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aventuriers.... Pour croire que Louis XVII a existe, il faut oser croire que la fille de Louis XVI est une sœur dénaturée. Or, c'est un horrible malheur, presque une impiété, que de soupçonner madame la Dauphine (1). »

Louis XVIII et Charles X étaient, aux yeux de tous ces Dauphins, des usurpateurs. La France, disaient-ils, avait détròné celui-ci pour rétablir la ligne de Louis XVI. Aussi le prince Louis-Charles de Bourbon, Dauphin de France (le soidisant baron de Richemont), se hate-t-il de protester contre l'élection du roi LouisPhilippe. Un autre prince qui signe CharlesLouis de Bourbon, dauphin de France (Naundorff), et dont les droits ne sont pas moins incontestables, protesta à son tour contre la monstruosité de la séance du 7 août 1830; puis on nous fait distribuer une proclamation signée par le duc de Normandie, autre Dauphin, datée de Bruxelles, 25 mars 1831, accompagnée d'une précédente imprimée à Luxembourg, le 6 janvier 1830.

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Enfin, l'on adresse aux fidèles sujets de Louis XVII vingt mille exemplaires d'une constitution libérale qu'il daigne octroyer à la nation française. Ce dernier document est précédé d'un colloque entre deux personnes, dans lequel l'un des interlocuteurs d démontre l'existence de Louis XVII, et raconte comment il s'était évadé du Temple. On colporte ces imprimés dans nos départements, on en dépose secrètement des paquets aux bureaux des journalistes pour leur satisfaction personnelle, et pour qu'ils ne manquent pas d'éclairer leurs concitoyens.

quelquefois aux mouvements du parti carliste et soudoyait un journal de cette couleur, tandis qu'un autre (Richemont) se faisait successivement légitimiste et républicain, suivant l'intérêt qu'il pouvait trouver à prendre tel ou tel masque pour fomenter la discorde.

Dans plusieurs circonstances où les désordres avaient pris un caractère sérieux, la coopération mystérieuse de ces personnages compliquait la difficulté de remonter à la cause première.

Les instruments qu'ils faisaient agir n'étaient ni franchement républicains, ni ouvertement légitimistes; l'on ne pouvait expliquer leur conduite en prenant comme point de départ des opinions indéterminées; il y avait là du louche, des doutes bien difficiles à résoudre. Il restait toujours une lacune dans les investigations de la justice, comme dans l'ensemble des propres connaissances du préfet de police sur les éléments constitutifs des parties.

Les manœuvres de ces conspirations amphibies étaient parvenues à créer une coterie incolore qui prêtait son appui à toutes les factions, et salariait la révolte sous toutes les formes (1).

SII. Du Dauphin et des Pseudo-Dauphins (2).

Le Dauphin est-il mort au Temple, ou bien est-il parvenu à s'en évader? C'est là une question qui ne sera probablement jamais tranchée et qui pourra servir de pendant au mystère impénétrable du Masque de fer. En effet, d'un côté on trouve un acte de décès, un procès-verbal d'autopsie signé par MM. les docteurs Pelletan et Dumangin; en outre, le geôlier du Temple, Lasne, a déclaré devant la justice,

Si les prétendants au titre de Dauphin s'étaient bornés à leurs innocentes pro-le 30 octobre 1834, qu'il avait conduit au

testations; s'ils se fussent du moins con-
tentés de publier des chartes, des procla-
mations; s'ils n'avaient pas voulu nous
apporter le trouble, l'anarchie, ils auraient
pu jouir paisiblement de leur succès auprès
des crédules et se complaire dans leurs
illusions. Mais en attendant le vote d'un
budget légal, tous ces Louis XVII se com-
posaient une espèce de liste civile à l'aide
d'escroqueries. C'était lever par anticipa-
tion des impôts avec une irrégularité que
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l'administration et la justice ne pouvaient
tolérer.

