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REMARQUES

SUR LA

QUATRIE' ME SATYRE

DE

I.

IVVENAL.

Edit dans la premiere Satyre. Pars niliaca ple

Cce iterum Crifpinus. C'est le mefme dont il

bis... verna Casopi Crifpinus. Il eftoit d'Egypte, il eftoit venu Efclave à Rome. Il avait commencé de s'élever fous Neron. Mais il n'y eut plus de bornes à fa faveur fous Domitien. Il femble qu'il n'en parle que parce qu'il le rencontre dans fon chemin, & qu'il s'attire luy mefme tout le mal, qu'il en va écrire, témoignant mefmes qu'il luy pardonneroit, s'il voyoit en luy quelque ombre de vertu. Mais y a-t-il rien de plus Satyrique que de dire que l'on cherche à excufer; mais qu'il eft impoffible d'y parvenir, nulla virtute redemptum à vitiis.

2. Du favori il paffe à l'Empereur mefme, ou il décrit une Affemblée d'Eftat fur le fuiet le plus vifible, qui aye iamais efté, donnant des Caracteres differents aux Senateurs, qui viennent déliberer.

8. Mullum fex millibus emit. Saumaife, & Budæe

fe font appliqués à nous faire connoiftre la valeur de la monnoye ancienne, par rapport à la noftre. Ce qu'ils n'ont pu faire, que par une tres-grande connoiffance de l'antiquité. Ils ont fupputé cet endroit. de Juvenal, & ils trouvent que fix mille pieces font fix fefterces, & que les fix fefterces montent à cent cinquante écus de noftre monnoye. Valent fex feftertia iso.coronatos Gallicos. (Ona fait ici une faute terrible adjoûtant mille à fefterces, & à livres, qu'il faut effacer) Mais il fera toûjours extrémement dif ficile de déterminer cette équivalence de la monnoye ancienne avec la nouvelle pour deux raifons. La premiere que l'on ne fçait que par conjectures le: prix certain de chaque monnoye ancienne Or ce que l'on fçait par conjectures, reçoit communement beaucoup de differentes opinions. La feconde que la monnoye nouvelle eft differente dans chaque Eftat, & dans le mefme Eftat elle est souvent differente en chaque Siecle.

9. Partem exiguam, & modica fumptam de margine ana. Les Interpretes veulent que ces Vers s'entendent de la Table de l'Empereur, & il me 'emble quec'eft de celle du favori. İl employe, dit-il, tant de fefterces, pour un feul plat, qui n'eft qu'un de ceux qu'ou luy fert avec beaucoup d'autres, qui font d'un plus grand prix, & dont cet infame fe creve tous les jours. Je n'ay point expliqué cela dans ma Tradu tion, afin de n'arrefter pas le Lecteur.

11. Profit mihi vos dixiffe puellas. Puifque je vous rends les honneurs, que je vous dois. Il y a quelque chofe de plus. Cet honneur eft de les nommer filles. Comme fi les Mufes devoient luy eftre obligées de ce qu'il ne les foubçonne pas d'avoir quelque com

merce amoureux.

12. Flavius orbem ultimus. Ce Flavius dernier des Cæfars eftoit Domitien, frere de Titus, & fils de Vefpafien. Il n'avoit aucune des bonnes qualités de

fon pere, non plus que de fon frere. Ce qui donna lien à Martial de faire cette Epigramme.

Flavia gens, quantum tibi tertius

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Abftulit hares

Panè fuit tanti non habuiffe duos.

13. Pontifici fummo. On fçait que les Empereurs eltoient Souverains Pontifes. S il donne en cet endroit à Domitien cette qualité, c'est pour montrer la difproportion qu'il y avoit entre cette charge, & fes

meurs,

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14. Difperfi protinus Alga Inquifitores agerent cum Remige nudo, Alga fignifie la mouffe qui croift dans les marais ou au bord des rivieres, & qui s'atta che auffi aux pierres, que l'on trouve au rivage de la. mer. Jay traduit ces hommes, qui font des procés fur la chofe la plus legere du monde. Mais remar qués que pour le moquer de ces Commis de mouffe, il dit qu'ils fairoient une affaire à un Pescheur tout nud, & tout pauvre qu'il eft.

