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teur intelligent et tout-puissant, possédant la pen sée en lui jusqu'au point de la pouvoir donner à qui ne l'a pas. Dire que la matière pense lorsqu'elle est organisée, c'est reculer la conclusion, et non la détruire; car si la matière pense lorsqu'elle est organisée, elle ne peut donc pas s'organiser ellemême, puisqu'il faudrait qu'elle pensât pour s'organiser, c'est-à-dire qu'elle pensât avant de pouvoir penser. Mais, dès qu'il est démontré que c'est à un Créateur tout-puissant que l'être supérieur, qui est en nous, doit l'existence, il en est évidemment de même de l'être inférieur c'est-à-dire de notre corps, et des autres corps qui nous environnent. Quelle apparence en effet, que le degré d'être plus parfait soit absolument dépendant de ce Créateur tout-puissant, et que le degré d'être plus bas existe par lui-même et soit indépendant de ce même Créateur? S'il en était ainsi, il faudrait dire que le plus bas degré d'être aurait la plus haute perfection, savoir, celle d'exister par soi-même, et que le degré supérieur aurait la plus grande imperfection, celle d'être dépendant et d'avoir une existence empruntée, ce qui serait absurde.

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S. VI. L'ÊTRE NÉCESSAIRE.

Mais oublions, si l'on veut, tout ce qui précède. Quelque chose existe; donc quelque chose a toujours existé, donc quelque chose existe nécessairement et de toute éternité : car autrement il

y au

rait eu un temps où rien n'aurait existé, et alors d'où serait venu ce qui existe, le néant ne pouvant rien produire?

Il y a donc un être nécessaire. L'athée lui-même en convient. Mais cet être, quel est-il? Est-ce la matière, comme le prétend l'athée ; ou un être distinct de la matière, et qui en est le Créateur?... Voilà la question réduite aux plus simples termes: un raisonnement facile à saisir va la résoudre.

Exister nécessairement, c'est exister de telle sorte que la non-existence implique contradiction: ces deux idées sont identiques. Par exemple, il est nécessaire d'une nécessité absolue que tous les points de la circonférence d'un cercle soient à égale distance du centre, c'est-à-dire que la non-existence de cette égalité de distance dans un cercle implique contradiction. Par exemple encore, il est nécessaire qu'un triangle ait trois angles et n'en ait que trois, c'est à-dire que la non-existence de trois angles et de trois angles seulement dans un triangle implique contradiction; et comme ce qui implique contradiction est essentiellement impossible, et ne peut être conçu, personne ne concevra jamais ni un cercle avec l'inégalité de distance des points de sa circonférence au centre, ni un triangle de deux ou de quatre angles. Il suit de là que si la matière existait nécessairement, sa non-existence impliquerait contradiction, et que personne ne pourrait la concevoir. Or cependant rien de plus aisé que concevoir la non-existence de la matière. Qu'on se

de

représente, en effet, un pied cube de matière, et qu'on se demande à soi-même si l'on ne conçoit pas aisément qu'il pourrait ne pas exister, si la nonexistence de ce pied cube implique contradiction et répugne à l'esprit : tout homme de bonne foi conviendra qu'il le conçoit, et qu'il n'y a aucune répugnance. Mais ce que je dis d'un pied cube, je puis le dire de deux, de trois, de quatre, d'un nombre quelconque d'autres pieds cubes, par conséquent de la totalité de la matière qui est toute divisible en pieds cubes, On peut donc concevoir trèsbien la non-existence de la matière; elle n'existe donc pas nécessairement; elle n'est donc pas l'être nécessaire, cause de ce qui existe. Si elle n'est pas l'être nécessaire, cause de ce qui existe, évidemment l'être nécessaire est un être distingué de la matière ; et qu'on cherche, tant qu'on voudra, l'on ne pourra pas en trouver d'autre que celui que nous appelons Dieu.

La création est une conséquence irrécusable de cette preuve. La matière existe; elle ne peut exister sans qu'il y ait une raison suffisante de son exis tence; il ne peut y avoir que deux raisons suffisantes de l'existence : l'avoir par la nécessité de sa nature, ou la recevoir d'autrui. La matière n'existe pas par la nécessité de sa nature; cette vérite vient d'être démontrée ; elle a donc reçu d'autrui l'existence; si elle a reçu l'existence, elle a passé du non-être à l'être; si elle a passé du non-être à l'être, elle a été créée; Dieu est donc le créateur de

la matière. Il est vrai que nous ne comprenons pas la création; mais nous la concevons, tandis que non seulement nous concevons, mais nous comprenons parfaitement qu'il est impossible que la matière existe nécessairement et par elle-même.

Concluons encore de cette preuve l'unité de Dieu. En effet, nous concevons très-bien la non-existence de tout être, excepté d'un seul ; il n'y a done qu'un seul être nécessaire; il n'y a donc qu'un seul être sans commencement; il n'y a donc qu'un seul Dieu. (1)

Nous voilà logiquement en possession de cette vérité souveraine, Dieu est : vérité que proclame le témoignage unanime de toutes les nations. L'homme a toujours su lite dans les merveilles du monde le

(1) Voyez sur concevoir et comprendre la p. 13 précédente.

Observez 1°. que la preuve de la création de la matière renverse évidement le système qui veut que la matière soit co-éternelle à Dieu, et qu'il n'en soit que l'organisateur. Ce faux système est, d'ailleurs, incoinpatible avec l'infinie perfection de Dieu, qui sera prouvée dans le chapitre suivant. En effet, si la matière etait co-éternelle à Dieu, Dieu partagerait totalement avec la matière l'attribut de l'éternité; or l'être infiniment parfait ne peut partager avec aucun autre étre aucun de ses attributs totalement ; car, si c'est une perfection à un être d'avoir une quali té dans un degré plus éminent qu'un autre, c'en est une, à plus forte raison, de l'avoir exclusivement à tout autre. Mais, si la matière était coéternelle à Dieu, Dieu manquerait de cette perfection: il ne serait donc pas infiniment parfait.

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27. Que l'unité de Dieu se déduit également de son infinie perfection : si Dieu n'était pas un, on concevrait un être plus parfait que lui, être sans égal; il ne serait donc pas infiniment parfait.

nom d'un Être suprême (1), comme l'attestent les traditions, les annales et les monumen's de tous

les

pays et de tous les âges. Or, dit Cicéron, le consentement de toutes les nations est une loi de la nature Consensio populorum lex naturæ putanda est (Tusc. 1--13 ). L'athéisme est donc contre nature autant qu'il est opposé à la saine rai

son.

(1) On demandait, un jour, à un pauvre arabe du désert, ignorant comme le sont la plupart des Arabes, comment il s'était assuré qu'il y a un Dieu.. - « De la même façon, répondit-il, que je connais, par les traces marquées sur le sable, s'il y a passé un homme ou une bête. » (Voyage en Arabie, par M. Darvieux.)

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