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Pierre, établi prince des Apôtres par Jésus-Christ, et qu'elle a vu, autour d'eile, tout changer, tout se détruire, sans changer elle-même.

Depuis 18 siècles, elle règne sur une grande partie, et même sur la partie la plus éclairée du monde. Il n'y a pas d'exemple d'une telle durée. C'est pour chicaner qu'on lui compare d'autres religions: plusieurs caractères frappans excluent toute comparaison; et il est facile de les sentir par l'exposition que nous avons faite du Christianisme, dans le chapitre Ve., sans qu'il soit nécessaire de les inarquer ici. Mais qu'on nous montre une autre religiou fondée sur des faits miraculeux, révélant des dogmes incompréhensibles, prêchée par des ignorans, et défendue d'âge en âge par en âge par les premiers hommes du temps, depuis Origène jusqu'à Pascal, malgré les derniers efforts d'une faction ennemie qui n'a cessé de la combatire depuis Celse jusqu'à Condorcet; qu'on nous en montre une autré qui soit son tie intacte de toutes les épreuves.

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Le Christianisme a résisté à tout, à la paix, à guerre, aux échafauds, aux triomphes, poignards, aux délices, à l'orgueil, à l'humiliation, à la pauvreté, à l'opulence, à la nuit du moyen âge, el au grand jour des siècles de Léon X et de Louis XIV. Jadis un empereur tout-puissant, et maître de la plus grande partie du monde connu, épuisa contre lui toutes les ressources de son génie ; il 'oublia rien pour relever les dogmes anciens; il les associa habilement aux idées platoniciennes, qui

étaient à la mode. Cachant la rage qui l'animait sous le masque d'une tolérance purement extérieu, re, il employa, contre le culte ennemi, les armes auxquelles nul coeur humain n'a résisté: il le livra au ridicule, il appauvrit le sacerdoce pour le faire mépriser, il le priva de tous les appuis que l'homme peut donner à ses oeuvres; diffamation, cabale, injustices, oppression, ridicule, force et adres se: tout fut inutile; le Galiléen l'emporta sur Ju lien le philosophe.

A la fin du dernier siècle, l'expérience s'est répétée avec des circonstances encore plus favorables; rien n'y a manqué de ce qui pouvait la rendre décisive. Soyez donc bien attentifs, vous tous que l'histoire n'a pas assez instruits. Vous disiez que le sceptre soutenait la tiare. Eh bien! il n'y a plus de sceptre dans la grande arène; il est brisé, et les morceaux sont jetés dans la boue. Vous ne saviez pas jusqu'à quel point l'influence d'un sacerdoce riche et puissant pouvait soutenir les dogmes qu'il prêchait. Je ne crois pas trop qu'il y ait une puissance de faire croire aveuglément des hommes éclairés; mais passons: il n'y a plus de prêtres; on les a chassés, égorgés, avilis; on les a dépouillés, et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd'hui l'aumône qu'ils donnaient jadis. Vous craigniez la force de la contume, l'ascendant de l'autorité, les illusions de l'imagination: il n'y a plus rien de tout cela; il n'y

a plus de coutume, il n'y a plus de maître, l'esprit de chaque homme est à lui La philosophie ayant Fongé le ciment qui unissait les hommes, il n'y a plus d'agrégation morale. L'autorité civile, favori sant de toutes ses forces le renversement du systè me ancien, donne aux ennemis du Christianisme. tout l'appui qu'elle lui accordait auparavant; l'esprit humain prend toutes les formes imaginables, pour combattre l'ancienne religion nationale; ces efforts sont applaudis et payés, et les efforts contraires sont des crimes. Vous n'avez plus rien à craindre de l'enchantement des yeux, qui sont toujours les premiers trompés: un appareil pompeux, de vaines cérémonies n'en imposent plus à des hommes devant lesquels on se joue depuis sept ans. Les temples sont fermés ou sont consacrés à la déesse Raison et à la Montagne, et ne s'ouvrent qu'aux délibérations bruyantes et aux bacchanales d'un peuple effréné. Les autels sont renversés; on a prome

