Obrázky na stránke
PDF
ePub

sons, que lorsqu'elles sont elles-mêmes admises généralement, c'est-à-dire, lorsque le témoignage des autres hommes nous apprend que, sur ce point, leur raison s'accorde avec la nôtre; et plus cet accord est universel, plus la certitude est grande. Or, en aucun temps, en aucun pays, la raison humaine n'a varié sur l'importante question de l'existence d'un premier être. Les plus forts argumens par lesquels on l'établit, consignés dans les monumens de la philosophie de tous les peuples, ont produit constamment la même impression sur les esprits (*). A quelle époque de ténèbres, en quel

(*) Les preuves particulières de l'existence de Dieu n'étant que des moyens de mettre cette grande vérité à la portée de la raison individuelle, et comme un secours offert à sa foiblesse pour lui aider à s'élever à la hauteur de la raison générale, il n'entre pas dans notre plan de les exposer. Cependant, en faveur de ceux qui croiroient avoir besoin de ce secours, nous indiquerons trois preuves de l'existence du souverain Etre, tirées chacune d'un ordre d'idées différent, afin de mieux montrer comment l'homme, entouré d'effets et effet lui-même, est, pour ainsi dire, ramené de tous les points de son être, à la cause première et universelle.

[ocr errors]

Preuve métaphysique. Pour démontrer évidemment l'existence de la Divinité, il suffiroit d'observer que l'athéisme, ou la proposition qui l'énonce, il n'y a point de Dieu, est contradictoire dans les termes, Qu'est-ce en

lieu n'a-t-on pas conclu de l'ordre du monde, l'existence d'un suprême ordonnateur? Nulle preuve

effet que Dieu ? L'idée la plus juste à la fois et la plus générale qu'on s'en puisse former, est celle de l'Etre par excellence; et c'est ainsi que, dans l'Écriture, il se définit lui-même : Je suis celui qui suis. Dieu est l'être, sans bornes, l'être infini, l'être nécessaire, en un mot l'Etre; car tout ce qu'on ajoute à ce nom en altère la simplicité, et semble en restreindre le sens. L'athéisme se réduit donc à cet axiome: L'Etre n'est pas; axiome qui renferme une contradiction telle que tous les hommes ensemble, durant l'éternité entière, ne parviendroient jamais à en imaginer de plus monstrueuse.

Quelque chose existe, donc quelque chose a toujours existé, donc quelque chose existe nécessairement. L'athée lui-même convient de ceci, mais il veut que la matière soit cet être nécessaire; et c'est ici qu'égaré par une ima gination malade, il tombe dans un abime d'absurdités. En effet, exister nécessairement, c'est exister de telle sorte que la non-existence implique contradiction; ces deux idées sont identiques. Et, pour expliquer ceci par un exemple, il est nécessaire qu'un triangle ait trois angles, et n'en ait que trois, c'est-à-dire, qu'il implique contradiction qu'un triangle ait plus ou moins de trois angles; et comme ce qui implique contradiction, ce qui est essentiellement impossible ne sauroit être conçu, personne ne concevra jamais un triangle de deux ou de quatre angles. Il suit de là que tout ce qui peut être conçu, est possible, ou n'implique pas contradiction.

ne reçut jamais de sanction si universelle. Si donc cette preuve n'étoit qu'un sophisme, si, pendant

Maintenant, qu'on se représente un pied cube de matière, et qu'on se demande à soi-même, si l'on n'en conçoit pas aisément la non-existence, si cette supposition répugne à l'esprit : tout homme de bonne foi conviendra que non. Or, ce que je dis de ce pied cube, je puis le dire de deux, de trois, d'un nombre quelconque d'autres pieds cubes, de la totalité de la matière par conséquent ; et puisqu'elle peut être conçue non-existante, il n'implique donc pas contradiction qu'elle n'existe point; elle n'existe donc pas nécessairement, elle n'est donc pas l'être nécessaire, dont l'athée lui-même est contraint d'avouer l'existence. Pour connoître maintenant quel est cet Etre, il ne s'agit que de chercher quel est celui dont la non-existence implique contradiction, ou qui ne sauroit être conçu non existant: or je défie qu'on en trouve un autre que celui qui, renfermant en soi toutes les réalités, toutes les perfections, en un mot la plénitude de l'être, ne sauroit non plus être défini que par ce caractère essentiel qui lui est exclusivement propre, l'étre; en sorte qu'on ne peut le nommer sans affirmer qu'il existe, ni nier qu'il existe sans énoncer la plus grossière des contradictions. Le concevoir, c'est le concevoir existant; nier qu'il existe, c'est dire à la fois qu'il est et n'est pas, c'est concevoir une impossibilité manifeste, c'est ne rien concevoir du tout.