En outre, ils employaient fort mal l'argent de leurs contribuables: un de ces Louis XVII (Naundorff) se trouvait mêlé

(1) A. F. V. Thomas. « Naundorff, ou Mémoire à consulter... Paris, 1837, in-8, p. 2 et suiv.

cimetière et vu de ses yeux mettre en terre le cadavre du Dauphin (3). M. le

(1) Gisquet, ses Mémoires, t. III, ch. 1, p. 29 à 59 (1840).

+(2) Louis XVII a été le sujet de divers ouvrages qu'on trouvera énumérés à la suite de l'article que lui a consacré la « Nouvelle Biographie générale », t. XXXI.

(3) Un fait jusqu'à ce jour inconnu, c'est que le prêtre chargé de l'inhumation était un génovéfain du nom de Renard, qui ne tarda pas à quitter les ordres et à se marier. Renard établit une maison de librairie dans la rue Caumartin, et parvint par son esprit et ses manières à se former la plus belle clientèle que jamais libraire de Paris ait possédée. Non-seulement il fournissait tous les membres de la famille impériale, mais encore les ministres de Napoléon et les seigneurs de la cour. La première Restauration lui fit perdre cette belle clientèle, mais ce qui le désespéra davantage et qui lui fit perdre presque la raison, ce fut la crainte qu'on ne découvrit que c'était lui qui avait inhumé le Dauphin: il redou

docteur Pelletan a fait plus, il a conservé a
le cœur du fils de Louis XVI, l'a mis dans
l'esprit-de-vin, et après la restauration il
en a fait hommage à madame la duchesse
d'Angoulême. La mort du duc de Nor-
mandie serait donc indubitable.

NOTICE DES OUVRAGES

où les preuves de la mort de Louis XVII sont démontrées.

I. Les Derniers régicides, ou Madame Elisabeth et Louis XVII. Londres, 1796, in-8.

III. Louis XVII, roi de France, sa vie et ses infortunes, par M. Ch. Paris, Tiger, 1816, in-18 de 60 pages.

IV. Louis XVII. Ouvrage fait sur des arrêtés originaux, des procès-verbaux, et les dépositions des témoins oculaires, par belles-lettres au college royal de Louis-leSimien Despréaux, ancien professeur de Grand, et auteur des « Annales historiques de la maison de France. » Paris, Larnault, Rousseau, 1846, in-12.

Mais les partisans de Louis XVII répondent que le Dauphin serait mort le 8 prairial et que cependant on trouve à la date du 14 du même mois, dans les actes de la II. Vie du jeune Louis XVII, par A. AnConvention, un décret qui ordonne de b toine (de Saint-Gervais). Paris, “Blanchard et Chanson, 1815, in-18. poursuivre, sur toutes les routes de France, III' édit. Paris, le fils de Capet; ils montrent un discours les mêmes, 1824, in-18 orné d'un portr. et adressé, sous les murs des Sables d'O- d'un frontispice gravé. lonne, par Charette à son armée; le général vendéen dit à ses soldats : « Voulezvous laisser périr l'enfant miraculeusement sauvé du Temple comme ont péri ses augustes parents?» Enfin le procès-verbal d'autopsie dressé par MM. Pelletan et Dumangin contient cette phrase: « On nous a représenté un cadavre qu'oN NOUS A DIT ÊTRE celui de Charles-Louis, duc de Normandie. » Ainsi les médecins ont bien réellement fait au Temple l'autopsie d'un enfant, mais ils ne constatent nullement l'identité de cet enfant avec le Dauphin, et de plus une discussion fort vive, et qui a amené la publication de plusieurs brochures, s'est engagée entre MM. Pelletan et Dumangin. M. Pelletan, qui conservait le cœur de Louis XVII dans l'esprit-de-vin et qui devait l'offrir un jour à madame la duchesse d'Angoulême, soutenait naturellement l'identité; M. Dumangin la niait énergiquement. Un enfant d'une dizaine d'années aurait donc été substitué au Dauphin, et c'est le cadavre substitué que M. Lasne, gardien du Temple, aurait accompagné à sa dernière demeure.

