се DE JUVEN A L. Contre la complaisance de la flatterie des Courtisans de l'Empereur Domitien, IR E reviens encore à Crispin ; car il doit pa. roistre icy plus d'une fois. Il n'y a pas une leule vertu, qui cache en quelque sorte la laideur de ses vices. On n'ose pas que soit un homme. Vous croiriez d'abord qu'il n'a paint de force ; mais combien n'en fait-il pas paroistre dans la débauche? S'il dédaigne de s'attacher aux veuves, c'est que le commerce ne seroit pas assez criminel pour luy. Il luy faut des adulteres & des incestes. Mais à dire yray, que luy sert-il de lasser tant de chevaux dans les vastes galleries où il fe promene; de se faire porter à l'ombre des arbres , tousiours vers de ses iardins, d'avoir acheté une si belle maison dans le plus bel endroit de Rome? Un méchant homme ne peut iamais estre E Cce iterum Crispinus, etio oft mihi fæpe vo candus Ad partes, monstrum nulla virtute redempruni A vitiis, ager, folaque libidine foriis, Delicias viduæ tantum aspernatur adultet. Quid refert igitur quantis jumenta f atiget Porticibus, quanta nemorum vectetur, in umbre, jugera quos vicina foro, quas emerit edes: H Nemo malus felix ? minime corruptor, idem Si feciset idem, caderet fub judice morim. Nam quod turpe bonis, Titio, Sejoque decebat Crispinum. quid agas, cum dira & fædior omni Crimine persona eft ? nullum fex millibus emit, Aguantem fane paribus feftersia libris, Vt perhibent, qui de magnis majora loquuntur. Conflium laudo artificis, fi munere tanto Precipuam in tabulis ceram senis abftulit orbi. Eft ratio ulterior , magna fi mifit amica , Qua vehitur claufo Laris fpecularibus antro. Niltale expectes: emit fibi. multa videmus Succin&tuspatria quondam Crispine papyro heureux, bien moins un Adulrere, un Incefueux, un Infame, qui va jufques aux Autels, corrompreune Vestale, qui merite d'être enterrée toute vive, pour l'avoir suivy. Mais ie ne dis que les desordres les plus lcgers de la vie. Si neanmoins un autre en avoir fait autant il feroit condamné à la mort. Mais ce qui ofteroit l'honneur à Titius , & à Seius, ne fait point de prejudice au grand Crifpin. Que feray-ie donc, que puis-ie dire de luy? Il n'y a point de Satyre qu'il ne merite. Il a acheté un seul poisson fix mille festerces; Il est vray qu'il pese six mille livres, fi nous croyons ceux qui ne peuvent parler des riches, qu'en augınentant tout ce qui les regarde. Mais ię ne le blâme pas encore. Cue peut-eftro il l'a acheté, pour en faire present à un Vieillard fort riche , qui n'a point d'enfans, & qui le fait son heritier. Il peut avoir une autre raison. Il la peut-estre envoyé à cette Illustre amie, porter dans chaire embellie de glaces , où elle est, comme dans une solitude. Nous nous trompons bien de pous imaginer toutes ces raisons. C'est pour luy qu'il l'a acheté. Nous voyons auiourd'huy bien des choses que pas faites Apicius. C'estoit un homme qui a mangé tout son bien. Mais il eftoit plus ménager que Crispin. Crise pin! ne te souvient-il plus d'estre venu couyert de l'écorce de ces arbres qui croissant en qui se fait H ton pays ? Et maintenant, ô Dieux ! à quel prix n'achettes-tu pas des écailles; le Pescheur auroit moins cousté, que le poiffon. Il y a des Provinces, qui donneroient à ce prix une terre. On en anroit les plus belles terres de la Pouille Il est aisé de juger qu'elle estoit la dépense de l'Empereur, puisqu’un miserable Ægyptien, qui luy fait la Cour par ses folies, employe cant de sesterces, depuis qu'il a esté fait General de la Cavalerie, luy que l'on avoit vû peu d'années auparavant vendre en détail à haute voix de méchants poissons, nés en même païs que lay. C'est icy divines Seurs!que je vous invoque, il ne s'agit point icy de chanter des fables, c'est une verité que j'ay à raconter. Aydés - moy donc,belles Nymphes de Theffalie! puisque je vous rens les honneurs que je vous dois. Lors que le dernier de la race de Vespasien estoit Maistre de l’Vnivers , & que Rome languissoit sous la tyrannie du chauve Domitien son second Neron, sur les costes de la Mer Adriatique proche le Temple de Venus d'Ancone , fondé par les Grecs, on prit un poisson admirable; il estoit sigrand qu'il remplit le filec tout entier, il n'y en a point de plus beaux dans le Marais Meotide, où ils croissant sous la glace, qui les enferme, & où ils s'engraissent, n'entrant point dans le PontEuxin , qu'aprés que le Soleil a fondu les gla. |