1715. cité à fon efprit. Il fut convenu dans ces Confeils fecrets que, fi quelqu'un s'oppofoit aux deffeins du Duc d'Orléans, & pouvoit lui nuire, ce feroit le Duc du Maine, qui avoit gagné le cœur du Peuple & des Grands par fes belles qualitez; mais qu'il y avoit remede à cela Que le Duc d'Orleans n'avoit qu'à fe rendre au Parlement, & y représenter fes bonnes intentions pour le Roi & pour l'Etat : Qu'il remon→ treroit enfuite qu'un Roiaume, comme la France, ne pouvoit fe paffer d'un Prince qui eût un pouvoir abfolu, & qu'il étoit impoffible de remedier aux maux publics, quand les décifions dépendoient de tant de voix: Que par confequent on ne pouvoit fe difpenfer de nommer un Régent, qui ne pouvoit être que le Duc d'Orleans, en vertu du Codicille du Roi, & par le droit de fa Naiffance.

DANS ce tems-là, plufieurs perfonnes craignoient la Guerre civile, & cette crainte n'étoit pas fans fondement, vû les fentimens & les droits de Son Alteffe Roiale. Mais fa vigilance & l'humeur paifible des Princes du Sang confervèrent la tranquillité dans le Roiaume. Son Alteffe alla au

Par

Parlement, avec les Princes du Sang 1715. & les Ducs & Pairs, & parla en ces termes à cette illuftre Affemblée.

MESSIEURS,

de ce Prin

APRES les malheurs, qui ont ac- Difcours cablé la France, & la perte que ceau Parlenous venons de faire d'un Grand ment. ,, Roi, notre unique efperance est celui que Dieu nous a donné.

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"

,, C'EST à lui, Meffieurs, que nous devons nós hommages, & une fidelle obéiffance. C'est moi le premier de fes Sujets, qui dois donner l'e,,xemple de cette fidélité inviolable » pour fa perfonne, & d'un attachement encore plus particulier que les autres aux intérêts de fon Etat.

CES fentimens connus du feu Roi m'ont attiré fans doute un difcours ,, plein de bonté, qu'il m'a tenu dans les derniers inftans de fa vie, & dont je crois vous devoir rendre compte. » Après avoir reçu le Viatique, il ,, m'appella, & me dit; MoN NEVEU, ,, j'ai fait un Teftament, où je vous ai 23 confervé tous les Droits que vous donne votre Naissance. Je vous recommande le Dauphin; fervez-le auffi fidélement que vous m'avez fervi, & travaillez à lui conferver fon RoiauA 4

" me.

1715. me.

S'il vient à manquer, vous fe rez le Maitre, & la Couronne vous » appartient.

s'il

,,A CES paroles il en ajoûta d'au,, tres qui me font trop avantageufes " pour pouvoir les rappeller. I finit en me difant; J'ai fait les difpofitions que j'ai crû les plus fages. Mais » comme on ne fauroit tout prévoir, " y a quelque chofe qui ne foit pas bien, on le changera. Ce font fes propres termes. Je fuis donc perfuadé que fuivant les Loix du Roiaume, & fuivant ce qui s'eft fait en pareilles conjonctures, & la deftination même du feu Roi, la Régence m'ap,, partient. Mais je ne ferois pas fatisfait, fi, à tant de titres, qui fe réüniffent en ma faveur, vous ne ,, joigniez vos fuffrages & votre appro,,bation, dont je ne ferois pas moins flatté que de la Regence même. Je demande donc, lorfque vous aurez lû le Teftament que le feu Roi a ,, déposé entre vos mains, & le Codicille que je vous apporte, de ne pas confondre mes différens Titres, & de délibérer également fur l'un & fur l'autre; c'est-à-dire, fur le Droit 1 que ma naiffance me donne, & fur celui

دو

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celui que le Teftament pourra y a- 1715.
jouter. Je fuis même perfuadé que
vous jugerez à propos de commen-
cer à délibérer fur le premier.

MAIS, à quelque Titre que j'aie Droit d'afpirer à la Régence, j'ofe vous affurer, Meffieurs, que je la meriterai par mon zèle pour le fervice du Roi, & par mon amour ,, pour le bien public: fur tout étant aidé par vos confeils & par vos fages

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وو

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remontrances.

,, JE vous les demande par avance, ,, en proteftant dans cette augufte Af fembléc, que je n'aurai d'autre deffein que de foulager les Peuples, 99 de rétablir le bon ordre dans les Fi-,,nances, de retrancher les dépenses ,, fuperflues, d'entretenir la paix au dedans & au dehors du Roiaume, de rétablir fur tout l'union & la tran» quillité de l'Eglife, de travailler enfin avec toute l'aplication qui mẹ fera poffible, à tout ce qui peut ren dre un Etat heureux.

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СЕ CE que que je demande maintenant, "Meffieurs, c'eft que les Gens du Roi donnent à prefent les conclufions fur la propofition que je viens de "faire, & que vous deliberiez auffiA S

tôt

1715-99

tôt que le Teftament aura été lû, fur les Titres que j'ai pour parvenir à la Regence, en commençant par premier, c'est-à-dire, celui que je tire de ma Naiffance, & des Loix ,, du Roiaume.

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le

LES Gens du Roi écouterent attentivement Son Alteffe Roiale, & conclurent d'une maniere qui donna de grandes efperances à ce Prince. La féance finit à une heure, & recommença à trois jufqu'à fix. On ouvrit le Teftament du feu Roi. Comme dans l'Article qui faifoit mention de la Régence, le Duc d'Orleans n'en étoit déclaré que le Chef, & que les affaires devoient être décidées à la pluralité des voix, le Duc d'Or. leans représenta que cette difpofition étoit fujette à trop d'inconveniens. Les Membres de l'Affemblée ne furent pas peu embarraffez au fujet de cet Article. Mais, pour éviter des troubles dans le Roiaume, elle déclara ce Son A. R. Prince Régent, & Monfieur le Duc, qui n'avoit que vingt- trois ans, fut nommé Chef du Confeil de Régence, avec pouvoir au Duc d'Orleans d'augmenter le Confeil, au cas qu'il le jugeât à propos. Le Parlement étoit

déclarée

Régent.

telle