nut bien que celuy, qui vouloit conquerir tout I'Vnivers, & qui devoit effuyer tant de perils, dans une fi grande entreprife, eftoit moins heureux. que ce Philofophe, qui ne defiroit rien. Si nous eftions fages, adorerions-nous la fortune? Aveugles que nous fommes, c'eft bien vainement que nous la plaçons dans le Ciel. Si quelqu'un me demandoit, quelles mefures je donne aux richeffes, je répondray de bonne foy, qu'il en faut avoir, autant que de.mandent les befoins de la vie, la foif, la faim, le froid; autant qu'Epicure en a eu dans fes jardins; autant que Socrate en poffedoit dans fa maifon. La nature, & la fageffe ne demandent rien davantage; quand l'une dit c est assés, l'autre ne dit jamais c'est trop peu. Mais s'il te femble que je te preffe par des exemples un peu trop feveres, mefles- y quelque chofe de nos meurs. Tu pourras avoir le revenu d'un Chevalier, qui par la loy de Rofcius te donnera feance fur le quatorziéme rang. Si tu n'és pas encore content, fi je te fais rider le front, va jufqu'au revenu de deux; paffe jufqu'à trois, fi tu le veux Mais eftant arrivé à ce point, fi tu n'as pas encore l'accompliffement de tes defirs, la fortune de Crefus, & les Threfors des Rois de Perfe ne te fuffiroient pas, ny mefme les richeffes de Nar Magnum habitatorem, quanto felicior hic, qui Nil cuperet, quam qui totum fibi pofceret orbem, Paffurus geftis aquanda pericula rebus. Nullum numen habes fi fit prudentia, nos te Nos facimus Fortuna Deam. Menfura tamen quæ Sufficiat fenfus, fi quis me confulat, edam: In quantum fitis, atque fames & frigora pof cunt, Quantum Epicure tibi parvis fuffecit in hortis, nis. Hoc quoque fi rugam trahit, extenditq; labellum Sufficient animo, nec divitia Narcifci, Indulfit Cafar cui Claudius omnia, cuius Paruit imperiis uxorem occidere inffus. ·Finis decime quarta Satyra. ciffe, auquel l'Empereur accordoit toutes chofes, jufques à ne pouvoir luy refuser la mort de Meffaline. Fin de la quatorziéme Satyre, Tome 11. H เธอเ QUINZIESME SATYRE. DE JUVENAL. De la fuperftition des Egyptiens» Q Uieft-ce qui ne fçait pas, mon cher Volufius, quels monftres on adore dans l'Egypte. Les uns s'y profternent en presence d'un crocodile : les autres tremblent de ref pect devant un oyfeau, qui s'engraiffe des ferpens qu'il devore. On y voit la Statuë d'or d'un Singe, dans l'ancienne Thebes, qui a cent portes, où des chordes merveilleufes retenuiffent par la bouche de Memnon, dont on a encore la moitié. Et il y a des Villes entieres, qui ont dans le mefme Temple pourleurs Dieux les poiffons de la mer; quelques autres ont preferé ceux des rivieres. Il y en as qui adorent jufques à un chien. Mais perfon ne n'y connoift Diane. Ce feroit un facrilede manger des poireaux, ou des oignons. ge |