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bientôt des poles magnétiques auffi, & peut-être plus puiffans que celui qui détermine aujourd'hui la déclinaison de l'aiguille vers le nord de l'Amérique, & dont l'existence eft prouvée par les obfervations.

Parmi ces causes toutes accidentelles, qui doivent faire changer la direction de l'Aimant, l'on doit compter comme l'une des plus puissantes, l'éruption des volcans, & les torrens de laves & de bafaltes, dont la substance est toujours mêlée de beaucoup de fer. Ces laves & ces bafaltes occupent fouvent de très-grandes étendues à la furface de la terre, & doivent par conféquent influer fur la direction de l'Aimant; en forte qu'un volcan qui, par fes éjections, produit fouvent de longues chaînes de collines compofées de laves & de bafaltes, forme, pour ainfi dire, de nouvelles mines de fer, dont l'action doit feconder ou contrarier l'effet des autres mines fur la direction de l'Aimant.

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Nous pouvons même affurer que ces bafaltes peuvent former, non-feulement de nouvelles mines de fer, mais auffi de véritables maffes d'Aimant, car leurs colonnes ont fouvent des poles bien décidés d'attraction & de répulsion. Par exemple, les colonnades de basalte des bords de la Volane, près de Val en Vivarais, ainsi que celles de la montagne de Chenavari, près de Rochemaure, qui ont plus de douze pieds de hauteur, préfentent plufieurs colonnes douées de cette vertu magnétique, laquelle peut leur avoir été communiquée Aimant.

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par les foudres électriques, ou par le magnétifme général du globe (g).

Il en eft de même des tremblemens de terre, & des bouleversemens que produifent leurs mouvemeus fubits & désastreux; ce font les foudres de l'électricité souterraine, dont les coups frappent & foulèvent par fecouffes de grandes portions de terre, & dès-lors toute la matière ferrugineufe, qui fe trouve dans cette grande étendue, devient magnétique par l'action de cette foudre électrique; ce qui produit encore de nouvelles mines attirables à l'Aimant, dans les lieux où il n'exiftoit auparavant que du fer en rouille, en ocre, & qui, dans cet état, n'étoit point magnétique.

Les grands incendies des forêts produisent aussi une quantité considérable de matière ferrugineuse & magnétique. La plus grande partie des terres du nouveau monde étoient, non-feulement couvertes, mais encore encombrées de bois morts ou vivans, auxquels on a mis le feu pour donner du jour, & rendre la terre susceptible de culture. Et c'est sur-tout dans l'Amérique feptentrionale que l'on a brûlé, & que l'on brûle encore ces immenfes forêts dans une vafte étendue; & cette cause particulière peut avoir influé fur la déclinaifon vers l'oueft, de l'Aimant en Europe.

(g) Note communiquée par M. Faujas de Saint-Fond.

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On ne doit donc regarder la déclinaifon de l'Aimant que comme un effet purement accidentel, & le magnétisme comme un produit particulier de l'électricité du globe. Nous allons exposer en détail tous les faits qui ont rapport aux phénomènes de l'Aimant, & l'on verra qu'aucun ne démentira la vérité de cette afsertion.

ARTICLE II.

De la nature & de la formation de l'Aimant.

L'AIMANT n'eft qu'un minéral ferrugineux, qui a fubi l'action du feu, & enfuite a reçu, par l'électricité générale du globe terreftre, fon magnétifme particulier. L'Aimant primordial est une mine de fer en roche vitreuse, qui ne diffère des autres mines de fer produites par le feu primitif, qu'en ce qu'elle attire puiffament les autres matières ferrugineufes, qui ont de même fubi l'action du feu. Ces mines de l'Aimant primordial, font moins fufibles que les autres mines primitives de fer; elles approchent de la nature du régule de ce métal, & c'est par cette raifon qu'elles font plus difficiles à fondre; l'Aimant primordial a donc fouffert une plus violente ou plus longue impreffion du feu primitif que les autres mines de fer, & il a en même-tems acquis la vertu magnétique par l'action de la force, qui, dès le commencement, a produit l'électricité du globe.

Cet Aimant de première formation a communiqué fa vertu aux matières ferrugineufes qui l'environnoient;

il a même formé de nouveaux Aimans, par le mélange de fes débris avec d'autres matières, & ces Aimans de feconde formation ne font auffi que des minéraux ferrugineux, provenans des détrimens du fer en état mé→ tallique, & qui font devenus magnétiques par la feule exposition à l'action de l'électricité générale. Et comme le fer qui demeure long-tems dans la même fituation acquiert toutes les propriétés du véritable Aimant, on peut dire que l'Aimant & le fer ne font au fonds que la même fubftance qui peut également prendre du magnétisme à l'exclufion de toutes les autres matières minérales, puisque cette même propriété magnétique ne se trouve dans aucun autre métal, ni dans aucune autre matière vitreuse ou calcaire. L'Aimant de première formation, eft une fonte ou régule de fer, mêlé d'une matière vitreuse, pareille à celle des autres mines primordiales de fer; mais, dans les Aimans de feconde formation, il s'en trouve dont la matière pierreuse est calcaire ou mêlangée d'autres fubftances hétérogènes. Ces Aimans fecondaires varient plus que les premiers, par la couleur, la pefanteur, & par la quantité de force magnétique.

Mais cette matière vitreufe ou calcaire des différentes pierres d'Aimant, n'eft nullement fufceptible de magnétifme, & ce n'eft qu'aux parties ferrugineufes contenues dans ces pierres, qu'on doit attribuer cette propriété; & dans toute pierre d'Aimant, vitreuse ou

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