Voici les principaux arguments donnés à l'appui de chaque opinion; nous le répétons, que faudrait-il donc penser ? Dans ce monde tout est possible; mais quelque intérêt qui puisse s'attacher à la question considérée au point de vue historique, les lecteurs des « Supercheries » pensent bien que nous ne voulons pas la traiter (1). Des écrivains honorables et bien informés ont éclairci ce qu'il y a d'obscur sur la fin du

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V. Mémoires historiques sur Louis XVII, roi de France et de Navarre, avec des Notes et des Pièces justificatives, par M. Eckard, ancien avocat, chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'honneur. Paris, Nicolle, 1816, 1817, in-8 de xvj et 343 pages, avec portrait d'après Kucharsk gravé par Manceau, et sur pap. vélin, portrait double au bistre et en noir.

Il existe un second portrait du jeune prince peint par le même artiste, et gravé par C. Hourdain; on les trouve souvent tous deux en tête de l'ouvrage de M. Eckard.

VI. L'Ange des prisons (Louis XVII), élégide, par M. Regnault de Warin, avec le portrait du jeune roi, dessiné sur le buste du cabinet de Madame, et des romances en musique. Paris, L'Huillier, Delaunay, Pillet, 1817, in-12, xxj et 249 pages, avec 4 romances gravées.

Dans treize des pages préliminaires, l'auteur a défini : Qu'est-ce que l'élégide; vient ensuite l'Ange des prisons, divisé en vingt chapitres qu'il nomme nocturnes. Le volume est terminé par de nombreuses Notes historiques qui remplissent les pages 172 à 249.

VII. L'Enlèvement et l'existence actuelle

malheureux fils de l'infortuné Louis XVI, de Louis XVII démontrés chimériques, par

et nous croyons devoir rappeler ici les écrits qu'ils ont publiés afin que l'on puisse bien étudier cette page de nos néfastes annales.

tait les persécutions des Bourbons. Si Renard avait cru
n'avoir mis en terre qu'un simulacre de Dauphin, il
n'eût pas été aussi tourmenté. Sa veuve vit encore.
(1) Illustration, numéro du 30 août 1845.

M. Eckard, auteur des « Mémoires historiques sur ce prince ». Paris, Ducollet, 1831, in-8, 60 pages.

Il faut joindre à cette brochure deux autres petits écrits qui y font suite: « Sur une honnêteté littéraire » (novembre 1831), in-8, 3 p,; et « Réplique à une réponse évasive » (décembre 1831).

VIII. Preuves authentiques de la mort du jeune Louis XVII; détails sur ses der

niers moments, pièces justificatives, documents inédits, et Réfutation des Mémoires du soi-disant, duc de Normandie, fils de Louis XVI, par A. Antoine (de Saint-Gervais). Paris, L.-F. Hivert, 1831, in-8, 48 pages. Seconde édition, revue et augmentée de documents nouveaux. Paris, le meme, novembre 1831, in-8 de 66 pages.

Le soi-disant duc de Normandie, fils de Louis XVI, que M. Antoine réfute par cet écrit, est l'imposteur soidisant baron de Richemont, dont les Mémoires avaient été publiés en juillet 1831.

Les fauteurs ou dupes de Naündorff ont essayé de réfuter ces deux derniers écrits, sous le titre de : « l'Existence de Louis XVII prouvée par les faits et par les prophéties... >

IX. Un dernier mot sur Louis XVII, et Observations, en ce qui concerne ce prince, sur un ouvrage intitulé «le Passé et l'Avenir, » par M. Eckard. Paris, Ducollet, 1832,

in-8, 64 pages.

Le Passé et l'Avenir », etc., que réfute cet écrit, n'est autre que la Relation des événements arrivés à Thomas Martin, laboureur à Gaillardon, en Beauce, en 1816, mais considérablement augmentée par les soins de pauvres dupes pour appuyer les prétentions de l'autre imposteur, l'horloger Naundorff.

X. L'Ombre du baron de Batz à M. P....................... de M.......... (Proustau de Mont-Louis) au sujet de la brochure intitulée: Quelques Souvenirs, etc., du fils de Louis XVI (et Réponse de l'auteur des Mémoires historiques. Le tout par M. Eckard). Paris, Ducollet, 1833, in-8 de 33

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XIV. Les Mensonges politiques, ou Révélation des mystères du Masque de fer et de Louis XVII, par Paul Lecointe. Paris, de l'imp. de Frey, 1847, in-8 de 120 pages.

