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avait en Grèce de plus recommandable par les vertus et le mérite. Le roi Antigone Gonatas qui surtout l'estimait bien sincérement, pleura sa perte, et envoya une députation aux Athéniens pour les prier d'ensevelir, aux frais du public, ses restes dans le Céramique. Ils satisfirent à sa demande, et rédigèrent à ce sujet un décret qui nous a été conservé par Diogène Laerce. Cléante lui succéda dans la direction du Portique,

PRÉCIS

SUR LA DOCTRINE DE ZÉNON.

Venu dans un siècle où les progrès du luxe avaient introduit dans la société le relâchement des mœurs, et où les sophismes des sceptiques avaient ébranlé la certitude, Zénon désirait raffermir les autorités chancelantes de la vérité et de la vertu en les associant intimement l'une à l'autre. Platon, Aristote, Diogène ne lui semblaient pas avoir atteint ce but, et il voulut essayer d'y parvenir.

Cependant ne créa point un système complet: n'ayant ni la haute imagination de Platon, ni la vaste science et la force intellectuelle d'Aristote, il emprunta aux écoles antérieures beaucoup de traits divers; et, tout en ajoutant un grand nombre d'idées aux vues de ses prédécesseurs, il leur emprunta celles qui servirent de bases à son sys

tème, et les combina quoique souvent divergentes et même contradictoires.

On ne connaît guère du stoïcisme que sa morale sévère. Zénon n'attachait cependant pas moins. d'importance à la psychologie; c'est même sur elle qu'il fondait sa morale.

Voulant écarter toute hypothèse et rétablir la certitude sur des bases inébranlables, il crut devoir n'admettre que ce qui tombe sous les sens ;. et proclama le premier, formellement et dans toute sa rigueur, l'axiôme depuis si célèbre (et faussement attribué à Aristote) nihil est in intellectu quod non priùs fuerit in sensu.

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Les perceptions primitives, sources des idées étaient, selon Aristote, des images des corps. Zénon trouva ce mot trop vague, en ce que l'image ne représente que les couleurs d'un objet et que la perception, comme l'idée, doit représenter l'objet entier. Au mot image il substitua donc celui d'apparition compréhensive (métaphore tirée de la main qui embrasse, comprehendit) et détermina avec rigueur de quelle manière est représenté l'objet corporel. Il distinguait ensuite deux sortes d'idées : les naturelles ou anticipées, produites à l'instant même de la perception, et les artificielles, fruit des combinaisons de l'intelligence. Il suivait ensuite pas à pas la logique

d'Aristote, la simplifiant seulement de temps en temps, principalement à l'article du Syllogisme.

Quoique reconnaissant les phénomènes intellectuels comme résultat de l'organisation physique, Zénon n'admet jamais un matérialisme grossier et exclusif; il assigne à tous les faits corporels, à toutes les sensations, à tous les mouvements un centre d'unité qu'il appele Hégemonique ou sens directeur (regium aut principale. Sen. De irâ.) et le suppose formé d'un feu divin répandu dans l'éther et source de la lumière. Ce sens directeur était pour les Stoïciens, l'âme.

Cette psychologie était la clé de la théologie ou physique générale de Zénon. De même que T'homme, substance unique, présente deux faces, l'une intérieure, active, directrice, qu'on nomme âme ; l'autre externe, passive, dirigée, qu'on appelle corps; de même ce vaste ensemble qu'on appelle monde peut se considérer tour-à-tour comme actif ou passif, mouvant ou mu. Dans un sens le monde est Dieu, dans l'autre il est matière. Dieu est donc éternel, universel, et cause première; la matière est comtemporaine de Dieu et éternelle enfin l'univers est non seulement un tout animé, un grand animal, mais un tout raisonnable. Toutes ses parties sont liées, toutes réagissent les unes sur les autres. De là un en

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chaînement perpétuel et nécessaire de causes; de là la nécessité, le fatum auquel tout est soumis excepté l'àme humaine.

Le Sage doit donc être impassible, apathique même, en présence des douleurs, inébranlable au milieu du monde physique et esclave de l'irrésistible fatum. Renfermé dans le sanctuaire de l'âme, il s'y étudie, il se voit né pour la justice, le beau, et vit conformément à sa nature (sequere naturam). Il n'est qu'un bien dans le monde, la vertu; le reste mérite à peine le nom de plaisir : il n'est qu'un mal, le vice ; le reste mérite à peine le nom de douleur. Les fautes ne sont point égales quant au résultat ; mais en elles-mêmes toutes égales toutes sont une violation de la loi une, universelle la vertu.

Tel est l'ensemble du système de Zénon: ses imperfections et ses suppositions gratuites sa'perçoivent d'elles-mêmes. Entr'autres vices de cette théorie, il faut remarquer surtout qu'elle détruit la vie future, et ensuite que l'auteur n'offre aucun moyen de concilier son fatum, principe fondamental sur lequel il établit sa résignation, avec le libre arbitre, principe encore plus essentiel dans son système. Mais la sublimité des principes de morale qu'elle renferme mérite toute l'admiration des grandes âmes.

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