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tion, lorsqu'elles rempliront leur veritable objet, qui est de rendre la raison plus aimable, & les mœurs plus douces.

Je fuis, avec le plus profond

respect,

MONSEIGNEUR,

Votre très humble & très-obéissant serviteur,

BATTEUX.

Explication du Frontispice.

LA Vérité (ou le Vrai) objet des Arts d'imitation, assise sur un nuage, est ornée de fleurs par les Genies de l'imagination. La Poësie, accompagnée de ses Genies, dispose les guirlandes. Du côté où sont les Genies de l'Epopée & de la Tragédie, sous la draperie de la Poësie, paroissent la Terreur & la Pitié. Quatre Philosophes ou Poëtes examinent ce spectacle & ecrivent leurs reflexions: derriere eux un Dessinateur & un Peintre cherchent à imiter le vrai. En bas, sont des spectateurs, diversement emus par la Terreur & par la Pitié.

AVANT-PROPOS.

QUATRE ficcles font époque dans

l'Hiftoire des Lettres : quatre Poëtiques ont paru dans ces quatre fiecles celle d'Ariftote, dans le fiecle d'Alexandre; celle d'Horace, dans celui d'Augufte; celle de Vida, dans celui de Léon X; celle de Defpréaux, dans celui de Louis XIV. Ayant formé le deffein de les réunir, il eft naturel de commencer par la plus ancienne, fur-tout fi elle eft le fondement & la base des trois

autres.

Lorsqu'Ariftote entreprit d'écrire une Poëtique, toutes les idées relatives à la Poëfie étoient préparées : il y avoit des modeles dans tous les genres, en trèsgrand nombre, exécutés par les plus

Partie I.

A

grands maîtres. Fabricius compte jufqu'à cent quatre-vingts Auteurs tragiques, la plûpart antérieurs à Ariftote, & d'une fécondité qui a de quoi nous étonner. Efchyle avoit fait, felon quelques-uns, foixante-dix Tragédies, felon d'autres, près de cent. Sophocle en avoit plus de cent foixante-dix; Euripide près de cent vingt. Nous ne citons que les Auteurs les plus célebres, les médiocres ne devoient pas être moins féconds. Dans une fi grande multitude d'ouvrages, on pouvoit trouver toutes les variétés & toutes les beautés poffibles du genre. On dira qu'on y trouvoit encore plus les défauts. Cela pouvoit être ; mais quand il est question de former un Art, c'eft-à-dire, d'indiquer à

des Artiftes ce qu'ils doivent faire ou éviter pour avoir du fuccès, les défauts obfervés fervent autant que les beautés. Ils fervent plus, parce qu'ils font fortir plus fortement la regle. La Poëfie étoit donc affez avancée du temps d'Ariftote, pour qu'il fût en état d'en pofer les vrais principes, & d'en développer les détails.

D'un autre côté, toute la Grece, paffionnée pour les ouvrages de Poëfie, de Peinture, de Sculpture, dont elle s'occupoit depuis plufieurs fiecles, avoit un goût auffi exercé que délicat. Il ne s'agiffoit prefque, pour faire une Poëtique, que de recueillir fes jugemens, & de les rappeler aux principes fur lefquels ils étoient fondés.

Enfin la Philofophie, parvenue alors

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