XV. Procès-verbal de l'ouverture du corps du fils du défunt Louis Capet, dressé à la tour du Temple, à onze heures du matin. Signé Dumangin, Pelletan, Lassus et Jeanroy. Imp. dans «le Moniteur »>, du 23 prairial an III (11 juin 1795).

L'histoire de l'infortuné Louis XVII se résume tout entière par ces paroles d'une admirable simplicité: Né à Versailles, mort au Temple. Le Dauphin est bien mort au Temple. Si quelque incertitude, quelques contradictions ont pu naître à ce sujet, elles viennent de ce que les hommes de 1795 étaient plus aptes aux promptes et terribles exécutions qu'aux choses régulières et aux formalités. On n'en était pas encore venu, comme après février 1848, à tenter de faire de l'ordre avec du désordre: en tout et partout régnait alors le désordre.

D'ailleurs, supposé même la vérité de l'existence de Louis XVII, conte absurde s'il en fut jamais, ce jeune prince ne devait-il pas se montrer et se présenter en 1814, époque où les puissances réunies dans Paris s'occupaient de donner ou de faire nommer un roi pour la France? Or, dans une occasion si décisive pour le maintien de ses droits, Louis XVII n'a donné ni de près, ni de loin, le moindre signe qui ait pu faire croire à son existence. En 1815, quand les mêmes puissances sont entrées de nouveau dans notre capitale, il n'est venu dans l'esprit de personne de s'occuper d'un prince qui, loin d'élever une réclamation, ne se montrait pas plus qu'il n'avait fait en 1814. Donc la mort de Louis XVII n'est que trop certaine, donc son existence n'a pas pu, comme l'ont avancé les partisans de Louis XVII, être l'objet du secret que Martin, ce cultivateur de la Beauce, a révélé à Louis XVIII, en 1816; et c'est ainsi de réplique. Si néanmoins l'on s'obstinait une fin de non-recevoir qui ne souffre pas à prétendre que l'objet direct, le but principal de la mission de Martin était de reconnaitre les droits d'un prince invisible à nos yeux, disons vrai, d'un être chimérique, bon tout au plus à faire un héros de roman après trente-sept ans de disparition, il en résulterait une conséquence bien peu honorable pour Martin; car il a écrit et signé un acte authentique de ce

qu'il avait répété au roi: sa mission était toute spirituelle et nullement politique (1). Quoi qu'il en soit, cette faible incertitude, ces quelques contradictions apparentes expliquent l'apparition de ces nombreux prétendants venant réclamer, devant la Cour d'assises, la couronne de France; on en a fait le compte, et depuis Hervagault leur nombre s'est élevé jusqu'à quatorze ou quinze.

Outre les écrits que nous venons de rappeler tout à l'heure, il existe encore des attestations de contemporains sur la mort du Dauphin de haute importance: celle de Lasne, devant la justice criminelle de la Seine, le 3 octobre 1834, et celle faite par Barras à M. P. Grand.

On ne saurait maintenant, sans un grain de folie, ou du moins sans faire preuve d'ignorance, mettre en doute la mort de Louis XVII dans les murs du Temple. Ce

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déposition à l'audience de la Cour d'assises de la Seine, le 30 octobre dernier, Barras était bien convaincu que le véritable Louis XVII était mort au Temple, et que des intrigants seuls pouvaient se parer de son nom. Voici sur quelles circonstances était basée l'opinion de l'ex- directeur.

«En l'an Ill, Barras, alors membre de la Convention, reçut du gouvernement la mission de visiter Louis XVII détenu au Temple, et de veiller à ce qu'il fût traité avec humanité. Aussitôt que Barras le vit, il le reconnut parfaitement pour être le jeune Dauphin qu'il avait vu autrefois aux Tuileries. Personne ne s'étonnera que Barras, qui appartenait à la noblesse la plus ancienne, puisque, suivant un vieux dicton bien connu dans le Midi, la famille Barras était réputée aussi ancienne que les rochers de la Provence; personne, dis-je, ne s'étonnera que Barras ait vu souvent

n'est donc pas pour confirmer cette opi-le Dauphin, antérieurement aux graves

nion, pour attester un fait incontestable, que nous reproduisons la pièce suivante; mais elle nous semble contenir des détails susceptibles d'intéresser les personnes qui ne l'auraient point encore lue (2).

