Obrázky na stránke
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]

et ils le savaient parfaitement, car ils rapportent que Jésus-Christ leur avait prédit plusieurs fois les persécutions diverses par lesquelles on combattrait leur témoignage. Or ils n'étaient que de pauvres pêcheurs, faibles, pusillanimes: ils avaient abandonné lâchement leur maître dans le danger. Et l'on voudrait que, quand ils le virent mort, quand ils ne pouvaient plus le reconnaître que pour un imposteur, ils eussent pris soudainement en son nom, un grand courage, une audace extraordinaiune intrépidité sans exemple? Quand même ils au: aient pu être poussés par quelque grand intérêt, par quelque grande passion, la supposition de ce passage subit d'une extrême faiblesse, d'une extrême timidité, à une force, à une hardiesse extrêmes, serait certainement inexplicable, et l'on peut dire qu'il y a obligation logique d'avoner qu'une telle hypothèse choque manifestement le sens commun. Mais il est visible qu'ils n'avaient aucun intérêt ni d'argent, ni de réputation, ni de bien-être, et qu'ils n'étaient mus que par la passion de contribuer au bonheur et au salut des aut es hommes au prix de tous les intérêts de la vie présente; or cela n'est pas dans la nature cela est même contre la nature. Dira-t-on qu'ils étaient encouragés par l'intérêt de l'autre vie? Mais celui-là n'inspire pas le mensonge. Donc les Apôtres, l'eussent-ils voulu, n'auraient pas osé tromper.

,

,

Enfin, l'eussent-ils osé, ils ne l'auraient pas pu. Pour tromper conjointement il faut se concerter :

or il est impossible que les Apôtres et les disciples aient tenté cet accord, impossible qu'ils l'aient réalisé. Impossible qu'ils l'aient tenté; car pour ce'a il aurait fallu que ces hommes d'un caractère moral admirable, formassent tous ensemble l'abominable et périlleux projet de donner une fausse religion au monde; qu'ils fussent tous assez sûrs les uns des autres pour ne pas craindre de se confier une si criminelle pensée; que pas un ne fût ni rẻ. volté de l'horreur d'un si grand crime, ni arrêté par les difficultés de l'entreprise, ou par le défaut absolu de moyens humains, ou par la terreur des suites sur lesquelles ils ne pouvaient pas se faire illusion, puisqu'ils connaissaient parfaitement les dispositions des Juifs et de leurs chefs; que pas un n'eût l'idée que, puisqu'ils avaient tous la connaissance de la fausseté de la résurrection d'autres pouvaient l'avoir, découvrir leur secret et les confondre; que pas un n'eût assez de bon sens pour considérer que les ennemis de Jésus-Christ, dont ils allaient réveiller la rage par leur prédication, avaient toutes les facilités pour mettre au jour leur fourberie, et l'autorité pour la punir; que pas un ne cédât à des motifs si puissans pour refuser son concours à la conspiration. Ajoutez que plusieurs femmes, dans cette supposition, auraient pris part au secret, et auraient eu la même scélératesse, la même intrépidité: elles auraient même été les premiers mobiles du complot, puisque, d'après l'Evangile, elles ont rapporté les premières apparitions.

[ocr errors]

Le complot formé, il aurait fallu que de tous ceux qui auraient pris part, aucun n'eût un mɔment de repentir; qu'aucun ne fût effrayé des dan. gers qui accompagnèrent la prédication, ni rebuté des maux qui en furent immédiatement la suite, ni tenté par l'espoir des récompenses qu'aurait certainement attirées la révélation. Il aurait fallu qu'ils eussent si parfaitement concerté non seulement le fait principal, mais les plus petites circonstances, qu'ils ne se coupassent jamais eux-mêmes, que jamais ils ne se contredissent les uns les autres. Il aurait fallu qu'ils prévissent toutes les interrogations qu'on ne manqua pas de leur faire, et avec tant de précision que, dans les diverses régions où ils devaient se répandre, ils répondissent tous exactement de la même manière. Il aurait fallu que l'intérêt qui les unissait ne pût pas changer; qu'il ne survint entre eux ni dissentions, ni jalousies, ni disputes, dont les hommes les plus honnêtes ne sont pas exempts, qui sont si ordinaires entre des scélérats, et qui doivent nécessairement les diviser, soit qu'ils restent tels, soit qu'ils se corrigent. De toutes ces choses si communes, une seule venant à manquer, leur secret passait entre les mains de leurs ennemis, et la réussite était impossible. (1)

