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interprétation ne serait admissible qu'autant que l'on supposerait que son intention, dans le cas qu'il eût voulu publier ses œuvres de son vivant, eût été de garder l'anonyme, afin d'échapper aux poursuites de Néron, qui y est assez maltraité, et, par ce moyen, de détourner de lui les cruels effets de sa vengeance. D'un autre côté, ce mot venter ne serait-il employé là que dans un sens figuré pour exprimer ce besoin, cette ardeur naturelle qui entraîne impérieusement vers son art tout génie que la nature a inspiré ? Mais, dans ce sens, de quelle vraisemblance et de quel rapprochement pourrait être, à la fin du prologue, la singulière comparaison que Perse y fait entre les poètes et les corbeaux ou les pies qui, dit-il, lorsqu'on leur montre de l'or, font entendre des chants mélodieux ?

Quod si dolosi spes refulserit nummi,
Corvos poetas, et poetridas picas
Cantare credas Pegaseium melos.

On ne sait vraiment de quel côté doit pencher la balance; et l'interprète le plus habile ne saurait être, à mon avis, que très embarrassé. Quoi qu'il en soit, cette recherche, d'ailleurs étrangère au fond de l'ouvrage, devient pour nous un objet de pure curiosité, et ne doit nous arrêter que superficiellement.

RÉSUMÉ

DE LA PREMIÈRE SATIRE.

Perse est sensé avoir été interrompu par un de ses amis dans la lecture qu'il veut lui faire de quelque pièce de vers satirique contre les mœurs de son temps et que celui-ci prétend qu'on ne lira pas. Cette brusque interruption donne lieu à cette première satire, en forme de dialogue, qui se passe entre lui et cet ami. Cette critique est dirigée, en général, contre tous les mauvais poètes, mais elle semble avoir été adressée en particulier, et sous des traits cachés, à Néron qui s'occupait aussi de poésies et affectait de combler de faveurs tous les savans de son empire qui vantaient ses vers. L'auteur y peint d'abord la manière ridicule par laquelle les Romains avaient coutume de faire, en présence d'un nombreux auditoire, la lecture de leurs ouvrages lorsqu'ils voulaient les publier; il y fronde leur insatiable orgueil, leur stupide aveuglement, leur style boursoufflé et emphatique, leurs entreprises téméraires et présomptueuses; il censure les vieillards en proie eux-mêmes à la manie des vers et leur mauvais goût gagnant les bancs de l'école. Les auteurs et leurs écrits y sont désignés; leurs vaines extravagances y sont signalées. L'auteur s'y plaint de ce que l'éloquence est devenue de son temps un art purement de forme et de mode. Tout enfin jusqu'aux lectures et aux déclamations forcées y est par lui plaisamment tourné

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en ridicule. Ensuite, sur l'observation des dangers que son adversaire lui présage d'une trop sévère franchise dans ses jugemens critiques, il lui cite, pour toute défense, l'exemple de Lucile et d'Horace dont les traits caustiques et mordans ont recueilli les suffrages de leur siècle et de leur postérité. Mais, comme son ami s'obstine dans le conseil qu'il lui a d'abord donné de ne point montrer ses vers en public, plein de dépit contre lui et contre le goût moderne, il termine sa satire en lui désignant la classe des lecteurs auxquels seuls il cherche à plaire, et ceux par lesquels il lui importe fort peu d'être apprécié.

SATIRA PRIMA.

IN SCRIPTORES INEPTOS.

PERSIUS, AMICUS PERSII.

PERSIUS.

« O curas hominum! ô quantum est in rebus inane ! »>

Quis leget hæc?...

AMICUS.

PERSIUS.

Min' tu istud ais ?

AMICUS.

Nemo, Hercule.

SATIRE PREMIÈRE.

CONTRE LES MAUVAIS ÉCRIVAINS.

PERSE, UN AMI DE PERSE.

PERSE.

« O folie! ô néant! ô vanité des hommes !

« Que de soins superflus dans le siècle où nous sommes ! »

L'AMI.

Dieu! qui lira jamais de tels vers ?

PERSE.

Est-ce à moi

Que vous parlez ainsi ?

L'AMI.

Personne, sur ma foi!

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