« Mézières, 11 novembre 1834. << Monsieur le rédacteur. Je voyageais dans le midi de la France, lorsque commençaient à la Cour d'assises de Paris les

curieux débats de l'affaire du baron de Richemont, se disant Louis XVII; aussi ce n'est que tout récemment que je viens de les lire dans votre journal. Je m'empresse aussitôt de vous communiquer sur la mort du véritable Louis XVII un document qui aura tout l'intérêt de l'Histoire, et qui contribuera sans doute à dessiller les yeux de la crédulité même la plus opiniâtre.

<«< Tout le monde sait que, comme ami et avocat de l'ex-directeur Barras, j'ai été en position de recevoir de cet ancien gouvernant des renseignements intéressants sur beaucoup de faits qui appartiennent à l'époque de la Révolution. Or, la mort de Louis XVII est l'un de ces faits dont il m'a souvent parlé. Ce qu'il m'en a dit et les paragraphes qu'il m'a dictés à cet égard sont en harmonie parfaite avec la déposition du sieur Lasnes, qui fut chargé de garder au Temple le Dauphin, fils de Louis XVI, et entre les bras duquel cet enfant a rendu le dernier soupir.

<«< Ainsi que M. Lasnes, qui en a fait la

(1) M. S** (SILVY), ancien magistrat, à l'auteur de l'écrit intitulé: «<le Passé et l'Avenir », etc. (Paris, 1832, in-8), p. 4.

(2) Gisquet, Mémoires (1840), t. III. ch. 1,

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événements qui se passaient alors. Barras interrogea le jeune enfant avec beaucoup de douceur sur l'état de sa santé. Celui-ci se plaignit d'éprouver de très-vives douleurs au genou, et de ne pouvoir plus le plier... Barras reconnut en effet qu'une tumeur y avait produit de très-grands ravages, et que la situation de l'enfant était pas, car, malgré les soins les plus empres réellement désespérée. Il ne se trompait sés, le jeune Dauphin mourut bientôt.

« M. Lasnes, comme on le voit par ce court exposé, n'est donc pas le seul qui puisse établir l'identé de l'enfant mort au Temple et du Dauphin Louis XVII.

« J'ai été frappé de la coïncidence parfaite qui existe entre la déposition circonstanciée de l'ancien gardien du jeune Louis XVII et les souvenirs historiques de Barras; et c'est afin que chacun puisse l'apprécier comme moi, que je vous prie de vouloir bien publier cette lettre dans votre intéressant journal (1).

« Agréez, etc.,

« P. GRAND.

<< Substitut du Procureur du Roi de Charleville. »

Les attestations que nous venons de raptoujours l'acte officiel du décès du prince, peler n'existeraient-elles pas, qu'il reste du 24 prairial an III (12 juin 1795). C'est une pièce sur laquelle on ne peut revenir, et que pourtant les nouveaux fourbes qui ont surgi depuis Hervagault, en 1802, jusqu'à Henri Hébert, le prétendant, actuel, ont essayé d'arguer de faux.

