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rait pu exposer ses partisans à tant de malheurs aurait-il conservé le moindre sentiment d'humanité et la moindre étincelle de raison, de s'exposer lui-même à les partager avec ceux qu'il aurait séduits, précisément pour établir une religion qu'il aurait connue fausse et qui n'aurait eu de vrai que sa morale? C'est une trop choquante absurdité, qui se détruit d'elle-même à la premiere réflexion.

A toutes ces raisons qui montrent que St. Paul n'avait aucun motif raisonnable d'embrasser la religion de Jésus Christ, s'il n'eût été sincèrement persuadé de sa vérité, ajoutons que, si on pouvait objecter aux autres apôtres qu'ils avaient été trop attachés à Jésus-Christ pendant sa vie, pour renoncer à sa doctrine après sa mort, qu'ils n'avaient que ce moyen de conserver quelque crédit, on ne pouvait dire de saint Paul rien de semblable. Ce raisonnement s'il a quelque force, prouverait, au contraire, que saint Paul devait naturellement rester juif et ennemi de Jésus-Christ; car si les Apôtres étaient engagés dans un parti, il ne l'etait pas moins dans un autre. La seule différence entre eux et lui, c'est que les autres apôtres, en quit tant leur maître après sa mort, échappaient par là aux persécutions, au lieu que saint Paul, en abandonnant les Juifs, et en embrassant la croix de Jésus-Christ, courait à une perte certaine. Donc aucun motif raisonnable n'a pu porter saint Paul à embrasser la Religion chrétienne: au con

il

traire, tout contribuait à l'en détourner. Donc, homme d'esprit et de bon sens comme il était ne l'embrassa que par une conviction intime de sa vérité; et par conséquent il n'était point un impos teur qui soutint comme vrai ce qu'il savait être faux, dans le dessein de tromper les autres.

Ajoutons encore, pour faire disparaître jusqu'à l'ombre du doute, que, quand il aurait été assez dépourvu de sens pour soutenir, sans aucun intérêt, une imposture aussi dangereuse pour lui que pour ceux qu'il séduisait, il n'aurait pu y réussir moyens qu'on sait qu'il a employés.

par

les

La foi qu'il professa, et dont il devint l'apôtre, n'était pas son ouvrage, et par conséquent il n'en pouvait imaginer les dogmes. Il n'avait eu aucune communication avec Jésus-Christ avant sa mort; il lui était donc impossible de jouer ce per sonnage sans se concerter du moins avec les Apôtres: c'était d'autant plus nécessaire, que l'entreprise de prêcher l'Evangile exigeait non seulement une parfaite connaissance de tous les faits qu'il contient, et qui n'avaient alors été publiés dans aucun écrit, mais encore un pouvoir, du moins apparent, d'opérer des miracles: pouvoir que les Apôtres donnaient comme une preuve incontestable de leur mission, et de la doctrine qu'ils annonçaient. Il fallait donc qu'il apprît d'eux les moyens dont ils se servaient pour faire illusion aux yeux, si ce pouvoir n'était qu'une supercherie. Or, saint Paul, avant de se rendre à Damas n'était connu des Apôtres que

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comme leur persécuteur, auquel évidemment ils ne se seraient pas hasardés à confier des secrets d'où dépendaient leurs espérances et leur crédit. Il suit de là que jusqu'à ce qu'il allât à Damas, St. Paul n'avait point eu de communication avec eux et qu'il n'en avait appris que ce qu'ils enseignaient publiquement à tout le monde. Or, dès qu'il y fut arrivé, il alla dire aux Juifs à qui il apportait, de la part du Grand-Prêtre et de la Synagogue, des let tres contre les chrétiens, qu'il avait vu dans la route une grande lumière qui venait du Ciel, qu'il avait entendu Jésus-Christ lui faire des reproches de ce qu'il le persécutait, et lui ordonner d'entrer dans la ville où on lui dirait ce qu'il devait faire. Cette manière de se déclarer converti à Jésus-Christ, ne peut se justifier qu'en supposant que tous ceux qui étaient avec lui, quand il avait eu cette prétendue vision, étaient du complot qu'il formait, Sans cela l'aventure qu'il racontait n'aurait eu aucune créance dans les esprits, puisqu'il n'aurait pas manqué d'être désavoné par ceux mêmes dout le témoignage était nécessaire pour en établir la vérité. Mais quelle raison aurait pu porter ces of ficiers de justice ou ces soldats employés à servir les desseins du Grand-Prêtre et de la Synagogue, à préva iquer dans la commission dont ils étaient chargés, sans qu'aucun s'y refusât, ou se démentît dans la suite? Saint Paul aurait done dû échouer dès ce premier pas.

