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SATIRE I.

CONTRE LES MAUVAIS ÉCRIVAINS.

PERSE, UN AMI DE PERSE.

PERSE.

O mortels! ô neant des choses d'ici-bas!

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Vous serez sans lecteurs. C'est honteux! c'est fort triste!

PERSIUS.

Quare?

Næ mihi Polydamas et Troiades Labeonem

> Prætulerint nugæ! Non, si quid turbida Roma

:

Elevet, accedas, examenve improbum in ista

Castiges trutina; nec te quæsiveris extra.

Nam Romæ quis non?... Ah! si fas dicere!... sed fas, Tunc quum ad canitiem et nostrum illud vivere triste 10 Adspexi, et nucibus facimus quæcumque relictis, Quum sapimus patruos: tunc... tunc... ignoscite...

AMICUS.

Nolo.

PERSIUS.

Quid faciam? sed sum petulanti splene cachinno. Scribimus inclusi, numeros ille, hic pede liber, Grande aliquid, quod pulmo animæ prælargus anhelet. 15 Scilicet hæc populo, pexusque, togaque recenti, Et natalitia tandem cum sardonyche albus, Sede leges celsa, liquido quum plasmate guttur Mobile collueris, patranti fractus ocello. Hic neque more probo videas, neque voce serena, 20 Ingentes trepidare Titos, quum carmina lumbum Intrant, et tremulo scalpuntur ubi intima versu. Tun', vetule, auriculis alienis colligis escas?

PERSE.

Pourquoi ? Polydamas et nos petits Troyens
Pourront me préférer Labéon, j'en conviens...

Le grand malheur! Qu'importe, en son bruyant délire, Si Rome avec dédain refuse de me lire ?

Moi, je laisse au hasard sa balance pencher;

Ce n'est point hors de moi que j'irai me chercher.
Car Rome... Ah! si j'osais parler!... Mais quels scrupules?
Quand je vois nos barbons, dans leurs jeux ridicules,
Moins sages que l'enfant qui joue encore aux noix !
Alors... alors... Pardon !...

L'AMI.

Point de rire sournois !

PERSE.

J'épanouis ma rate: il est si bon de rire!...
Poëtes, prosateurs, s'enferment pour écrire
Du sublime !... à lasser les plus larges poumons.
Puis, sur un haut fauteuil, alors nous déclamons,
Avec un manteau neuf, tout parfumé d'essence,
Sardoine blanche au doigt, comme un jour de naissance.
Nous humectant d'abord d'un sirop onctueux,
Nous entr'ouvrons un œil, lourd et voluptueux.....
Voyez, d'un air lascif et la voix presque éteinte,
Trépigner nos Titus quand, d'une molle atteinte,
Un vers libidineux, chatouillant leur désir,
Dans leurs reins frémissants va chercher le plaisir !
Est-ce à toi, vieux enfant, à repaître l'oreille
De ces flots d'auditeurs qui vont criant merveille,

Auriculis, quibus et dicas cute perditus: ohe!

AMICUS.

Quo didicisse, nisi hoc fermentum, et quæ semel intus 25 Innata est, rupto jecore, exierit caprificus?

PERSIUS.

En pallor seniumque! o mores! usque adeone Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter?

AMICUS.

At pulchrum est digito monstrari, et dicier : hic est! Ten' cirratorum centum dictata fuisse

30 Pro nihilo pendas?

PERSIUS.

Ecce inter pocula quærunt

Romulidæ saturi, quid dia poemata narrent.

Hic aliquis, cui circum humeros hyacinthina læna est, Rancidulum quiddam balba de nare locutus,

Phyllidas, Hypsipylas, vatum et plorabile si quid,

Eliquat, ac tenero supplantat verba palato.

Assensere viri: nunc non cinis ille poetæ

Felix? non levior cippus nunc imprimit ossa?

Laudant convivæ nunc non e manibus illis,

:

Nunc non e tumulo fortunataque favilla

40 Nascentur viola?

Jusqu'à te faire dire, Assez! n'en pouvant plus?

L'AMI.

Mais enfin nos talents deviendraient superflus,
S'ils n'éclataient au jour, comme un sauvage arbuste
Qui du rocher natal s'échappe en jet robuste?

PERSE.

Le savoir, malheureux, n'est donc plus que du vent, Si quelqu'un ne sait pas que vous êtes savant?

L'AMI.

Que la foule, du geste, en passant me désigne,
Et dise, Le voilà! n'est-ce pas gloire insigne ?
Que mes vers soient dictés à cent jeunes garçons,
Dites-moi, n'est-ce rien ?...

PERSE.

Et puis, lourds de boissons,

Les fils de Romulus, au milieu des bouteilles,

Veulent des grands auteurs connaître les merveilles.
Alors certain convive, au manteau violet,
Bégayant, nasillant, débite un chant complet
De Phyllis, d'Hypsipyle, histoires lamentables;
Et, pour rendre des mots les sons plus délectables,

Sa voix molle et flûtée en supprime la fin.

On applaudit. Ta cendre est-elle heureuse enfin,

La pierre pèse-t-elle à tes os plus légère,

O poëte? On te loue; et la fleur bocagère,

De tes månes sacrés, de l'urne, du tombeau,
Ne jaillit pas éclose ?...

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