né dans les rues des animaux immondes sous les vêtemens des Pontifes; les coupes sacrées ont servi à d'abominables orgies; et sur ces autels que la foi antique environna de chérubins éblouissans, on a monté des prostituées. Les ennemis du Christianisme sont les maîtres des murs du Vatican; l'Italie est subjuguée; Pie VI, le chef de l'Eglise, est en leur puissance; ses ministres, ses conseils et les membres du collége, à qui il appartenait de lui donner un successeur, ont été dispersés dans toute l'Europe.

L'incrédulité n'a donc plus de plaintes à faire;

toutes les chances humaines sont eu sa faveur; on fait tout pour elle, et tout contre sa rivale; si elle est victoriense, elle pent battre des mains et s'asseoir fièrement sur une croix renversée.

Mais si le protecteur héréditaire de l'Eglise grecque est appelé par la Providence pour devenir le défenseur de l'Eglise romaine; si son armée, venue du fond du nord, change tout-à-coup la face de l'Italie, précisément durant l'espace de temps nécessaire pour réunir le Conclave et proclamer Pie VII; si ce chef de l'Eglise est rétabli dans ses états; si une puissante énergie féconde, en un moment les ruines dont la France était encombrée; si les temples se relèvent; si le culte renaît; si le Christianisme sort de cette terrible épreuve plus pur et plus vigoureux; enfin, si la gloire de son trionphe s'est accrue d'un pas qu'a fait le temps, et qui a suffi pour dissiper toutes les objections que l'incrédulité avait cherchées avec tant de zèle dans la chronologie, la géologie, l'astronomie, la physique, l'histoire;, peut-on méconnaître, dans cette vie de 18 siècles, luttant toujours avec succès on centre les efforts des puissances de la terre, ou contre les efforts des passions des homines, ou contre les efforts de la science, sans aucune concession faite au préjudice du dogme ou de la morale, peut-on, dis-je, méconnaître la main divine qui a fondé l'univers et qui le soutient ?

des

Et non seulement Dieu a affermi, au milien orages, la Religion chrétienne, mais il n'a ces

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sé de l'étendre. Contemporaine de tous les âges, elle est aussi universelle pour les lieux, puisqu'elle forme la société la plus répandue de l'univers, et que ce qu'on lui enlève dans une partie du monde, elle le regagne dans une autre, Ses prêtres, forts de la parole de celui qui donna mission aux Apôtres d'enseigner toutes les nations, vont porter, en son la lumière du salut jusqu'aux extrémités, de

pom,
la terre

sans être attirés par aucun motif ni de commerce, ni d'ambition, ni de curiosité, quit tant tont, bravant tout, et les sables brûlans, et les déserts, et les montagnes, et la distance des lieux, et les tempêtes, et les écueils, et l'intempérie de l'air, et les fers et les prisons, et les tortures qui viennent souvent éprouver leur courage et leur foi. Ils transforment le sauvage en homme, le barbare en chrétien; ils retireut de la corruption la plus infecte, de la plus dégoûtante ignorance, de la stupidité la plus profonde, ces êtres dégradés, que semblent se disputer les plus grossières erreurs et les vices les plus abjects; et ainsi, par des moyens où l'on ne voit rien d'humain, ils enfantent à l'Eglise de nouveaux fidèles qui, en la consolant des victimes du schisme et de l'hérésie, l'enrichissent de leur multitude et de leurs vertus (1). Tout est donc surnaturel, divin dans l'Eglise, et son établissement, et sa durée, et sa propagation, malgré

( 1 ) A l'époque où le Protestantisme arrachait à l'Eglise une partie de l'Europe, la Providence envoyait Christophe Colomb découvrir l'Amérique, pour donner 1900 lieues de cote à un peuple catholique; et tandis

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