On voit donc comment et pourquoi le symbole de l'athée est nécessairement contradictoire dans les termes mêmes. Quoi qu'il fasse, il est contraint d'affirmer et de

[ocr errors]

soixante siècles, le genre humain avoit pu être abusé par sa raison, que seroit-ce de la raison de

nier en même temps la même chose du même être; et la proposition, Il n'y a point de Dieu, est exactement semblable à celle-ci, La vérité n'est pas vraie. Il étoit juste et conforme à l'ordre, que la plus dangereuse et la plus féconde des erreurs en fût aussi la plus palpable. Preuve physique. On établit comme un axiome incontestable en mécanique, que la matière est indifférente au mouvement et au repos. Si, en effet, le mouvement lui étoit essentiel, il seroit impossible de la concevoir en repos. Or, loin que nous ne puissions pas la concevoir en repos, nous sommes portés au contraire à regarder le repos comme son état naturel. Qu'un corps inanimé se meuve sous nos yeux, nous imaginons aussitôt une cause de son mouvement, certains qu'il a commencé, et qu'il doit finir avec l'impression de la cause étrangère qui le produit. De plus, qu'entend-on lorsqu'on parle du mouvement essentiel à la matière ? qu'est-ce que ce mouvement? est-il indéterminé, ou déterminé? Un mouvement indéterminé seroit un mouvement en tous sens, et ayant à la fois tous les degrés de vitesse, chose absurde. Il n'y a point de mouvement sans quelque direction. Si donc le mouvement nécessaire est déterminé, « dans quel sens la >> matière se meut-elle nécessairement? Toute la matière

[ocr errors]

en corps a-t-elle un mouvement uniforme, ou chaque >> atome a-t il son mouvement propre ? Selon la première » idée, l'univers entier doit former une masse solide et » indivisible; selon la seconde, il ne doit former qu'un

chaque individu? N'ayant plus aucun moyen de discerner le vrai du faux en matière de raisonne→

» fluide épars et incohérent, sans qu'il soit jamais pos>> sible que deux atomes se réunissent. Sur quelle di »rection se fera ce mouvement commun de toute la ma» tière? Sera-ce en droite ligne, ou circulairement, en » haut, en bas, à droite, à gauche ? Si chaque molécule » de matière a sa direction particulière, quelles seront » les causes de toutes ces directions et de toutes ces diffé»rences? Si chaque atome ou molécule de matière ne >> faisoit que tourner sur son propre centre, jamais rien » ne sortiroit de sa place, et il n'y auroit point de mou» vement communiqué; encore même faudroit-il que ce » mouvement circulaire fût déterminé dans quelque sens. » Donner à la matière le mouvement par abstraction, » c'est dire des mots qui ne signifient rien; et lui donner » un mouvement déterminé, c'est supposer une cause qui le détermine. Plus je multiplie les forces particulières, plus j'ai de nouvelles causes à expliquer, sans jamais trouver aucun agent commun qui les dirige. » Loin de pouvoir imaginer aucun ordre dans le concours » fortuit des élémens, je n'en puis pas même imaginer >> le combat, et le chaos de l'univers m'est plus inconce »vable que son harmonie. » (Emile, liv. IV.)

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Il ne sert de rien de recourir à des lois générales pour expliquer l'existence du mouvement, son intensité plus ou moins grande, et ses directions diverses. « Ces lois >> dit encore Rousseau, n'étant point des êtres réels, des » substances, ont done quelque autre fondement qui

« PredošláPokračovať »