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que la science qu'est-ce que connaître ? Et nous, après tant de siècles, après tant d'observations et de disputes, de philosophie et de philosophes, nous, si fiers des progrès de la raison humaine, nous demandons encore: Qu'est-ce que la science? qu'est-ce que connaître ? Et l'on peut dire de nous que nous cherchons encore la science et la sagesse que les Grecs cherchaient il y a deux mille ans. »

Voici Pascal qui dit à son tour :

<< Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. Mais la fantaisie est semblable et contraire au sentiment; semblable, par ce qu'elle ne raisonne point; contraire, parce qu'elle est fausse : de sorte qu'il est bien difficile de distinguer entre ces contraires. L'un dit que mon sentiment est fantaisie et que sa fantaisie est sentiment; et j'en dis de même de mon côté. On aurait besoin d'une règle. La raison s'offre, mais elle est pliable en tous sens, et ainsi il n'y en a point. »

<< Notre logique, dit Lamennais, manque de base, elle s'appuie uniquement sur des hypothèses gratuites, aussi douteuse elle-même que ces hypothèses,, car, d'où tirerons-nous l'assurance qu'il existe un rapport nécessaire, immuable, entre la vérité et certaines opérations de l'esprit ? »

Il en sera ainsi tant que la philosophie n'aura pu parvenir à distinguer la raison réelle de la

raison illusoire. C'est pourquoi la fameuse proposition de Descartes : « Je pense, donc je suis », n'a aucun sens. Au lieu de déduire la substance de la pensée, il aurait fallu faire le contraire démontrer d'abord l'existence de l'être réel, de l'immatérialité, et en déduire logiquement la pensée non apparente, mais réelle et libre. Il aurait donc fallu dire : « Je suis, donc je pense. »

La philosophie qui, de son propre aveu, ne sait rien, est donc mal venue de prétendre que l'humanité doit écouter ses oracles et s'immobiliser dans ses ténèbres séculaires, et rien ne permet de supposer, sinon l'ignorance vaniteuse, qu'elle n'arrivera pas un jour, débarrassée des sophistes et de leurs théories saugrenues, à la lumière.

Il ne faut pas oublier que toutes les sciences dans lesquelles se diversifièrent les efforts des savants ne sont que des rameaux plus ou moins nombreux et vivaces de la science qui est une, car toutes elles tendent vers la recherche de la vérité. Aussi longtemps qu'elles sont dispersées et qu'aucun lien ne les unit, elles n'existent elles-mêmes qu'à l'état anarchique et il est

impossible, à l'esprit le plus génial et le mieux ordonné, d'en embrasser toutes les manifestations. Mais lorsque la synthèse les réunira dans un même faisceau, que la coordination générale en forgera les différents chaînons et les soudera entre eux, l'unité apparaîtra claire et lumineuse et déchargera les cerveaux de la fatigue qui en rend impossible actuellement l'assimilation. Et cela sera d'autant plus facile, que le point de départ, de même que le but seront, par le fait même de la démonstration de la vérité et de son acceptation par tous, identiques pour tous.

Actuellement, n'est-il pas même impossible de saisir et de fixer dans la mémoire tous les faits se rappportant à chacune des sciences? La subdivision de plus en plus grande de celles-ci est un phénomène bien moderne, et qui s'explique du reste parfaitement si on veut bien se souvenir que la matière n'existe pas comme substance, que tout y change et se transforme et que les faits, les phénomènes n'étant jamais identiques à deux moments du temps, ceux-ci sont indéfinis et illimités et que, par conséquent, jamais l'étude la plus minu

tieuse et la plus acharnée ne pourra les retenir. Toute une partie de la chimie est loin d'être ordonnée : celle qui a rapport à la matière impondérable. Les faits qui s'y rattachent restent isolés; par exemple les rapports d'affinité relatifs aux quantités n'ont pu être soumis à une règle; c'est en vain qu'on a voulu rapporter à une unité commune relativement aux quantités ceux relatifs à la tension centrifuge, les analogues de la pesanteur, abstraction faite des différences d'espèces sous les rapports d'affinité.

Il en est de même dans toutes les sciences. Si on objecte que le temps manquera au peuple pour acquérir tout le patrimoine scientifique possédé par le genre humain, seule condition — pourtant grâce à la réalisation de laquelle nul ne pourra plus être dit privilégié sous le rapport intellectuel, sous prétexte qu'il sera toujours condamné à un dur labeur, nous ferons remarquer que le despotisme une fois abattu et après l'intronisation du règne de la raison, les castes étant abolies, tout le monde sera peuple, et tous travailleront Qui raisonne travaille, et qui travaille raisonne, et le raisonnement est l'essence de l'homme,

<< Qui mange pense », a dit Balzac.

Comme nous l'avons dit, le nombre des faits scientifiques étant illimité, il est impossible évidemment à l'homme doué de la plus vaste intelligence que l'on puisse supposer, d'arriver à leur connaissance absolue. C'est seulement, du reste, relativement aux connaissances matérielles qu'il peut y avoir progrès. La règle rationnelle des actions une fois trouvée, relativement au mérite et au démérite, l'humanité se fixe, immobile, et l'instruction réelle consiste simplement à la connaître et à la respecter. En tous cas, en dehors de l'anarchie et du despotisme, sous la souveraineté de la raison et toutes exploitations abolies, il est évident que six heures de travail par jour étant plus que suffisantes pour assurer le bien-être général, ies travailleurs auront largement le loisir nécessaire pour se tenir au courant des découvertes de la science s'ils le désirent et s'ils en reconnaissent la nécessité.

<< Il suffit d'observer à cet égard, dit Colins, que si, en temps de despotisme, un seul homme, Watt, a pu réduire le travail de la grande pyramide d'Egypte, à laquelle cent mille hommes

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