(1)« Gazette des tribunaux »,

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Avant la Révolution, vivait une marquise tres-riche. Sa fortune était convoitée par des collatéraux pressés d'en jouir. Ils singénierent à trouver un moyen de réussir au plus vite. Un breuvage narcotique, d'un effet prolongé, fut administré à la marquise. Pendant son long sommeil, ils firent entrer sous son nom, dans un hospice d'Orléans, une femme qu'ils savaient n'avoir plus que quelques jours à vivre, et qui ne tarda pas à mourir : son acte de décès fut fait aux nom et qualités de la marquise. Cette dernière, revenue de sa longue léthargic, fut singulièrement surprise d'être traitée chez elle en intruse. L'acte de décès à la main, non-seulement on la traita de folle, la marquise était morte, mais encore les collatéraux criminels eurent le crédit de la faire enfermer à ce titre à la Salpêtrière, malgré ses vives réclamations et là claire démonstration de son identité. Ceci se passait en 1788. Plusieurs fois, pendant la révolution, elle réclama et perdit. Sous l'Empire, elle récla-d ma et son nom et revendication d'état la Cour de Bourges fut saisie de cette affaire en 1808; la marquise perdit. Enfin, peu de mois après l'avénement de Louis-Philippe, un noble avocat, qui était au monde le seul appui de cette marquise, tenta un nouvel essai, qui fut tout aussi infructueux que les précédents. L'acte de décés de cette infortunée fut considéré comme réel. Et ceci n'est point un conte, comme en ont tant brodé les prétendus fils de Louis XVI. L'infortunée victime de cette étrange spoliation était Adélaïde-Marie Rogres-Lusignan de Champignelles, veuve de LouisJoseph, marquis de Douhaut, née à Champignelles, le 7 octobre 1741, supposée morte à Orléans, ou le 17, ou le 18, ou le 19 janvier 1788; le doute sur le décès naît de la déclaration des trois témoins qui en ont indiqué l'époque, mais morte en réalité, à Paris, le 16 février 1832, 44 ans après sa mort supposée!

Quand cette malheureuse marquise est morte sans avoir pu recouvrer son nom, quatre de nos pseudo-dauphins, ces saltimbanques politiques, n'ont-ils pas eu bonne grâce à venir demander aux tribunaux des revendications d'état auxquelles nul d'eux n'avait le droit de prétendre!

La magistrature française est trop haut

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placée dans l'estime de l'Europe pour craindre qu'elle prenne jamais au sérieux les audacieuses prétentions de l'un ou de l'autre de ces imposteurs. Le Dauphin est bien mort; ne le fût-il pas, et ce serait un malheur pour lui, la magistrature ne doit voir que l'acte authentique du décès du jeune prince, comme elle n'a vu précédemment que celui de la marquise de Douhault, et avec d'autant plus de raison que Louis XVI n'a laissé qu'un seul fils, et que quinze individus se sont successivement présentés pour réclamer ce titre : en les repoussant tous et en faisant condamner quelques-uns, les tribunaux n'ont commis légalement aucune de ces déplorables erreurs qui se sont commises de loin en loin. Que fût-il arrivé si les tribunaux, moins prudents, eussent reconnu Hervagault, le premier pseudo-dauphin qui s'est présenté? Quatorze autres eussent pu successivement protester et crier à l'usurpation.

Hervagault et le sabotier Mathurin Bruneau avaient réclamé des reconnaissances d'état comme l'a fait depuis l'horloger Naundorff; c'est aujourd'hui le tour de Henri Hébert, plus connu sous le nom de baron de Richemont, et pourtant on vient de découvrir en Amérique un nouveau Dauphin, qui, lui, peut-être, est le véritable; et s'il lui prenait un jour la fantaisie de venir en France, pour revendiquer aussi ses droits? L'acte du 12 juin 1795 est article qui fait loi et qui ne peut être annulé. La famille du malheureux Lesurques a-t-elle pu réussir, malgré ses nombreuses démarches, à faire supprimer le jugement portant condamnation à la peine capitale contre son chef; et pourtant, il est mieux établi que la condamnation du courrier de la malle fut une erreur de justice qu'on ne pourra jamais établir l'identité des Dauphins présents et à venir.

I.

CHARLES-GUILLAUME NAUNDORFF. Les faux Dauphins qui ont paru en France peuvent se classer en deux catégories les fous et les exploiteurs de la crédulité.

Dans la première catégorie, on doit ranger J.-F. Dufresne, Thuissier d'Uzès, Persat et l'ancien professeur Varney.

Dans la seconde : le tailleur Hervagault, le sabotier Bruneau, le vagabond Fontolive, l'horloger allemand Naündorff, puis enfin Henri Hébert, le soi-disant baron de Richemont,

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