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& demi de recevoir la couronne du martyrea, après avoir travaillé pendant plus de vingtfept ans à la converfion de ces Peuples. On trouvera dans cette hiftoire, qu'un des plus faints & des plus habiles Prelats b du Perou a fait impri1704. mer à Lima l'année paffée, quels ont efté les progrés & les commencemens de cette Miffion, quelle eft la nature, la qualité & la fituation du: Pays, quelles font les couftumes & les mœurs de ce Peuple nouvellement converti. Pour moy je me borne à décrire feulement ici le gouvernement fpirituel que les Miffionnaires ont introduit, & l'ordre admirable qu'ils ont

a Ce fut le 16. de Septembre 1702. b D. Nicolas Urbain de Mata, Evefque de la Ciudad de la Paz..

eftabli avec un fruit & un fuccés incroyable.

Cette Miffion, qui n'a commencé que depuis environ trente ans, eft fituée fous la Zone Torride au douzième degré de latitude meridionale. Elle eft feparée du Perou par les hautes montagnes appellées Cordilleras, qu'elle a à l'Orient. Du cofté du Midi, elle n'eft pas éloignée des Miffions du Paraguay: mais du costé de l'Occident & du Nord ce font des terres immenfes, qui ne font pas encore découvertes, & qui fourniront dans la fuite un vaste champ au zele des Ouvriers Apoftoliques. Il y a aujourd'hui plus de trente Miffionnaires de notre Compagnie, qui font employez à cultiver cette penible Miffion. Ils ont déjà converti vingt-cinq à

trente mille ames, dont ils ont formé quinze ou feize Bourgades, qui ne font éloignées les unes des autres que de fix à fept lieuës. Chaque Bourgade est bastie dans le terrein qui a paru le plus propre pour la fanté, & pour y procurer l'abondance: les rues en font é. gales & tirées au cordeau, les maisons uniformes. On affigne à chaque famille la portion de terre qui luy est neceffaire pour fa fubfiftance, & celui qui en est le chef, eft obligé de faire cultiver ces terres, pour bannir de fa maison l'oifiveté & la pauvreté. L'avantage qu'on en retire, c'est que les familles font à peu près également riches, c'est à dire, que chaque maison a affez de bien pour ne pas tomber dans la mifere; mais aucune n'en a en

fi grande abondance, qu'elle puiffe vivre dans la molleffe & dans les délices. Outre les biens qu'on donne à chaque famille en particulier, foit en terres, foit en beftiaux, chaque Bourgade a des biens qui font en commun, & dont on applique le revenu à l'entretien de l'Eglise & de l'Hofpital, où l'on reçoit les pauvres & les vieillards que leur âge met hors d'eftat de travailler. On employe une partie de ces biens aux Ouvrages publics, & à fournir aux Estrangers & aux Neophytes ce qui leur est neceffaire en attendant qu'ilspuifsent travailler. Quand on eftablit une nouvelle Bourgade toutes les autres font obligées d'y contribuer chacune felon fes forces & fes revenus. Au commencement de chaque an

née, on choifit parmi les perfonnes les plus fages & les plus vertueufes de la Bourgade, des Juges & des Magiftrats pour avoir foin de la Police, pour punir le vice, & pour regler les differens qui peuvent

naistre entre les Habitans. Chaque faute a fon chastiment particulier, reglé par les Loix. Il y a ordinairement deux Miffionnaires en chaque Bourgade: les Juges & les Magistrats, dont je viens de parler, ont tant de refpect & de déference pour ces Peres, qu'ils ne font prefque rien fans prendre leur avis. Les Peres de leur cofté font dans un travail continuel. Ils employent le matin à celebrer les faints Mysteres, à entendre les Confeffions qui font frequentes, & à donner audiance à ceux qui viennent

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