Obrázky na stránke
PDF
ePub

XXXIII

ISAAC SCHBEDNAÏA

Le P. Kardahi (Liber thesauri, 128, 168) distingue entre Isaac et Asko Schbednaïa; il fixe la mort du premier en 1480; quant à Asko, il dit que son époque est incertaine.

Isaac et Asko sont une seule et même personne, originaire de Schebedan dans le diocèse de Zakho. Le titre de son poème sur saint Georges est dans quelques manuscrits: « Poème sur saint Georges, composé par Isaac Schbednaïa »; tandis que la clausule finale est celle-ci : « fin du poème sur saint Georges composé par Asko Schbednaïa ».

Outre son poème sur saint Georges, Isaac a encore deux autres hymnes sur l'économie divine et la croix, et sur les Rogations; cette dernière hymne a été composée en 1751 des Grecs (1440). Isaac a aussi un long poème intitulé o! Hlavino Awar

pop Poème sur l'Économie (divine) depuis le commencement jusque dans les siècles des siècles. Ce poème en vers de douze syllabes est un acrostiche divisé en trente chants, suivant les 22 lettres de l'alphabet syriaque, quelques-unes de ces lettres ayant de deux à trois chants. La rime est la même pour tous les vers d'un chant. Il traite de la Trinité, de la création, du déluge, des patriarches, des prophètes, de l'Incarnation et de la dernière résurrection.

Ce poème est très bizarre (pour ne pas dire trop bizarre); l'auteur l'a surchargé de mots grecs et d'expressions syriaques artificielles, sonnant très mal. Toutefois l'auteur a compensé de quelque manière ses graves défauts, en mettant après chaque chant de nombreuses gloses relatives à l'exégèse biblique. Les écrivains mentionnés dans ce commentaire sont: Le Diatessaron, saint Ephrem, Narsaï, Théodore de Mopsueste, Jean bar Penkayé, Mar Aba le Grand, Babaï le persan, Joseph Hazzaïa, Jésudad de Hedattha, Mar Timothée II, Emmanuel prêtre, Michaël Badoka, Babaï le Petit, Isaac de Ninive, Daniel bar Mariam, Ebedjésus de Nisibe, Jean bar Zoubi, Sabrjésus bar Paulos, Sahdona, Ahob Katraïa, Gabriel Katraïa, Thomas

d'Édesse, Théodore bar Koni, Jean disciple de Narsaï, Henanjésus patriarche, Sourin l'Interprète de Nisibe, Diodore, Évagrius, Jésu bar Noun patriarche, Babaï le Grand, Théodoret, Jean Chrysostome, Grégoire le Théologien, etc.

Cet ouvrage est conservé dans plusieurs manuscrits des bibliothèques de Séert, du couvent de Rabban Hormezd et du Patriarcat Chaldéen de Mossoul.

XXXIV

'ATAÏA BAR ATHÉLI

Je termine cette étude par 'Ataïa, fils de 'Abdo, fils de Saunan de la famille d'Athéli, qui a été assez fécond, pour son temps, par les poésies qu'il composa. Il était prêtre à Djézireh ; la date de ses poésies est indiquée par une de ses hymnes qui a été composée en 1562. Ses poésies sont : 1o Quatre hymnes sur les Rogations, sur le 1er dimanche de Noël, le 1er dimanche de l'Épiphanie et sur la Pentecôte; 2° six poèmes sur tous les dimanches et les fêtes de l'année, sur saint Eugène et tous ses disciples, sur la vie de Notre-Seigneur, sur Schmoni et ses enfants et sur Rabban Hormezd; 3° six hymnes sur les morts; 4° une proclamation (espèce de litanies) pour le IV° mercredi du carême; 5° deux courtes homélies à réciter à la fin de la messe; 6o dix chants pour les fêtes de Noël, de l'Épiphanie, de la Pentecôte, etc...

La plupart des poésies de 'Ataïa se trouvent en divers manuscrits à notre bibliothèque de Séert; quelques-unes se trouvent dans des manuscrits des bibliothèques de l'église d'Alkosche et du Patriarcat Chaldéen de Mossoul.

Addaï SCHER,

Archevêque Chaldéen de Sécrt.

LA SYRIE

A LA VEILLE DE L'USURPATION TULUNIDE

[Avant 878 (1)]

I. ORIGINE DES DIVISIONS POLITIQUES ET RELIGIEUSES
DE LA SYRIE MUSULMANE.

Quand, vers le 13 octobre 1097, après avoir achevé sa concentration sur le territoire de Mar‍aš (2), l'armée de la première croisade fut à la veille de pénétrer enfin dans la Syrie musulmane, les chefs qui la conduisaient durent avoir un moment d'appréhension. Cette formidable coalition de l'Occident chrétien, où tant de nations (3) étaient représentées, n'allait-elle pas se heurter à toutes les forces réunies de l'Orient islamisé?