(1) Ajoutez, dans cette hypothèse d'un complot de la part des témoins de la résurrection, le grand nombre de personnes qui auraient dù y prendre part. Saint Paul rapporte que Jésus-Christ ressuscité a été vu de plus de cinq cents d'entre les frères à la fois, et il ajoute que de ce nombre la plupart sont encore vivans, ( I. Cor. XV. 6. J. Or

Et quand même on accorderait qu'aucune de ces conditions ne leur eût manqué, ( ce qui aurait été um prodige contraire à l'ordre moral), les obstacles qui leur furent suscités auraient anéanti leur entreprise, si elle n'avait eu pour fondement que l'imposture. La vue et surtout l'épreuve des tortures fait avouer aux criminels leurs forfaits, à moins qu'ils n'espèrent conserver la vie à force de constance. Dans les Apôtres c'est tout le contraire: ils sont livrés aux supplices; ils savent que persister dans leur témoignage, c'est les aggraver encore, et s'assurer la mort ; ils savent que se rétracter, c'est s'affranchir de tous leurs maux, se conserver la vie, se procurer des récompenses ; et néanmoins ils ne se démentent pas: an contraire ils affirment de plus en plus ce qu'ils ont prêché dès le commencement; et parmi eux il ne s'en trouve pas un seul qui découvre le complot criminel, pas un qui laisse échapper la moindre apparence d'un aveu, pas un qui ne supporte tout avec le calme de l'innocence, souffrant et mourant pour la vérité, sans plainte, sans murmure, sans faiblesse comme sans ostentation dans le courage.

Deux choses rendent encore ce courage plus étonnant.

saint Paul n'aurait ni osé, ni pu, ni voulu parler de la sorte, s'il n'y avait pas eu en effet, beaucoup de témoins qui avaient vu J. C. depuis sa résurrection. Aussi, quand il a avancé cette assertion au milieu de tant d'ennemis intéressés à la combattre, il ne s'en est trouvé aucun qui l'uit contredite; et par cela seul qu'ils ne l'ont pas contredite, tous les anciens adversaires du Christianisme la confirment.

A l'exception des premiers jours de leur minis tère, où ils se trouvaient tous à Jérusalem, ils tra vaillèrent séparément à l'oeuvre de l'Evangile: chacun était seul, ou tout au plus avec un disciple: ils n'avaient donc pas de quoi s'encourager par la vue et les discours de leurs frères. Depuis leur dispersion, plusieurs d'entre eux prêchaient dans des pays très-éloignés, et ne pouvaient guère avoir des nouvelles du fruit de la prédication des autres, ni même savoir s'ils étaient morts ou vivans. Qu'on pèse bien ces circonstances à la balance du cœur humain, et l'on sentira combien cet isolement était triste à la nature et devait la porter avec force à se décourager, et à abandonner l'entreprise.

De plus, les Apôtres n'eurent pas une épreu ve seule à subir; mais ils passaient souvent d'un danger à un autre, et même d'un supplice à un autre. Il ne leur était pas permis, comme aux simples fidèles, d'attendre qu'on leur demandât comp

te de leur foi: il leur était ordonné de travailler sans relâche à étendre l'empire de Jésus-Christ. Et pour cela, il leur fallait recommencer chaque jour les mêmes travaux, renouveler sans cesse les hasards d'une cause aussi difficile que périlleuse, affronter mille fois les obstacles de toute espèce, les tourmens et même la mort, et mourir ainsi mille fois par l'appréhension, et la préparation du coeur à tout évènement. Eu donnant pour fondement à leur terrible ministère le mensonge et l'imposture, comment expliquer une si longue et si ferme pa

« PredošláPokračovať »