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REMARQUES

SVR LA

SEIZIE ME SATYRE

DE IVVENAL.

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E Militia. Un Vers de la quinziéme Satyre

Dos miranda quidem, fed nuper Confule fanio

Gesta fuper calida referemus mania copti, marque qu'--. elle eft écrite quelque temps aprés le Confulat de QJunius Rufticas, qui fut Conful avec l'Empereur Adrien la troifiéme année de fon Empire. Ainfi on peut croire qu'il écrivit celle-cy, pour le moquer de Ja Profeffion des Aimes, où il fut engagé fous le pretexte d'un Commandement qu'on luy donna en Egypte, pour l'éloigner de Rome, où fes Satyres luy avoient fait des ennemis.

2. Non defunt, qui abjadicent. L'Ancien Scholiafte eft de ce nombre.

3. Offendere toi caligas, tot millia clavorum. Efpeces de bottes, dont les Soldats fe fervoient, qui etoient garnies de clous. C'eft pourquoy Seneque a dit, Marius à Caliga ad Confulatum pervenit, Ei Ca

gula prit le nom de cette chauffure, qu'il avoit portée dans le Camp dés les premieres années de fa

vic.

4. Quis tam Pylades. C'eft une maniere de Proverbe, pour dire un bon ami, parce que l'Antiquité a parlé de l'amitié d'Oreste, & de Pylade, comme

d'une merveille.

5. Contra paganum poffis. Contre un Bourgeois. Car Paganus dans Suetone, dans Martial, & dans les Jurifconfultes, eft celuy qui n'eft point homme de Guerre. Dans les Auteurs plus anciens, il fignifie un Payfan. Dans les derniers ficcles on dorma ce nom à ceux, qui confervoient l'ancienne Religion des Dieux,

9. Iam facundo ponente lacernas Caditio. Las de porter fa robe, & d'attendre, il la quitte. J'ay pris une maniere plus abregée. (Il eft forti) car il ne s'agit que de donner des caufes du déni de Justice.

10. Longo fufflamine litis. Sufflamen eft une chaîne de fer, dont on enraye les roües d'un caroffe dans une defcente, Ainfi dans le fens figuré, il peut bien fignifier un obftacle. Mais j'ay mis une autre Metaphore, qui convient mieux aux procés que celJe-cy.

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DISCOVRS

SUR LES SATYRES.

Ly en a, qui croyent, que l'on a don. né ce nom à cette forte de Poëme, où l'on fait entrer un grand mélange de differents fujets, parce que les Anciens, nommoient. lanx Satyra, un plat où l'on prefentait une grande varieté de fruits.

Il y en a d'autres, aufquels cette étymologie ne plaift pas, & qui préférent celle, que l'on prend des Compagnons de Bacchus, qui furent nommés Satyres, parce qu'ils eftoient extrémement libres dans. Jeurs paroles.

Les uns prétendent auffi que la Satyre commença dans la Grèce, où on la recitoit entre les Actes. Mais un Sçavant Critique de ce temps a écrit dans fort Livre, de ludicra dictione, qu'elle est toute Latine, & que Lucilius en eft l'Auteur,

Ce qui pourroit neanmoins faire croire que les Satyres ont efté jointes à la Tragedie, eft que les premieres furent écrites en Vers Jambiques, qui font propres au Theatre, felon la Remarque d'Horace.

Ies Celebres Satyres Menippées de Varron eftoient de ce caractere, & Lucile mefme suivit cette manicre. Mais chacun peut en juger ce qu'il luy plaira,

Pour ce qui eft de la definition de la Satyre, je fuis bien furpris que Scaliger nous ayt donné celle.cy. Eft autem Poëma liberum, fimileque Satyrica natura, omnia fus deque habens, modo aliquid dicat. C'est un Poeme libre, & dont l'air à quelque chofe de celuy des Compagnons de Bacchus. Il n'y a point d'ordre. C'est un renversement de toutes chofes. Il fuffit à sa perfection qu'il y ayt beaucoup de traits piquants, & une continuelle médifance. Ce jugement paroift bien indigne d'un homme de Letres.

Peut-on croire qu'Horace, qui entendoit fi parfaitement toutes les Regles de la Poetique, que Ja. venal, qui s'y eftoit exercé depuis tant d'années, que Perfe, qui avoit de l'efprit, & de l'érudition ayent compofé leurs Satyres fans aucun art, & qu'ils n'ayent eu pour but que de remplir un Poeme de plaifanteries & de mé difances:

Jayme mieux avoir un peu moins d'eftime pour Scaliger, & ne dérober pas à ces Anciens Poetes la gl ire qu'ils ont meritée.

La Satyre n'eft point un Poeme libre, c'eft à dire, où l'on fait entrer tout ce que l'on veut. Son fujetprincipal eft de reprendre les vices des hommes, & ce n'elt pas fans ordre, & aveuglément qu'elle. les condamne,

Les vices peuvent eftre confiderés en deux manieres. Premierement en ce qu'ils ont quelque chofe, qui choque la raifon, Ce qui doit les faire confide rer comme une folie, ou une extravagance: Secondement en ce qu'ils ont quelque chofe, qui eft contre Fordre établi entre les hommes. Ce qui doit les faire mettre au rang de l'in uftice.

De la naiffent deux manieres de les reprendre, ou en fe moquant, parce que la raillerie eft une jufte pu

Dduj

nition de l'extravagance, ou en les condamnant avec force, parce que toute injuftice merite d'eftre feverement condamnée.

Les Poëtes Satyriques ont pris une de ces deux manieres, ou toutes les deux enfemble. Horace, qui¿ avoit l'efprit extremement fin & délicat, s'eft contenté de faire paroître les vices, par ce qu'ils avoient de ridicule, & de s'en moquer. Juvenal a eu plus d'étendue, & faifant voir combien il y a d'injustice, il les a condamnés fortement, avec aigreur, & en infpirant non feulement le mépris qu'on. en doit faire, mais auffi l'averfion que l'on en doit

avoir.

Il n'eft donc pas vray que les Satyres n'ayent pas leur methode particuliere; mais de plus en traduifant celles de Juvenal, j'ay remarqué que

fes exor

des font prefque tous pris de la mefme maniere, &: qu'il y détourne la hayne que l'on a contre ceux qui s'érigent en Cenfeurs d'autruy fur quelque autre perfonnage, qu'il introduit, comme s'il n'eftoit pas luy mefme Auteur de fes Satyres

Ainfi dans la premiere il fait voir qu'il a ve cu long-temps fans écrire, qu'il ne peut fe réfoudre à traiter de vains fujets, comme les autres Poëtes, & que s'il écrit des Satyres, il ne s'en faut prendre qu'aux defordres de Rome, que l'on ne peut connor tie fans les condamner.

de

plûtoft que
Comme nean-

Dans la feconde il femble d'abord qu'il prefere de s'aller cacher à l'extremité du monde, condamner les meurs de fon fiecle moins il en paroift fort irrité, il se donne l'occafion de juftifier la condamnation qu'il en fait, comme s'il eftoit plûtoft défendeur en cette cause, que de

mandeur.

Dans la troifiéme il ne parle d'abord que de fom ami, qui fort de Rome; & pour avoir lieu de luy en faire diretour ce qu'il en pense, il choifit le temps &

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