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calcaire, la force magnétique eft d'autant plus grande, que la pierre contient plus de parties ferrugineufes fous le même volume, en forte que les meilleurs Aimans, font ceux qui font les plus pefans: c'est par cette raifon qu'on peut donner au fer, & mieux encore à l'acier, comme plus pefant que le fer, une force magnétique encore plus grande que celle de la pierre d'Aimant, parce que l'acier ne contient que peu ou point de particules terreufes, & qu'il est presqu'uniquement compofé de parties ferrugineufes réunies enfemble fous le plus petit volume, c'est-à-dire, d'aufsi près qu'il eft poffible.

Ce qui démontre l'affinité générale entre le magnétifme & toutes les mines de fer qui ont fubi l'action du feu primitif, c'eft que toutes ces mines font attirables à l'Aimant que réciproquement elles attirent, au lieu que les mines de fer en rouille, en ocre & en grains, formées poftérieurement par l'intermède de l'eau, ont perdu cette propriété magnétique, & ne reprennent qu'après avoir fubi de nouveau l'action du feu. Il en eft de même de tous nos fers & de nos aciers; c'eft parce qu'ils ont, comme les mines primitives, fubi l'action d'un feu violent qu'ils font attirables à l'Aimant. Ils ont donc, comme les mines primordiales de fer, un magnétifime paffif que l'on peut rendre actif, foit par le contact de l'Aimant, foit par la fimple expofi→ tion à l'impreffion de l'électricité générale.

Pour bien entendre comment s'eft opérée la formation des premiers Aimans, il fuffit de confidérer que toute matière ferrugineufe qui a fubi l'action du feu, & qui demeure quelque-tems expofée à l'air dans la même fituation, acquiert le magnétifme & devient un véritable Aimant; ainfi, dès les premiers tems de l'établiffement des mines primordiales de fer, toutes les parties extérieures de ces maffes, qui étoient expofées à l'air & qui font demeurées dans la même fituation, auront reçu la vertu magnétique par la caufe générale qui produit le magnétifme du globe, tandis que toutes les parties de ces mêmes mines qui n'étoient pas expofées à l'action de l'atmosphère, n'ont point acquis cette vertu magnétique; il s'eft donc formé dès-lors, & il peut encore fe former des Aimans fur les fommets & les faces découvertes des mines de fer, & dans toutes les parties de ces mines qui font exposées à l'action de l'atmosphère.

Ainfi, les mines d'Aimant ne font que des mines de fer qui fe font aimantées par l'action de l'électricité générale; elles ne font pas à beaucoup près en aussi grandes masses que celles de fer, parce qu'il n'y a que les parties découvertes de ces mines qui aient pu recevoir la vertu magnétique; les mines d'Aimant ne doivent donc fe trouver, & ne fe trouvent en effet que dans les parties les plus extérieures de ces mines primordiales de fer & jamais à de grandes profondeurs, à moins

que ces mines n'aient été excavées, ou qu'elles ne foient voifines de quelques cavernes, dans lesquelles les influences de l'atmosphère auroient pu produire le même effet que fur les fommets ou fur les faces découvertes de ces mines primitives.

Maintenant on ne peut douter que le magnétifme général du globe ne forme deux courans, dont l'un se porte de l'équateur au nord, & l'autre en fens contraire de l'équateur au fud; la direction de ces courans eft fujette à variation, tant pour les lieux que pour le tems, & ces variations proviennent des inflexions du courant de la force magnétique, qui fuit le giffement des matières ferrugineufes, & qui change à mesure qu'elles fe découvrent à l'air ou qu'elles s'enfouiffent par l'affaiffement des cavernes, par l'effet des volcans, des tremblemens de terre, ou de quelque autre cause qui change leur expofition; elles acquièrent donc ou perdent la vertu magnétique par ce changement de pofition, & dès-lors la direction de cette force doit varier, & tendre vers ces mines ferrugineufes nouvellement découvertes, en s'éloignant de celles qui se font enfoncées.

Les variations dans la direction de l'Aimant, démontrent que les poles magnétiques ne font pas les mêmes que les poles du globe, quoiqu'en général la direction de la force qui produit le magnétisme, tende de l'équateur aux deux poles terreftres. Les matières ferrugineufes

qui

qui feules peuvent recevoir du courant de cette force les propriétés de l'Aimant, forment des poles particuliers felon le giffement local, & la quantité plus ou moins grande des mines d'Aimant & de fer.

L'Aimant primordial n'a pas acquis au même inftant fon attraction & fa direction; car le fer reçoit d'abord la force attractive, & ne prend des poles qu'en plus ou moins de tems, fuivant fa pofition & felon la proportion de fes dimenfions. Il paroît donc que, dès le tems de l'établissement & de la formation des premières mines de fer par le feu primitif, les parties expofées à l'action de l'atmosphère ont reçu d'abord la force attractive, & ont pris enfuite des poles fixes, & acquis la puiffance de fe diriger vers les parties polaires du globe. Ces premiers Aimans ont certainement confervé ces forces attractives & directives, quoiqu'elles agiffent fans ceffe au-dehors, ce qui sembleroit devoir les épuifer, mais au contraire elles fe communiquent de l'Aimant au fer, fans fouffrir aucune perte ni diminution.

Plufieurs Phyficiens, qui ont traité de la nature de l'Aimant, se font perfuadés qu'il circuloit dans l'Aimant une matière qui en fortoit inceffamment après y être entrée, & en avoir pénétré la fubftance. Le célèbre Géomètre Euler, & plufieurs autres (a), voulant ex

(a) Je voudrois excepter de ce nombre Daniel Bernoulli, homme

Aimant.

M

fi

pliquer mécaniquement les phénomènes magnétiques, ont adopté l'hypothèse de Defcartes, qui fuppofe dans la fubftance de l'Aimant des conduits & des pores étroits, qu'ils ne font perméables qu'à cette matière magnétique, felon eux, plus fubtile que toute autre matière fubtile; &, felon eux encore, ces pores de l'Aimant & du fer, font garnis de petites foupapes, de filets ou de poils mobiles, qui tantôt obéiffent, & tantôt s'opposent au courant de cette matière fi fubtile. Ils fe font efforcés de faire cadrer les phénomènes du magnétifme, avec ces fuppofitions peu naturelles & plus que précaires, fans faire attention que leur opinion n'eft fondée que fur la fausse idée qu'il eft poffible d'expliquer mécaniquement tous les effets des forces de la Nature. Euler a même cru pouvoir démontrer la caufe de l'attraction univerfelle, par l'action du même fluide, qui, felon lui, produit le magnétisme. Cette prétention, quoique vaine & mal conçue, n'a

"que

d'un efprit excellent; « je me fens, dit-il, de la répugnance à croire la Nature ait formé cette matière cannelée, & ces conduits magné»tiques qui ont été imaginés par quelques phyficiens, uniquement pour nous donner le fpectacle des différens jeux de l'Aimant.... Néanmoins ce grand ma hématicien rapporte comme les autres à des caufes mécaniques les effets de l'Aimant; fes hypothèses font feulement plus. générales & moins multipliées. Voyez les pièces qui ont remporté le prix de l'Académie des Sciences, année 1746.

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