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pent, notre raison s'éclaire et se fortifie, notre corps même se conserve; nous croyons et nous vivons; et forcés de croire pour vivre un jour, nous nous étonnerons qu'il faille croire aussi pour vivre éternellement !

Lorsque notre esprit paroît le plus indépen→ dant, lorsqu'il examine, juge, raisonne, il obéit encore à la loi de l'autorité, et il n'est même actif que par la foi; car pour agir il faut vouloir, et point de volonté sans croyance. Comment la raison pourroit-elle opérer avant d'être? Et qu'est-ce que la raison, si ce n'est la vérité connue? Une intelligence qui ne connoîtroit rien, que seroitelle? Cherchez dans cette nuit un objet que la pensée puisse saisir. Vous ne trouvez, vous ne voyez que des ombres, parce que la vérité, la lumière n'y est pas. Dieu la retient en lui-même ; et ces organes si parfaits, ce corps plein de grâce et de majesté que sa main vient de former avec complaisance, ce n'est pas l'homme encore ; mais tout à coup la parole l'anime. Que l'intelligence soit! et l'homme fut. Dès lors, sans pouvoir s'en défendre, et par une invincible nécessité d'être, il croit à la vérité que le témoignage lui révèle, et prend par la foi possession de l'exis

tence.

Tel est l'ordre établi par le Créateur; nous ne

pouvons l'altérer; il est au-dessus de nos atteintes. Cependant la vérité reçue dans notre intelligence, n'y demeure pas stérile; cultivée par la réflexion, elle se développe, elle fructifie; de nouvelles idées paroissent, et nous les jugeons vraies ou fausses, selon la nature des rapports que nous apercevons entre elles et les vérités primitives: juger n'est autre chose que comparer des idées nouvelles à des idées déjà existantes en nous, et qui n'ont pu elles-mêmes être jugées, puisqu'elles n'ont pu être comparées à rien d'antérieur. Ainsi, pour nous, la vérité, ce sont nos idées premières, et l'erreur, tout ce qui n'est pas compatible avec ces idées; la logique, qui nous apprend à faire avec méthode ce discernement, n'est que la théorie de la foi.

Rappelée à son origine, la raison humaine s'affermit inébranlablement. On la voit, si je l'ose dire, étendre ses fortes racines jusque dans le sein de Dieu. C'est là qu'elle puise la vie. Nous naissons à l'intelligence par la révélation de la vérité; et les vérités premières, reposant sur le témoignage de Dieu, ou sur une autorité infinie, ont une certitude infinie (*). Elles constituent notre

(*) Les idées les plus claires ont été tellement obscurcies dans ce siècle philosophique, qu'il est nécessaire de répondre ici à une question que nous avons entendu pro

raison, qui ne peut être conçue sans elles; et révélées originairement par la parole, elles se transmettent également par la parole; donc dans la société, et seulement dans la société, parce que la vérité, qui est le bien commun des intelligences, doit être possédée en commun par elles ; et aucune intelligence ne pouvant exister qu'à l'aide de certaines vérités nécessaires, on doit retrouver ces vérités dans toutes les intelligences, et le témoignage par lequel elles se manifestent n'a pas moins de certitude que le témoignage de Dieu, parce qu'au fond

il n'en diffère pas.

De même notre raison, en tant qu'active, ayant été créée de Dieu pour une fin qui est la connoissance de la vérité, la raison générale ne sauroit errer, ou ne pas atteindre sa fin: donc le témoignage universel est infaillible.

Ainsi la vie intellectuelle, comme la vie phy

poser quelquefois. Dieu pouvoit-il tromper l'homme ou lui révéler l'erreur ? Il y a contradiction dans les termes mêmes; car on ne révèle que ce qui est, et l'erreur n'est pas. Qu'on se représente l'âme humaine comme une oapacité vide : demander si Dieu y pouvoit mettre l'erreur, c'est demander s'il pouvoit n'y rien mettre, ou laisser l'intelligence dans le néant; c'est demander s'il pouvoit à la fois créer et ne pas créer. L'erreur n'est que la né gation d'une vérité connue, une destruction; que voulezvous détruire là où il n'existę rien?

sique, dépend de la société qui a tout reçu et conserve tout par ces deux grands moyens, l'autorité et la foi, conditions nécessaires de l'existence. Premièrement, société avec Dieu, principe de la vérité, source éternelle de l'être; secondement, société des intelligences créées, que Dieu a unies entre elles, comme il les a unies à lui-même, et par les mêmes lois. Nous n'avons de vie, de mouvement, d'être enfin qu'en lui (1): noble émanation de sa substance, notre raison n'est que sa raison, comme notre parole n'est que sa parole. Oui, nous sommes quelque chose de grand, et je commence à comprendre ce mot : « Faisons l'homme à notre image » et à notre ressemblance (2). » Faisons: il y ici délibération, conseil, quelque haute et secrète société, dont la parole encore est le lien ; et je me demande, que seroit donc l'homme seul, l'homme séparé de ses semblables et séparé de Dieu ? Je vois son être qui le fuit de toutes parts; plus de certitude, plus de vérité, plus de pensée, plus de parole; fantôme muet!.... Non, il n'est pas bon que l'homme soit seul (3).

(1) In ipso enim vivimus, et movemur, et sumus. Act. XVII, 28.

(2) Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram. Gen. I, 26.

(3) Non est bonum esse hominem solum. Ibid. II, 18.

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Et quand nous parlons de l'homme, il faut en~ tendre que les mêmes lois régissent toutes les intelligences. Aucun être fini n'a en soi la lumière qui doit l'éclairer, et le plus élevé des esprits célestes, n'existant non plus que parce qu'il croit, n'est moins passif que l'homme en recevant la vérité, et pour lui comme pour nous, la certitude n'est qu'une pleine foi dans une autorité infaillible.

pas

Ne rougissons donc point de nous soumettre à cette sublime autorité, sous laquelle ploient les anges mêmes, et qui règne encore plus haut. L'univers matériel lui obéit, et ne la connoît pas. Une voix a parlé aux cieux, et les astres dociles redisent incessamment, dans tous les points de l'espace, cette grande parole qu'ils n'ont point entendue. Pour eux l'autorité n'est que la puissance; mais, pour les êtres intelligens qui vivent de vérité et doivent concourir librement à l'ordre, elle est la raison générale, manifestée par le témoignage ou par la parole. Le premier homme reçoit les premières vérités, sur le témoignage de Dieu raison suprême, et elles se conservent parmi les hommes, perpétuellement manifestées par le témoignage universel, expression de la raison générale. La société ne subsiste que par sa foi dans ces vérités, transmises de générations en généra

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