(1) Pour répondre à l'invitation de M. l'abbé Nau, nous nous décidons à publier ces simples notes. Elles étaient destinées, dans leur forme primitive, à la rédaction d'une histoire de Syrie. L'histoire est encore sur le métier et n'a reçu jusqu'à ce jour qu'une demi-publicité (Cf. Echos d'Orient, 1904, p. 280, note 2). Quant au présent travail, ce n'est qu'une ébauche. Les Orientalistes de profession et les lecteurs de la Revue de l'Orient Chrétien n'ont pas besoin qu'on les en avertisse. Nous avons seulement visé à réunir dans un tableau d'ensemble et à critiquer des renseignements épars dans les sources ou dans les travaux savants déjà publiés. Un premier essai dans ce genre avait été tenté, avant 1880, par un patient érudit, le P. Martin S. J., longtemps missionnaire en Syrie (1859-1880). Son Histoire du Liban, encore manuscrite, est conservée à la Bibliothèque de l'Université catholique de Beyrouth. Elle nous a épargné bien des recherches. Nous avons trouvé aussi de précieux secours auprès des Professeurs de la Faculté Orientale de Beyrouth.

(2) Cf. R. Rohricht, Gesch. des ersten Kreuzzuges, Innsbruck, 1901, p. 105. (3) Foucher de Chartres qui les énumère (éd. Bongars, Gesta Dei per Franços, Hanovre, 1611, p. 389) ajoute : « Sed qui tot linguis divisi eramus, tanquam fratres sub dilectione Dei et proximi unanimes esse videbamur ».

a

En réalité, les croisés ne devaient trouver devant eux qu'un pays épuisé par plusieurs siècles d'anarchie. - Depuis l'époque où le califat de Bagdad avait commencé à se démembrer, les dynastes turcs ou arabes s'y étaient succédé, se poussant les uns les autres sans interruption, cohabitant parfois côte à côte dans cette Syrie accidentée, coupée de vallées et de montagnes, trop étroite pour tant d'ambitions simultanées et de races diverses, morcelée, émiettée en États minuscules, en fiefs à demi indépendants ou hostiles (1).

L'unité religieuse de la Syrie était presque aussi compromise, à l'époque des croisades, que son unité politique. Sans parler des nations chrétiennes, que ne reliait entre elles aucun lien social, et que leurs croyances, un long passé d'oppression séparaient naturellement de la ligue islamique, il y avait eu dans la fraternité musulmane des fractionnements étranges et inquiétants. Depuis la fin du Xe siècle, tour à tour, les sectes ismaéliennes avaient affleuré en terre syrienne. Elles étaient nées rapidement les unes des autres par voie de scissiparité; une fois épanouies, elles avaient presque perdu l'empreinte de leur commune origine. Ismaéliens d'ancienne date ou Carmathes, Noşairis, Fâțimites, Druses, Ismaéliens d'origine plus récente ou Assassins (2) formaient des cercles fermés, où l'on se maudissait parfois mutuellement, où l'on exécrait encore plus l'is

(1) Voici une énumération sommaire des révolutions politiques par lesquelles passe la Syrie, de 878 à 1097. En 878, comme nous le dirons, un aventurier turc Ahmed b. Tùlùn la réunit à son émirat d'Égypte et l'isole du califat. Ses successeurs garderont cet apanage jusqu'en 905. Après une courte réaction 'abbåside (905-935), un autre Turc Muhammed b. Toğj fonde à Damas la dynastie des Ikhsid (935-969). De 944 à 1003-4, la principauté d'Alep doit quelques années de splendeur artistique et guerrière à la famille arabe des B. Ḥamdân. — Puis le califat fàțimite s'étend de l'Afrique sur la Syrie où il a eu son berceau obscur. En 1023, Alep revient de nouveau au pouvoir d'une petite dynastie arabe, celle des B. Mirdàs. Enfin, depuis 1070, la grande invasion des Turcs Seljoucides atteint la Syrie, refoule les Fàtimites vers l'Égypte, et ne leur laisse que la côte phénicienne et palestinienne. D'ailleurs, aussi bien dans le camp âțimite que dans la Syrie seljoucide, divisée en sultanie de Damas (depuis 1075) et en sultanie d'Alep (depuis 1095), des fiefs se dessinent, entre lesquels le grou pement, même sous cette menace prochaine d'invasion occidentale, devient presque impossible. (Cf. Kamàl ad Din, H. Or. des Croisades, III, 606-7; Defrémery, J. A., 18531, p. 429; H. Derenbourg, Un émir syrien, 1889, p. 5 etc.).

(2) Toutes ces sectes, fort peu coraniques, ont entre elles des différences sur lesquelles nous aurons peut-être à revenir.

« PredošláPokračovať »