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alation est inutile, par conséquent fausse. Les athées << ont repris : Or ce que l'on dit de Dieu et des esprits << est contraire à la raison; donc il ne faut admettre « que la matière. Les pyrrhoniens viennent fermer la « marche, en disant : Le matérialisme renferme plus << d'absurdités et de contradictions que tous les autres systèmes donc il ne faut en admettre aucun.

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« Ainsi le premier pas dans la carrière de l'erreur a «< conduit nos raisonneurs téméraires au dernier excès d'aveuglement; ainsi la raison livrée à elle-même ne « trouve plus de bornes où elle puisse s'arrêter, elle est << entraînée, par le fil des conséquences, beaucoup plus « loin qu'elle n'avoit prévu. Tout homme qui a suivi la << naissance et le progrès des différentes opinions est «< convaincu qu'entre la vérité établie de la main de Dieu « et le pyrrhonisme absolu il n'y a point de milieu où l'esprit humain puisse demeurer ferme. Quiconque se « pique de raisonner doit être chrétien catholique, ou << entièrement incrédule et pyrrhonien dans toute la rigueur du terme ». C'est-à-dire que quiconque se pique de raisonner doit suivre en tout le sens commun, la raison par excellence, avec les catholiques, ou y renoncer tout-à-fait avec les fous et les incrédules.

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Dans le troisième numéro du quatrième volume du Défenseur, vous annoncez que vous ne parlerez plus de l'Essai sur l'Indifférence, et que vous en laissez désormais la défense à son auteur, puisqu'on a pris enfin le parti de l'attaquer par des livres, et, pour ainsi dire, en bataille rangée. Mon intention n'est pas de combattre votre résolution, mais je voudrois au moins vous demander une petite exception en ma faveur. J'ai toujours été très partisan du sens commun, comme unique motif de la certitude raisonnée et même de la certitude de fait, et j'ai cent fois prouvé aux opposans qu'ils n'avoient pas lu le premier chapitre du second volume ni le troisième, ou qu'ils ne l'avoient pas compris. Mais c'est une terrible chose que le préjugé, surtout quand il a été puisé dans une chaire de philosophie ou de théologie. On crie chez nous, monsieur, comme ailleurs, au scandale, au pyrrhonisme, à la destruction de la religion : le poison gagne, dit-on, et en attendant que quelque champion ressuscité de la philo

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sophie d'Aristote vienne prouver par son sens intime, par l'évidence, par les sensations, par le raisonnement, en un mot par les quatre moyens infaillibles d'acquérir la certitude, que M. de la Mennais n'est qu'un rêveur insensé, ce poison s'étend, à l'ombre d'un grand nom, à l'appui de grandes autorités. Enfin, un grand professeur de philosophie a bien voulu accorder, 1o que l'autorité du genre humain doit passer pour infaillible ; 2o qu'elle accompagne toutes les vérités certaines mais il ne veut pas qu'on rejette pour cela, ni le sens intime, ni l'évidence, ni les sensations, ni surtout le raisonnement. On pourroit voir une contradiction ou une chicane dans ses raisonnemens ; mais il ne l'y reconnoît pas : donc elle n'y est pas.

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Si vous trouvez, monsieur, que les réflexions que je vous envoie puissent encore contribuer à l'éclaircissement des difficultés qu'on oppose à M. de la Mennais sans le comprendre, je serai bien aise de les voir insérées dans le Défenseur, parce que c'est le bon moyen de les répandre au loin; si vous en jugez autrement, je serai également bien aise de vous avoir fait connaître qu'il y a au fond des provinces les plus reculées des admirateurs et des partisans du pyrrhonisme nouveau de M. de la Mennais, qui cependant ne recommande rien tant que la foi, et même la foi la plus humble et la plus ferme.

I. Différence entre les moyens de connoître et les
motifs de croire.

Toutes les vérités, excepté celles qui sont immédiatement du ressort du sens intime, sont hors de l'ame, puis

qu'elles sont distinguées d'elle; il faut donc un moyen ou milieu par où ces vérités soient communiquées à l'intelligence, afin qu'elle en acquière la connoissance; mais ce moyen ou milieu ne peut transmettre à l'intelligence qu'une image ou une idée, qui n'est pas la vérité ellemême, mais seulement sa représentation; or, on convient qu'il n'y a jamais rapport et connexion nécessaire entre telle ou telle idée ou image de l'ame et tel ou tel objet ou vérité hors de l'ame. Effectivement, les images les plus distinctes et les plus claires sont souvent trompeuses, on en convient ; et pourquoi n'en seroit-il pas de même des idées, par rapport aux objets intellectuels? On peut défier toute la philosophie et toute la théologie scolastique de faire voir une différence raisonnable entre le rapport des images au corps et des idées aux choses insensibles. Il faut donc ajouter, aux moyens qui nous apportent la connoissance des vérités, des motifs ou raisons qui déterminent l'esprit à croire la réalité extérieure des choses dont il a la représentation intérieure.

du

Les moyens de connoître sont les sens ou organes corps, les yeux, les oreilles, etc., la parole et le raisonnement, c'est-à-dire, en général, l'attention, la réflexion, la comparaison, l'abstraction, etc. Les motifs de croire sont la révélation divine, le témoignage universel, et, si l'on veut, l'analogie, mais seulement dans les choses où elle est universellement admise.

Disons un mot du sens intime, de l'évidence et des sensations.

1o Le sens intime est la conscience des choses qui se passent dans l'ame; or, ce n'est pas un motif de juger, il

ne porte jamais à juger. D'abord toutes les philosophies conviennent que ce n'est pas une raison de juger de rebus in ordine ad se, parce qu'il n'y a point de liaison nécessaire entre telle affection de l'ame et tel objet extérieur. Quant aux choses considérées in ordine ad nos, le sens intime ne juge pas; et voilà pourquoi on ne dit jamais, on ne peut pas dire: Je crois que je sens, que je souffre, etc. Aussi celui qui dit je souffre, je pense, etc., ne prononce pas un jugement, mais il énonce un fait privé, dont lui seul est témoin, que personne ne peut contredire, mais qu'il ne lui est pas non plus possible de prouver à celui qui le nieroit.

Les sentimens intérieurs sont donc des faits et non des jugemens; faits que la parole énonce, mais que les actions prouvent, et qui ne peuvent se démontrer eux-mêmes. Quelle certitude en effet avez-vous, quand vous dites : je sens, puisque je sens? La première partie est vraie, si la seconde l'est; mais c'est la question.

Une chose que l'on ne remarque pas assez, c'est que, dans l'énoncé d'un sentiment intérieur, il y a un jugement par lequel on prononce la ressemblance qu'on croit exister entre le sentiment qu'on éprouve et les sentimens que les autres ont éprouvés, et qu'ils ont appelés, par exemple, douleur, joie, crainte, etc. Or, il est évident que ce jugement est fondé sur la foi des autres, puisqu'il est exprimé par leurs paroles et d'après leur témoignage oral et pratique.

2o L'évidence dans l'esprit est la perception claire d'une chose; or, cette perception n'est pas un motif de juger de rebus in ordine ad se, 1o parce que c'est un

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