15. Patina menfura. Bien que Patina ne foit qu'un plat, il ne falloit pas s'en fervir en cet endroit, com me on le verra dans la suite.

16. Plur.ma dixit, in lavam converfus. Celuy qui: parle le plus à la loüange di poiffon, est un Aveugle. Il n'y a pas jufques à fa fituation, qui ne marque: quelque chofe. Car il le reprefente tournant un peu. le dos à ce poiffon, dont il admiroit la groffeur, com me s'il l'euft pû voir, quand mesmesil auroit eu de bons yeux,

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I.

Qaar is les patates, or il s'adrefle à un

Vamvis jurato metuam tibi credere tefti. Il va

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des plus Celebres, Mais il protefte qu'il ne peut croire qu'il n'ayt pas du repentir & de la hente d'une vie fi bafle il fe donne ainfi lieu d'en dire tout ce qu'il luy plaira, & il fait paroiftre que ce n'est que pour le vanger du fuperbe dédain des riches, qu'il entreprend le détail de tout ce que l'on fouffre à leur table. Au refte il y a de trois fortes de Satyres, à les confiderer par la maniere dont elles font écrites. Les unes ne font que de fimples récits, où le Poëte parle tout feul Il y en a d'autres, où il n'y a que des Profopopées, & qui confiftent en Perfonnages. Enfin il y en a, qui font mêlées de recits, & de Profopopées,

Celle-cy eft de la premiere forte, & le Poëte y parle feul, Car comme il ne s'agit que de ce qui fe paí

fe à un repas, il n'eftoit pas neceffaire d'avoir reCours au ftyle Dramatique. Il en faut referver les Figures pour des fujets plus élevés: Et c eft dans ce ménagement, où l'on reconnoift bien que Juvenal a voit bien compris ce que c'eftoit que l'éloquence.

2. Ce Saimentus, dont il parle d'abord, eft celuy, dont Horace fe moque auffi dans la Satyre cinquiéme du premier Livre. Galba, ou Gabba eftoit, comme luy, un Parafite, dont Martial a fouvent parlé dansLes Epigrammes.

Imputat hunc Rex. Celuy, qui donnoit à manger chés luy, eftoit nommé Rex Convivii.

6. Tertia ne vacuo ceffaret calcitra lecto. C'eftoit la coûtume des Anciens de manger fur des lits, à la maniere des Grecs: Car avant que les Romains euflent efté corrompus par les meurs des Eltrangers, ils mangeoient eftant affis, felon le témoignage de Varron, & de Servius: Et ce ne fut que fort tard que les fem mes ne furent plus affifes dans les Feftins. On ne mettoit que trois lits autour de la table, c'eft pourquoy on nommoit le lieu où l'on mangeoit, Triclinium, Sur chaque lit,il n'y avoit place que pour trois, pour y eftre à fon ayfe. C'eft pourquoy Horace mar que comme une chofe extraordinaire, que quatre fuf fent fur un mesme lit.

Sape tribus lectis videas canare quaternos:

Comme le fujet de cette Satyre donne lieu de remarquer encore la maniere, dont ils eftoient couchés pour manger. Jufte Lipfe, qui a recherché ces anciennes coûtumes, dont la connoiffance fert à entendre les Auteurs, nous apprend qu'ils s'appuyoient. fur le bras gauche, n'ayant que la main droite libre, que leur tefte eftoit foûtenue für des quarreaux, & que lorfqu'ils eftoient trois fur le mefme lit, le premier avoit la tefte fur le chevet, étendant fès pieds

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