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Lancer en tourbillon les fragiles débris.

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Souvent de toutes parts d'innombrables nuages Étendent leurs flancs noirs gonflés d'épais orages, Et versent tout à coup un immense amas d'eaux : Le ciel fond en torrens. Les boeufs et leurs travaux, Les trésors des guérets sont noyés sous les ondes; Tout déborde: les lacs, les rivières profondes, Qui roulant à grand bruit jusqu'aux gouffres amers Font reculer du choc et bouillonner les mers.

Le Roi des Dieux lui-même, assis sur la tempête, Balance au haut des airs sa foudre toute prête. La terre en a tremblé jusqu'en ses fondemens; Les animaux ont fui: des peuples pâlissans Les cœurs sont consternés d'effroi. Le Dieu terrible Frappe d'un trait brûlant la cime inaccessible De Rhodope ou d'Athos; les vents plus irrités Déchirent l'air : l'eau tombe à flots précipités. De sifflemens aigus les forêts retentissent, Et les rives au loin, les montagnes gémissent.

Veillez donc. Observez les astres et les tems, Le cours du froid Saturne et ses longs mouvemens. Etudiez Mercure, et sachez où s'égare Son flambeau rayonnant dans son orbe bizarre. Avant tout honorez les Dieux. Pour vos guérets De Cérès tous les ans implorez les bienfaits; Préparez pour sa fête un autel de verdure, Quand le printems revient embellir la nature; Quand les agneaux plus gras folâtrent sur les fleurs, Quand les vins amortis deviennent plus flatteurs: Le sommeil est alors plus calme, et les bocages Invitent les bergers sous les nouveaux ombrages. Qu'à l'envi la jeunesse invoque alors Cérès :

Cui tu lacte favos, et miti dilue baccho ;

Terque novas circum felix eat hostia fruges,
Omnis quam chorus et socii comitentur ovantes,
Et Cererem clamore vocent in tecta :

neque antè
Falcem maturis quisquam supponat aristis,
Quàm Cereri, tortâ redimitus tempora quercu,
Det motus incompositos, et carmina dicat.

LIBER SECUNDUS.

HACTENUS arvorum cultus et sidera coli:
Nunc te, Bacche, canam, nec non silvestria tecum
Virgulta et prolem tardè crescentis oliva.

Huc, pater ô Lenæe; tuis hîc omnia plena
Muneribus, tibi pampineo gravidus autumno
Floret ager, spumat plenis vindemia labris;

Huc, pater & Lenæe, veni; nudataque musto
Ô
Tinge novo mecum direptis crura cothurnis.

Tuque ades, inceptumque unà decurre laborem,
O decus, o famæ meritò pars maxima nostræ,
Mæcenas, pelagoque volans da vela patenti.
Non ego cuncta meis amplecti versibus opto;

Arrosez ses autels de vin vieux, de lait frais.
D'épis verts et de fleurs que la victime ornée

En pompe autour des champs trois fois soit promenée;
Le peuple en choeur la suit, et tous dans leurs maisons
Appellent à grands cris la Déesse et ses dons.
Surtout avant d'entrer dans la moisson nouvelle,
De chêne couronnés, animés d'un saint zèle,
Rendez grâce à Cérès par des chansons sans art,
Et des pas sans cadence enchaînés au hasard.

CHANT SECOND.

J'AI chanté les guérets et ces brillans flambeaux
Qui mesurent le tems, qui règlent les travaux.
Les treilles de Bacchus, les vergers de Pomone
Et le fruit plus tardif que Minerve nous donne,
M'occupent à leur tour. Echauffe mes accens,
Bacchus! tout est ici rempli de tes présens :

Les coteaux parfumés de pampres se couronnent,
Dans la cuve à plein bord les flots de vin bouillonnent:
Accours, Dieu des buveurs, mets bas tes brodequins,
Et pieds nuds avec moi viens fouler tes raisins.
Et toi, par qui mon nom triomphe de l'envie,
Mécène, toi l'appui, l'ornement de ma vie,
Viens! il me sera doux de voguer avec toi
Sur l'immense Océan qui s'ouvre devant moi.
Non que je veuille ici tout embrasser, tout dire;

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Non, mihi si linguæ centum sint, oraque centum,
Ferrea vox. Ades, et primi lege littoris oram;
In manibus terræ : non hîc te carmine ficto,
Atque per ambages et longa exorsa, tenebo.

PRINCIPIO, arboribus varia est natura creandis:
Namque aliæ, nullis hominum cogentibus, ipsæ
Sponte suâ veniunt, camposque et flumina latè
Curva tenent; ut molle siler, lentæque genestæ,
Populus, et glaucâ canentia fronde salicta.
Pars autem posito surgunt de semine; ut altæ
Castaneæ, nemorumque Jovi quæ maxima frondet
Aesculus, atque habita Graiis oracula quercus:
Pullulat ab radice aliis densissima silva;
Ut cerasis, ulmisque, etiam Parnassia laurus
Parva sub ingenti matris se subjicit umbrâ.
Hos natura modos primùm dedit; his genus omne
Silvarum fruticumque viret nemorumque sacrorum.

Sunt alii quos ipse viâ sibi reperit usus.
Hic plantas tenero abscidens de corpore matrum
Deposuit sulcis; hic stirpes obruit arvo,
Quadrifidasque sudes, et acuto robore vallos :
Silvarumque aliæ pressos propaginis arcus
Expectant, et viva suâ plantaria terrâ.

Nil radicis egent aliæ; summumque putator
Haud dubitat terræ referens mandare cacumen :

Cent bouches et cent voix ne pourroient y suffire.
Navigateurs prudens nous raserons le bord,
Sans cesser de le voir, prêts à rentrer au port.
Fuyez sources d'ennui, fictions poëtiques,
Vagues et longs détours, exordes emphatiques!
Marchons au but. Parmi tant d'arbres différens
Qui remplissent nos bois, qui décorent nos champs,
Les uns d'un sol fécond s'élevant sans culture,
Ne devant rien à l'art, mais tout à la nature,
Couvrent au loin la plaine, ou sur le bord des eaux
Suivent dans ses détours la course des ruisseaux.
Tels sont le peuplier, le genêt infertile,
Le saule cotonneux, l'osier souple et docile.

D'autres veulent des soins: il faut semer exprès
Le châtaignier, l'yeuse, et ce roi des forêts
Le chêne qu'à Dodone interroge la Grèce.

L'orme, le cerisier, le laurier du Permesse Etendent leurs rameaux sur mille rejetons Elevés sous leur ombre et sortis de leurs troncs.

A ces moyens long-temps nos aïeux se bornèrent. Ainsi les bois, ainsi les vergers se peuplèrent. Depuis, l'expérience instruisant les humains Etendit la carrière, ouvrit d'autres chemins. Le jet qui se forma sous l'ombre maternelle De sa tige arraché va prospérer loin d'elle : Des souches, des tronçons en quatre divisés, Des échalats, des pieux par un bout aiguisés Pompent encore la sève et donnent de l'ombrage. Ici courbée en arc la branche se propage,

Se recouvre de terre et forme un nouveau plant;

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