient donner ce qu'ils n'ont pas or il est évident que Ja pensée n'est point attachée à l'essence des corps. Bien plus, nul être borné, déjà pensant ne peut donner la pensée à aucun autre être distingué de lui. La privation d'un degré d'être est le néant de ce degré. Pour donner ce degré d'être à celui qui ne l'a point, il faut une espèce de créa tion réelle en lui; car comme c'est créer tout l'être que de faire exister ce qui n'avait aucune existen

; c'est le créer en partie, que de faire exister dans un individu un degré d'être qui n'y existait nulle ment. Or il est manifeste que les êtres pensans que nous connaissons, qui se trompent, qui ignorent qui se contredisent souvent les uns les autres, qui sont quelquefois contraires à eux-mêmes, sont trop faibles, trop imparfaits pour pouvoir créer en autrui un degré d'être ou de perfection très-haute qui n'y existait nullement; que par conséquent ils sont incapables de la création de la pensée au-dehors d'eux-mêmes dans un sujet qui n'en a aucun commencement. L'action de créer est d'une puissance et d'une perfection infinies, car il y a une distance infinie depuis le néant d'une chose jusqu'à son existence; il faut donc une puissance infinie pour faire passer cette chose du néant à l'être, puissance qu'évidemment n'ont pas les êtres pensans nos semblables.

Je suis donc forcé de reconnaître que le moi qui n'était pas pensant, il y a cent ans, est devenu pensant par le bienfait d'une cause supérieure, intelligente, et d'une puissance infinie. Cette cause a un empire absolu sur la matière et sur l'intelligence, car elle est tellement maîtresse de la matiè re qu'elle a pu l'assujétir au moi-pensant, et à tel point que dès que le moi-pensant veut, tous les

membres du corps se meuvent à l'instant, et avec une extrême rapidité: sans nul effort, sans nulle préparation, tous les nerfs sont tendus, tous les ressorts se hâtent de concourir ensemble, comme

si chacun des organes les plus secrets entendait une Voix souveraine et irrésistible. Cette cause est tellement maîtresse de l'intelligence qu'elle a pu la faire commander aux muscles, aux tendons, sans que l'intelligence les distingue, sans qu'elle sache même où ils sont, s'adressant néanmoins à ceux. dont elle a besoin, et ne s'y méprenant jamais.

Que mon ame soit distinguée de mon corps, ou qu'elle ne le soit pas, peu importe à ma conclusion présente.

pu

Si l'ame est distinguée du corps, je demande qui est-ce qui a uni mon corps et mon ame; qui est-ce qui a assujéti deux natures si dissemblables à une correspondance mutuelle; qui est-ce qui les tient captives dans une si étroite société. Elles ne se sont point liées d'elles-mêmes : l'aveugle matière n'a faire pacte avec l'esprit, n'ayant par elle-même ni pensée ni volonté. D'autre part, l'esprit ne se souvient pas d'avoir fait pacte avec la matière; or il s'en souviendrait s'il l'avait fait par choix, et de plus, s'il l'avait fait librement et qu'il l'eût oublié, il ne s'y assujétirait que quand il lui plairait. II y a donc, dans cette première hipothèse, une cause puissante au-dessus de moi, qui, maîtresse de l'esprit et de la matière, les a, par sa volonté souveraine, liés ensemble.

Si, au contraire, mon ame n'est que mon corps devenu pensant, je demande qui est-ce qui a créé, dans mon corps, ce degré d'être, savoir, la pensée qui n'y existait pas. Ce né peut être qu'un Créa

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