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logiens, et a formé dans toutes les religions des sectes rivales. Parmi les Mahométans, les questions de la prédestination et du libre arbitre sont un des principaux points qui divisent les sectateurs d'Omar et ceux d'Ali. C'êtoit chez les Juifs un des objets de dispute entre les Pharisiens et les Sadducéens.

Dans le Christianisme, ce dogme de la vocation gratuite à la foi et au salut, si fortement inculqué par S. Paul comme un des principaux fondemens sur lesquels s'appuie l'économie de la loi naturelle, cette doctrine consacrée dans l'Église, que la sanctification est un don de Dieu, que les hommes ne peuvent rien sans son secours; enfin tous les mystères de la prédestination et de la grâce ont encore redoublé l'épaisseur du voile qui couvre ces profondeurs,

Cependant les premiers siècles du Christianisme s'écoulèrent avant qu'il s'élevât, sur cette matière, des disputes assez vives pour troubler la paix de l'Église. Les discussions qu'occasionna la doctrine de Pélage furent même renfermées dans les bornes de l'Église d'Occident, et c'est sans doute par cette raison que les Théologiens, qui donnent le plus à la liberté, citent avec tant de complaisance le témoignage des Pères Grecs en faveur de leurs opinions. En effet, dans les tems de tranquillité, où toutes

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les vues se portent presque entièrement sur la morale et sur la pratique des vertus chrétiennes, il est naturel que les personnes chargées d'instruire les peuples, insistent principalement sur un dogme aussi étroitement lié à la moralité des actions humaines que l'est celui de la liberté. On connoît ce mot d'un Prédicateur Janséniste qui disoit qu'il s'étoit souvent surpris de se trouver Moliniste en chaire. Peut-être que si l'on examinoit bien les conséquences rigoureuses des idées métaphysiques de Suarez et de Molina lui-même, on trouveroit que dans son cabinet plus d'un Docteur Moliniste a pu s'étonner à son tour de se rapprocher un peu du Jansénisme.

Quoi qu'il en soit, c'est quand l'attention se fixe sur la partie spéculative de la religion, que les difficultés se présentent de toutes parts; c'est alors que dans l'embarras de concilier des opinions qu'on regarde comme des vérités égale-· ment certaines, mais dont la liaison n'est point accessible à nos recherches, les esprits se partagent et se passionnent par préférence pour celles qui sont les plus analogues à leur caractère, à leur manière de voir et de sentir; pour celles surtout qui paroissent se prêter le plus aux explications systématiques qu'ils se permettent d'imaginer. Cette prédilection est

combattue par une prédilection contraire, et l'on dispute comme si le point de dogme auquel chaque parti se rallie êtoit directement attaqué par le parti contraire. Dans la chaleur du zèle qu'on met à le défendre, on en exagère l'expression, l'on affoiblit celle des vérités auxquelles s'attache l'autre parti. De là ces écarts qui tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ont altéré la pureté du dogme et ont êté successivement frappés des anathèmes de l'Église. Souvent le parti qui avoit fait condamner les excès de l'un, tombant dans l'excès opposé, se voyoit condamné à son tour; et malgré ces condamnations alternatives, les deux partis toujours subsistans ne cessoient de se combattre et de reproduire de nouvelles erreurs fort peu différentes de celles qui avoient êté pré

cédemment condamnées.

S. Augustin, par le zèle et les lumières qu'il déploya dans ses disputes contre les Pélagiens, mérita d'être appellé par excellence le Docteur de la Grâce, et d'être regardé par les siècles suivans comme le guide le plus sûr dans cette partie de la science de la religion. Avant de défendre la doctrine de la Grâce contre Pélage et ses sectateurs, il avoit combattu les erreurs des Manichéens sur le libre arbitre, qui êtoient toutes contraires. Par cette circonstancelà même, les Théologiens des écoles opposées

ont pu puiser des armes dans ses ouvrages; mais comme la controverse qu'il soutint contre les Pélagiens fut plus longue et plus animée, le parti dont les opinions s'éloignent le plus des erreurs pélagiennes, a trouvé plus de facilité à s'appuyer de son autorité, et s'est toujours particulièrement fait gloire de marcher sous la bannière de S. Augustin.

Après la condamnation de Pélage et des Pélagiens mitigés, connus sous le nom de Semi-Pélagiens, l'ignorance et la barbarie qui couvrirent l'Europe pendant plusieurs siècles, semblèrent amortir la curiosité humaine sur ces objets. On en disputa cependant encore dans les couvens des Moines, et depuis dans les Universités, lorsque les études scholastiques sé ranimèrent. L'école de S. Thomas d'Aquin, qui adopta ce que la doctrine de S. Augustin avoit de plus rigide, parut y ajouter quelque chose de plus rigide encore, en voulant l'expliquer par le systême spéculatif d'une prémotion physique systême suivant lequel DIEU lui-même imprimeroit à la volonté le mouvement qui la domine. D'autres écoles s'élevèrent et se firent un point d'honneur de contredire en tout les Thomistes; le systême de la prémotion fut surtout combattu. On reprochoit à ses défenseurs d'introduire le fatalisme; de rendre DIEU auteur

346 LES FRANCISCAINS ET LES DOMINICAINS du péché; de le représenter comme un tyran, qui après avoir défendu le crime à l'homme, le nécessite à devenir coupable et le punit de l'avoir êté. Les Thomistes, à leur tour, reprochoient à leurs adversaires de transporter à la créature une puissance qui n'appartient qu'à DIEU, et de renouveller les erreurs de Pélage en anéantissant le pouvoir de la grâce, et en faisant l'homme auteur de son salut.

Malgré l'aigreur de ces imputations réciproques et l'animosité qu'elles devoient inspirer, un concours heureux de circonstances en modéra les effets. Les deux opinions opposées avoient partagé les Universités, et chaque parti avoit à sa tête deux Ordres rivaux, tous deux puissans, tous deux recommandables par une égale réputation de science et de piété, tous deux également chers au Siége de Rome par le zèle infatigable avec lequel ils s'êtoient voués à étendre son autorité. Les Papes avoient un trop grand intérêt à conserver ces deux appuis de leur puissance pour faire pencher la balance en faveur de l'un des deux contre l'autre. Ainsi les Franciscains n'eurent jamais assez de crédit pour faire condamner les opinions des Dominicains; et malgré la vénération qu'on avoit pour les écrits de S. Thomas d'Aquin, jamais les Dominicains ne purent empêcher

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