Puisqu'il fut instruit à Damas par un chrétien,

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il faut supposer que celui-ci a été son complice. Mais il ne paraît pas qu'Ananie eût jamais connu saint Paul, et il était d'ailleurs d'une probité reconnue par les Juifs de Damas, ce qui rend toutà-fait inadmissible sa participation à une telle intrigue. De plus, comment ce chrétien aurait-il osé jouer un personnage si dangereux sans le consentement des autres disciples, et particulièrement des apôtres, ou par quels moyens aurait-il pu ob. tenir ce consentement? Quelle absurdité à eux d'attribuer la conversion de saint Paul à un miracle dont ceux qui étaient avec lui pouvaient attester la fausseté? N'était-il pas plus aisé de l'attribuer à quelque prétendu miracle opéré par Ananie ou par les disciples, de manière qu'on ne pût découvrir la supercherie?

C'était la voie la plus naturelle et la plus sûre, au lieu d'avoir recours à un évènement dont il était si facile de démontrer la supposition ou la fausseté? Le fait pouvait être aussitôt examiné par les Juifs de Damas intéressés à en faire une exacte recherche. Ceux de Jérusalem, dont il portait les lettres, n'avaient pas moins d'intérêt à découvrir tout ce mystère. Cependant quelques années après, lorsqu'ils avaient eu tout le temps et tous les moyens de faire les perquisitions nécessaires, St. Paul en appelait hardiment à Agrippa, en présence de Festus, sur la vérité de cet évènement (Act. XXVI. ); et ce prince, qui aurait certainement entendu dire tout ce que les Juifs auraient allégué

pro

contre ce fait, n'essaie pas de le contredire: preuve incontestable de la notoriété du fait et de la bité de saint Paul, qui en appelait avec assurance au témoignage du roi assis pour le juger.

Considérons maintenant quelles difficultés saint Paul dut rencontrer parmi les Gentils mêmes dans son entreprise. Il avait à combattre contre la politique et le pouvoir des magistrats; contre l'intérêt, le crédit et l'artifice des prêtres; contre les préjugés et les passions du peuple; contre la sagesse et l'orgueil des philosophes. Ainsi, loin de trouver, dans les Gentils, aucun appui, aucun secours pour l'ouvrage de leur conversion, il était assuré de rencontrer toute la résistance et l'opposition imaginables; mais, comme il était incontestablement un

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homme de bon sens il dut compter nécessairement, pour réussir à vaincre des obstacles si mu!tipliés et si naturellement invincibles, sur quelque secours extraordinaire, sur un pouvoir su,érietar à celui de la raison et de l'éloquence. Aussi, dit-il aux Corinthiens qu'il n'a point employé, en leur prêchant l'Evangile, les discours persuasifs de la sagesse humaine mais les effets sensibles de la puissance de Dieu (I. Cor. II.); et aux Thessaloniciens, que sa prédication n'a pas été en paroles seulement, mais qu'elle a été accompagnée de miracles (I. Thessal. I. ). C'était à l'efficace de ce pouvoir divin qu'il attribuait tous ses succès dans ces contrées, et partout où il établit la Religion chrétienne. S'il avait réellement ce pouvoir, on

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