Obrázky na stránke
PDF
ePub

LADY JOSEPHINE.

Monsieur, de me réduire en vain vous vous flattez; Je dois, je prétends faire en tout mes volontés.

[blocks in formation]

LADY JOSEPHINE.

Non, je sais qu'une femme,

Du moment qu'elle vit sous le nom d'un époux,
Peut agir à sa tête et contenter ses goûts.
Parce qu'on m'éleva jadis à la campagne,
Vous me feriez votre humble et docile compagne!
Oh! si comme un enfant vous vouliez me traiter,
Pourquoi m'épousiez-vous? il fallait m'adopter.
Vous étiez assez vieux...

son plan. Toutefois, le titre qu'il a choisi nous étonne : dans l'Ecole de Sheridan, la scène des portraits de famille n'est qu'un épisode accessoire; ici notre auteur en fait le sujet principal de sa comédie. Quels peuvent avoir été ses motifs? Le défaut de documens nous met à cet égard dans une complète ignorance. (Note de l'éditeur.)

[blocks in formation]

Voilà, voilà ma faute;

Et l'on ne fit jamais de sottise plus haute.

Quand j'aurais le malheur de vous mettre en courroux,
Je le dirai tout franc: chacun se plaint de vous;
On jase, on rit tout haut de vos folles dépenses;
Et vous vous illustrez par des extravagances.
L'essaim d'écervelés qui flatte vos travers
Assiége sur vos pas les bals et les concerts;
On cite votre nom pour les modes nouvelles;
Vous changez tous les jours de plumes, de dentelles;
Vous entassez rubans, fleurs de toutes saisons,
Chapeaux, perruque blonde, et mille autres chiffons;
Enfin... quoi! vous riez!

LADY JOSEPHINE.

Oui, de votre folie:

Mais regardez-moi donc, je suis jeune et jolie.
Est-ce ma faute à moi si l'on me suit partout?
Faut-il me reprocher aussi d'avoir du goût?
Au lieu de m'applaudir...

SIR ARNOLD.

A merveille, madame;

Mais aviez-vous du goût quand je vous pris pour femme?

LADY JOSEPHINE.

Non, puisqu'à cet hymen mon cœur a consenti?

J'étais

SIR ARNOLD.

pour vous, je pense, un assez bon parti. Je me rappelle encor ma première visite:

Quel était votre état? vous l'oubliez bien vite.

LADY JOSEPHINE.

Il fallait qu'il fût triste et des plus ennuyeux

Pour me déterminer...

SIR ARNOLD.

Toujours de mieux en mieux.

Songez donc au village où vous fûtes nourrie,
Sous l'œil de votre père, et dans sa métairie.
Quand chez lui, pour vous voir, je vins le premier jour,
Vous brodiez, l'œil baissé, devant votre tambour;
Vous étiez près de moi modestement assise;

Vous portiez cheveux noirs, jupons gris, robe grise;
Des clefs en long trousseau pendaient à vos côtés.
LADY JOSEPHINE.

Oh! ce n'est que cela: vraiment vous m'enchantez!
J'ai du talent aussi pour la caricature,

Et je vais de bon cœur achever la peinture.
Je lisais quelquefois sur un lugubre ton
Pour ma tante Arabelle un ennuyeux sermon;
Souvent je récitais d'uue voix lamentable
Du fameux prince Arthur l'histoire véritable;
J'endormais, aux accords d'un clavecin criard,
Mon père, à son retour de la chasse au renard;
Ou bien avec Andreus, vicaire du village,
Je jouais à la mouche, à l'ombre, au mariage.

SIR ARNOLD.

C'est vrai. Je crois encor vous entendre et vous voir.

Vous souvient-il aussi que le dimanche au soir

Avec le grand papa vous alliez en partie
En chariot, traîné par le vieux cheval-pic?
Et pour votre cocher, dites, n'aviez-vous pas
Le sommelier Martin, qui vous menait au pas?
Aujourd'hui vous avez, grâce à ma complaisance,
Vis à vis, phaéton, berline, diligence,

Cocher, trois grands laquais, un petit postillon,
Six chevaux, pour traîner madame à Kensington.
Votre état fut long-tems éloigné de l'aisance;
Vous voilà parvenue à l'extrême opulence.

[ocr errors]

Tout vous manquait; chez vous tout se trouve à foison: Jeu, grand train, table ouverte, excellente maison; Les plaisirs, les entours d'une très haute dame; Vous avez, en un mot, l'honneur d'être ma femme. LADY JOSÉPHINE.

Et je n'aspire plus qu'au singulier honneur

D'être bientôt...

SIR ARNOLD.

Ma veuve! oui, j'entends.

LADY JOSEPHINE.

Votre humeur

Devient de jour en jour plus aigre et plus fâcheuse;
J'imite votre exemple, et suis un peu grondeuse.
J'ai tort laissons cela. J'espère qu'à la fin
Vous avez terminé vos leçons du matin.

SCÈNE II.

SCÈNE III.

SIR ARNOLD.

Fort bien. Je ne suis plus le maître en ma maison;
Et tel est cependant le sort d'un vieux garçon,
Dès qu'il veut à son tour tâter de l'hymenée.
Elle fait mon bonheur depuis près d'une année;
Depuis ce bonheur là... je suis fort malheureux.
Mais pourquoi l'épouser? oh! j'étais amoureux.
Le jour même où je fis cette énorme sottise,
Nous avons eu dispute en entrant dans l'église;
Le prêtre et l'auditoire entendaient nos éclats;
Et les cloches du lieu faisaient moins de fracas.
Chaque jour, chaque instant, c'est dispute nouvelle;
Si j'eusse offert ma main à quelque demoiselle
Qui de la capitale eût connu les travers,
Passe; mais au village on
on n'a pas les grands airs.
Quoique fille des champs, à voir de quelle aisance
Elle a de nos ladys singé l'extravagance,

On jugerait qu'à Londre elle a toujours vécu;
On croirait volontiers qu'elle n'a jamais vu

« PredošláPokračovať »